Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Leary a écrit :J'ai cru cerner tes préférences en consultant régulièrement ce forum. Je n'ai moi-même rien contre l'atonalité, mais toujours avec parcimonie, je dois bien te l'avouer. Cela dit, après avoir approfondi le versant plus mélodique de cette collaboration, je me laisserai sans doute tenter par Une Pure Formalité et La Sconosciuta...
Je donne peut-être l'impression de nourrir une préférence pour la musique atonale alors qu'en réalité je ne préfère pas vraiment la musique atonale à la tonale. Elles me sont très complémentaires, peuvent-elles mêmes fusionner entre elles, ce qui arrive assez souvent chez les compositeurs écrivant pour le cinéma. En fait, de manière générale, j'écoute plus souvent de la musique tonale que de la musique purement atonale. Ce qui est sûr c'est que je peux écouter une oeuvre complètement atonale et athématique derrière une oeuvre qui va être son exact contraire, sans sourciller, avec le même enthousiasme. C'est justement Ennio Morricone qui m'a amené à la musique atonale, tout comme Lalo Schifrin m'a amené au jazz. Il y a très longtemps de cela. J'avais acheté un cd qui contenait sa musique de chambre, composée aux alentours des années 50, sans savoir qu'il avait oeuvré pour le concert. A l'époque, mes connaissances classiques se limitaient à Bach et Mozart, et chez Morricone, à sa musique la plus lyrique et mélodique. J'ai donc écouté pour la première fois une oeuvre atonale et même sérielle par endroits sans savoir ce qu'était la "révolution Schönberg" ni la seconde école de Darmstadt, sans savoir ce qu'était une musique atonale et sérielle! Le cd n'a pas volé par la fenêtre car je n'ai pas été rebuté par ce qui est passé dans mes oreilles, beaucoup déconcerté au début parce que très très différent à ce dont je m'attendais, mais pas rebuté. J'ai ressenti très vite une grande rigueur d'écriture et une certaine intensité que l'on retrouve aussi dans sa musique de film, du moins dans celle que je connaissais à cette époque. Petit à petit, je me suis familiarisé à cette esthétique, ce qui m'a conduit à en connaître davantage sur la musique sérielle et atonale, à savoir que la musique atonale n'est pas systématiquement sérielle. C'est par ce cheminement que certaines partitions expérimentales de Toru Takemitsu ne m'ont pas effrayé, bien au contraire...grâce à ce cheminement que je me suis intéressé à la musique contemporaine et si, aujourd'hui, je m'éclate avec les Notations pour orchestre de Pierre Boulez, c'est en partie grâce à ce cheminement et à Ennio Morricone.

Dans la collaboration qui unit Ennio Morricone à Giuseppe Tornatore, la B.O. que j'aurais tendance à privilégier est "La Migliore Offerta", bien que je n'ai pas encore vu le film, "Malena" étant celle qui m'intéresserait le moins dans l'absolu. Bien sûr, des partitions comme "Une Pure Formalité" et "Ils vont tous bien" sont beaucoup trop différentes pour être comparées. Difficile pour moi de marquer une préférence pour l'une ou l'autre qui soit définitive. Ca va surtout dépendre de mon humeur du moment. Côté cinéma, "La Légende du pianiste de l'Océan" est mon film préféré de Tornatore, bien que la première fois que je l'ai vu, c'était à Rome, en Italien. Je n'ai pas tout compris mais j'ai adoré.
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Leary
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Oui j'avais bien compris Janus. C'est mon emploi du mot "préférence" qui n'était pas adapté.
Ce type de cheminement est assez courant je crois (sinon, c'est dommage), quand on est attaché à certains compositeurs, et qu'ils s'aventurent dans des chemins que nous n'aurions pas pensé emprunter seuls. Les suivre offre souvent de belles récompenses.
Dis-moi, j'ai lu une critique de la BO de Baaria qui explique que le premier morceau du CD (Sinfonia per Baaria, une pièce importante de 10 minutes) est gâché par l'ajout de dialogues et d'effets sonores !! Cela me refroidit un peu... Qu'en penses-tu ?
A part ça, je me suis aperçu que je connaissais la chanson "Ricordare" sans savoir qu'elle était tirée du film Une pure formalité.
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Leary a écrit :Dis-moi, j'ai lu une critique de la BO de Baaria qui explique que le premier morceau du CD (Sinfonia per Baaria, une pièce importante de 10 minutes) est gâché par l'ajout de dialogues et d'effets sonores !!
Sur la toute dernière partie (à partir de 7 minutes 10, c'est-à-dire les 3 mn 47 restantes) de cette "Sinfonia per Baaria", il y a effectivement, sur fond de cordes, l'ajout de dialogues et d'effets sonores provenant du film. Personnellement, je n'avais pas trop apprécié non plus et j'ignore si l'idée provient de Tornatore ou de Morricone. Dommage, car les sept premières minutes est ce que je préfère dans cette B.O.. Son lyrisme, l'emploi de la ciaramolla, sa grande mélancolie...Toutefois, l'adagio pour cordes réapparaît en fin de disque sans les bruitages. Il y en a une version sur Youtube de 9 minutes 21 sans les bruitages du film, sans doute un montage...On sent que ça a été coupé et remplacé par le même morceau pour cordes que l'on retrouve à la fin du disque et qui, lui, est délivré des effets sonores du film. A noter que dans la première partie de cette Sinfonia, il y a aussi une voix de type oriental/sicilien qui donne l'impression de provenir de loin, en arrière-plan...Là, en revanche, elle me file des frissons tant elle m'est viscérale, troublante. Elle s'harmonise parfaitement à la grande mélancolie du thème principal.
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Leary
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Je te remercie. Avec ces informations, je vais voir si je me laisse tenter ou non. C'est pas grand chose apparemment, mais il est vrai que ce genre d'initiative m'irrite. Si je veux de la musique noyée sous les effets sonores, je m'achète le DVD !!
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PatrickB
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Si je comprends bien, il s'agit de sélectionner l'essentiel des musiques pour Tornatore, à recomamnder. Allons-y, en complément de Janus.

En gros, deux catégories très différentes :
- Les musiques sombres, atonales ou en tout cas difficiles : le meilleur semble être La sconosciuta (parfois Hermann-esque, des passages d'une virtuosité qui ont préparé La migliore offerta, en plus lyrique et déchirant), très fort dans certains morceaux marquants qui suffisent à acheter le CD. Ensuite La migliore offerta, cité par Janus, ce qui ne m'étonne pas, mais dont la moité des morceaux me laisse froid car trop froids justement. Trop léché et élaboré, 5-6 mois de travail en tout (pour moi trop, supprimant la spontanéité)... Une pura formalità installe surtout un climat, sans me convaincre vraiment, mais la chanson est très belle, avec petit instrument caractéristique repris dans d'autres morceaux présent dans des compils)

- les musiques mélodiques, lumineuses : une bonne sélection contiendra, outre Cinema Paradiso, tout d'abord La leggenda del pianista sull'oceano. Des parties jazz très bien faites, une sentimentalité un peu naïve, et un morceau fleuve de plus de 8 mn que vous connaissez peut-être pas les concerts, puissant. Malèna est agréable de bout en bout pour tout public, elle est variée et sentimentale sans être mièvre. Le thème principal sautillant est remarquable, y compris pour contenir en contrepoint une reprise/adaptation, clin d'oeil à un classique du Maitre que je vous laisse découvrir. On voit poindre dans la partition, au-delà du coté léger, la nostalgie, le regret, une fatalité.
Baaria est formidable dans le genre écoutable part tous ou presque. C'est lyrique, joyeux et grave, Verdien, un coté "patriotique" dans le bon sens des petites gens, liés à la terre, aux traditions et la famille au sens large. Evidemment d'accord sur la coda du long morceau Sinfonia per Baaria : je coupe avant le passage cité ! Avant, quelle force ! Quel souffle, qui emporte tout, qui nous fait voir toutes les couleurs de cette Sicile... Il faut avoir entendu le son de cette ciamorella, spécialement adaptée par l'instrumentiste pour la musique du Maestro, pour sortir des sons plus graves. Comme le film (et donc le score) regorge d'inédits, ceux qui ne l'ont pas pourront attendre un expanded, qui vaudra le coup.

En-dehors de celles-ci, les autres me paraissent plus mineures, y compris Stanno tutti bene qui ressort en expanded maintenant. Bien, mais rien de renversant. Comme L'uomo delle stelle, traité de façon "abstraite" , détachée, et pas du tout sensitive comme Malèna ou Baaria.

La collaboration avec Tornatore étant extrême en tout, y compris en publicités, ils en ont fait plein ensemble, qui font partie des travaux à connaitre.
Vous trouverez les meilleures ici, présentées avec notre long article fleuve sur ce domaine, dans Maestro 5 :
(téléchargement libre sur mon googledrive de 15 musiques originales de pubs).
Pour qui aime ses musiques pour Tornatore, je vous recommande , concernant les pubs de ce réalistaeur, le Dolce Gabbana 1995 (Profumo), Nissan Elgrand pour le clin d'oeil, et surtout le long Dolce Gabbana 2013 (Dolce), sans bruit.
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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PatrickB a écrit :En-dehors de celles-ci, les autres me paraissent plus mineures, y compris Stanno tutti bene qui ressort en expanded maintenant. Bien, mais rien de renversant. Comme L'uomo delle stelle, traité de façon "abstraite" , détachée, et pas du tout sensitive comme Malèna ou Baaria.
Pas vraiment d'accord :mrgreen: et préférant très nettement STANNO TUTTI BENE et L'UOMO DELLE STELLE à, par exemple, MALENA, charmant et sensitif comme tu l'écris si bien, B.O. que j'ai d'ailleurs réécoutée il y a peu de temps, avec un certain plaisir, mais qui n'en demeure pas moins du "Morricone" un peu trop basique pour me satisfaire complètement. Certains passages des deux premiers titres me renversent davantage, bien plus élaborés d'un point de vue harmonique et surtout bien plus poétiques et oniriques à mon goût. VOCI est un sommet du genre. Un petit chef d'oeuvre de poésie et d'onirisme à lui-seul! Je l'ai toujours vénéré, celui-là. J'en adore le concept, la construction, l'aboutissement. :D Quant à UNE PURE FORMALITE, je le placerais volontiers juste derrière LA MIGLIORE OFFERTA, si vraiment je devais m'imposer un classement préférentiel, en sachant que ce classement ne pourra jamais être définitif. Car c'est Du "Morricone" atonal très travaillé et de haute volée. Le tout premier morceau, sorte d'ouverture concertante pour violon et orchestre, est magistral. Le reste est certes plus climatique et crispé, mais les orchestrations sont très élaborées et cette manière d'aboutir progressivement à la mélodie m'impressionne plus que la mélodie elle-même. Ceci-dit, je ne m'imposerai pas un classement préférentiel. C'est selon mon humeur et je peux très bien me contenter de temps en temps de son CINEMA PARADISO qui va, disons, mieux convenir aux aspirations du jour: un romantisme un peu sucré pouvant, parfois, très bien me suffire. Evidemment, j'adore LA SCONOSCIUTA malgré un cd sans doute un peu trop long, ne serait-ce que pour des morceaux comme "Rapido", excellent celui-là! LA MIGLIORE OFFERTA est une partition qui m'est mystérieuse par moment et cérébrale, mais pas du tout froide à mon oreille, plutôt jouissive...et tellement poétique...Ce dernier point est très important pour moi.
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Arnaudspell
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Bonsoir à tous.
Pour changer de sujet, je suis tombé sur la musique légère de " Al Cuore Si Comanda " qui me semble être une sorte d'hommage à ses musiques "lounge" circa 67-68 et qui me plait beaucoup.
Bien entendu, c'est introuvable et je me demandais si quelqu'un aurait une piste pour que puisse l'acheter à un prix raisonnable.
Je me suis mis à ses scores des années 2000 et je ne suis pas convaincu . Quelques écoutes sont bien sûr nécessaires encore et encore.
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Arnaudspell a écrit :Bonsoir à tous.
Pour changer de sujet, je suis tombé sur la musique légère de " Al Cuore Si Comanda " qui me semble être une sorte d'hommage à ses musiques "lounge" circa 67-68 et qui me plait beaucoup.
Bien entendu, c'est introuvable et je me demandais si quelqu'un aurait une piste pour que puisse l'acheter à un prix raisonnable.
Je me suis mis à ses scores des années 2000 et je ne suis pas convaincu . Quelques écoutes sont bien sûr nécessaires encore et encore.
A+
Et bien ce soir, j'ai réécouté CEFALONIA (2005) avec beaucoup de plaisir. Le thème principal est un hymne magnifique.
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Leary
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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PatrickB a écrit : Comme le film (et donc le score) regorge d'inédits, ceux qui ne l'ont pas pourront attendre un expanded, qui vaudra le coup.
Je crois que je vais suivre ce conseil...
PatrickB a écrit : La collaboration avec Tornatore étant extrême en tout, y compris en publicités, ils en ont fait plein ensemble, qui font partie des travaux à connaitre.
Merci pour le lien. Intéressant. J'ignorais qu'il avait mis en musique des publicités.
Janus a écrit : Et bien ce soir, j'ai réécouté CEFALONIA (2005) avec beaucoup de plaisir. Le thème principal est un hymne magnifique.
Ah, ça tombe bien, celui-ci fait partie de ma commande groupée avec La migliore offerta (sur lequel vous êtes en désaccord, ce qui aiguise mon appétit! :D )
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Arnaudspell
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Pour être un peu plus dans le sujet, je suis en train de découvrir Baaria et c'est tant mieux car je n'était pas convaincu de ses collaborations avec Tornatore jusqu'à présent mais là je me prends une claquounette comme il faut.
C'est très abordable, formidablement écrit et , surtout, beaucoup moins "illustratif" que je ne le craignais.
Il y a donc des musiques excellentes dans les années 2000 !
J'achète ! Merci à vous qui avais su me donner envie.
Bonne journée à tous.
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Arnaudspell a écrit :Pour changer de sujet, je suis tombé sur la musique légère de " Al Cuore Si Comanda " qui me semble être une sorte d'hommage à ses musiques "lounge" circa 67-68 et qui me plait beaucoup.
Cette partition datant de 2003 peut effectivement attiser la nostalgie des auditeurs, notamment chez ceux qui ont toujours manifesté une préférence pour le "Morricone" des années 60/70 car on peut voir ou considérer Al Cuore si Commanda, une collaboration familiale puisque le réalisateur est l'un de ses fils, Giovanni Morricone, comme un hommage à certaines musiques légères et quelque peu typées qu'il composa sur des comédies sentimentales ou satiriques de la dite époque. Parmi d'autres partitions des années 2000, Malena, déjà évoquée plus haut, et Lucia, peuvent, à leur façon, titiller cette nostalgie, ce regard en arrière. En revanche, le cd "Al Cuore si Commanda" doit être assez difficile à dénicher, aujourd'hui...Je ne saurais pas t'aider dans l'absolu...
Arnaudspell a écrit :Il y a donc des musiques excellentes dans les années 2000 !
Bien sûr qu'il y en a même si nous ne sommes pas toujours du même avis et si nous avons, chacun, nos préférences et nos références. Il y a de belles choses dans Baaria, mais dans sa collaboration avec Giuseppe Tornatore, ce n'est pas ce qui m'impressionne le plus. En même temps, c'est normal qu'elle plaise dans la mesure où c'est une musique très lyrique et extravertie, donc plus facile d'accès que des approches plus cérébrales et introverties comme Une Pure Formalité et La Migliore Offerta qui, à mon avis, sont des compositions, certes moins faciles d'accès mais plus abouties et plus intéressantes. Des années 60/70 aux années 2000/2010, la musique d'Ennio Morricone a subi quelques évolutions dans son style et son approche, pas de révolutions, mais une évolution distinctive - et c'est encore heureux car un compositeur qui n'évolue pas est un compositeur qui stagne et s'enferme définitivement sur ses acquis. Je ne suis pas sûr que dans les années 2000, son approche soit si illustrative que ça. Ce n'est pas l'impression que j'ai en écoutant des opus comme Vatel, Cefalonia, Lucia..., histoire de ne citer que ces quelques titres. Des partitions comme La Sconosciuta, bien qu'elles peuvent renfermer de très grandes qualités, elles aussi, sont assez rares, moins dans les années 90 lorsqu'il oeuvra notamment pour le cinéma américain, mais assez rares dans les années 2000. Sinon, si je devais m'amuser à réaliser de superbes compilations en me limitant aux années 2000; de Vatel jusqu'à aujourd'hui, j'aurais l'embarras du choix. Je pourrais en réaliser de fameuses car il y a matière.
Leary a écrit :Ah, ça tombe bien, celui-ci fait partie de ma commande groupée avec La migliore offerta (sur lequel vous êtes en désaccord, ce qui aiguise mon appétit! )
Cefalonia et La Migliore Offerta sont deux partitions très différentes. La première est plus extravertie, exacerbée, avec un langage mélodique souvent direct, bien qu'elle contienne des moments de tension dans la plus pure tradition morriconienne. La seconde exige davantage de l'auditeur dans l'absolu parce que moins ciblée sur l'émotion première, plus cérébrale, ambitieuse, introvertie, très esthétique aussi, rigoureuse, ténébreuse, mais qui sent le dépassement de soi, la perfection, et s'extirpe un peu des sentiers qu'il a lui-même battus.
PatrickB a écrit :Malèna est agréable de bout en bout pour tout public, elle est variée et sentimentale sans être mièvre. Le thème principal sautillant est remarquable
Tu as tout-à-fait raison sur ce point et c'est une musique facile d'accès que j'aurais moi-même plaisir à écouter au petit déjeuner, alors que, par exemple, Une Pure Formalité ou La Migliore Offerta, pour prendre un exemple opposé, ce n'est pas une musique que je vais écouter n'importe où, n'importe quand, et encore moins en faisant autre chose en même temps. Donc, moi aussi, tout compte fait, j'aurais tendance à écouter plus Souvent Malena dans la mesure où les deux autres, de forme plus élitiste il est vrai, exigent une attention plus privilégiée, plus exclusive et engagée, c'est d'ailleurs ce qui fait la différence entre une partition agréable et une partition intéressante. ;)
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Leary
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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:? Je n'aurais pt'être pas dû enchaîner Southpaw avec La Migliore offerta... J'ai besoin d'un peu de réconfort là ! Va me falloir un peu de The Land before time ou de Cinema Paradiso pour continuer! :lol:
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BarryTheBest
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par BarryTheBest »

La BA du nouveau film de C.Carion avec la musique (?) de Morricone >>>
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Leary a écrit ::? Je n'aurais pt'être pas dû enchaîner Southpaw avec La Migliore offerta... J'ai besoin d'un peu de réconfort là ! Va me falloir un peu de The Land before time ou de Cinema Paradiso pour continuer! :lol:
Je ne connais pas Southpaw, mais si c'est du genre sombre et cérébral, effectivement, c'est un peu trop d'un coup. De toute façon, je n'écoute jamais deux B.O. de suite et j'alterne souvent: C'est-à-dire que si j'écoute The Thing (Morricone), il ne me viendra jamais l'idée d'écouter Alien (Goldsmith) juste derrière! :lol: Pareil dans le sens inverse. Non, derrière Alien ou The Thing, je serais pltôt tenté de ne rien écouter ou alors de changer d'horizon. j'aurais certainement envie d'aller vers des choses plus optimistes, en partant du principe que je reste dans le domaine de la B.O., genre René la canne (Morricone) ou Créatures féroces (Goldsmith). Il faut varier les plaisirs, Leary. :mrgreen: Pour La Migliore Offerta, réécoute-là lorsque tu auras réellement envie d'écouter une musique dramatique, sévère et un peu introvertie. De toute façon, c'est une musique qui ne se livre pas complètement à la première écoute et répond idéalement à la doctrine de Brahms. Tu sais, en général, j'ai personnellement une prédilection pour les approches musicales assez intellectuelles, introverties et recherchées. Ce n'est pas PatrickB qui dira le contraire! :mrgreen: C'est très probablement dans ma nature. Ma musique préférée de John Williams est Images, mais quand il m'arrive d'avoir un goût plus proche du commun des mortels :lol: , je reconnais volontiers que c'est plus rare, de vouloir, par exemple, écouter du symphonique enlevé et extraverti, et bien je vais plus chercher du John Williams comme E.T. ou Les cendres d'Angela, par exemple, du Piovani comme La vie est belle ou le Morricone de Stanno Tutti Bene ou de Padre Pio. J'essaie aussi de ne pas trop m'écouter non plus parce que sinon j'aurais tendance à n'écouter que des musiques sombres et sévères, ou profondément mélancoliques, comme ce fut un peu le cas à une époque. Pourtant, dans la vie, je suis plutôt un joyeux luron qui aime la vie et aime rire. Ca me fait penser à Pierre Jansen qui, paraît-il, est aussi un joyeux luron dans la vie, un grand plaisantin, et qui compose généralement des partitions très très sombres et cérébrales. Il y a bien eu durant sa carrière, surtout chabrolesque, deux musiques écrites dans un esprit beaucoup plus léger - sans doute un accident de parcours - seulement il les renie, l'animal! :lol: C'est d'ailleurs ce qu'il reproche à Morricone et Cosma; d'avoir composé trop de musiques légères et sucrées. Il y a un autre compositeur italien, pointure du contemporain paraît-il, qui a reproché à Morricone d'être trop souvent mélodique et tonal et d'avoir trop gaspillé son énorme talent pour le cinéma, mais j'ai oublié son nom. J'ai oublié aussi le nom de celui qui avait dit ici (ou ailleurs) qu'il avait trop composé de musiques atonales. :lol: Personnellement, je m'éclate aujourd'hui autant avec Le Trio infernal qu'avec Le Syndrome de Stendhal, autant avec Questa specie d'amore qu'avec Un coin tranquille à la campagne et je ne vois vraiment pas où est le problème. Je trouve ça génial de savoir que s'est sorti d'un même cerveau et que deux musiques aussi différentes arrivent à me procurer autant de plaisir. :D
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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BarryTheBest a écrit :La BA du nouveau film de C.Carion avec la musique (?) de Morricone >>>
Sans aucun doute, c'est bien de lui, sa veine la plus classique et romantique, la plus prévisible aussi. Encore un film sur la seconde guerre mondiale qui se rajoute à sa longue liste.
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Leary
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Janus a écrit : Ma musique préférée de John Williams est Images
:D Et bien-sûr, j'imagine que ce ne sont pas les pistes 1, 3 et 8 qui ont ta préférence ?! :mrgreen:
Janus a écrit : C'est d'ailleurs ce qu'il reproche à Morricone et Cosma; d'avoir composé trop de musiques légères et sucrées. Il y a un autre compositeur italien, pointure du contemporain paraît-il, qui a reproché à Morricone d'être trop souvent mélodique et tonal et d'avoir trop gaspillé son énorme talent pour le cinéma, mais j'ai oublié son nom. J'ai oublié aussi le nom de celui qui avait dit ici (ou ailleurs) qu'il avait trop composé de musiques atonales. :lol: Personnellement, je m'éclate aujourd'hui autant avec Le Trio infernal qu'avec Le Syndrome de Stendhal, autant avec Questa specie d'amore qu'avec Un coin tranquille à la campagne et je ne vois vraiment pas où est le problème. Je trouve ça génial de savoir que s'est sorti d'un même cerveau et que deux musiques aussi différentes arrivent à me procurer autant de plaisir. :D
Tu as raison, il faut savoir varier les plaisirs, et je me méfie des compositeurs qui se bornent dans un seul style en critiquant les autres, enjoignant de faire ci ou ça. L'avant-gardisme de certains s'est transformé en conservatisme. Il n'est pas moins glorieux ou plus aisé de composer de la musique tonale (surtout qu'elle s'est depuis enrichie des experiences de la musique "moderne"). En vérité, ces compositeurs bornés en sont-ils seulement capables? Car cela nécessite d'autres aptitudes. D'ailleurs une musique mélodique, qui touche au cœur, n'en est pas forcément moins cérébrale. Je n'aime pas trop cette distinction.
Cela dit, ne t'inquiète pas, je n'abandonnerai pas La Migliore Offerta! Même si je dois avouer qu'une nouvelle fournée est arrivée aujourd'hui (je fais le plein en ce moment). La Dame aux Camélias (celle de Bolognini) en fait partie, et ce romantisme, bien que ténébreux, me sied davantage pour l'instant. La mélodie principale piano/cordes : [love] . J'ai juste un peu plus de mal avec le chant de "Petite créature" (heureusement l'édition propose une version instrumentale en bonus), et la musique orientale de "Fumeria d'oppio" (qui me casse les oreilles sur ses 6 minutes de durée...).
Janus a écrit :
BarryTheBest a écrit :La BA du nouveau film de C.Carion avec la musique (?) de Morricone >>>
Sans aucun doute, c'est bien de lui, sa veine la plus classique et romantique, la plus prévisible aussi. Encore un film sur la seconde guerre mondiale qui se rajoute à sa longue liste.
Je serai très heureux de découvrir ce nouveau Morricone. Mais quelqu'un sait ce qui s'est passé avec Philippe Rombi après Joyeux Noel ???
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Leary a écrit :Tu as raison, il faut savoir varier les plaisirs, et je me méfie des compositeurs qui se bornent dans un seul style en critiquant les autres, enjoignant de faire ci ou ça. L'avant-gardisme de certains s'est transformé en conservatisme. Il n'est pas moins glorieux ou plus aisé de composer de la musique tonale (surtout qu'elle s'est depuis enrichie des experiences de la musique "moderne"). En vérité, ces compositeurs bornés en sont-ils seulement capables?
Oui, techniquement, ils en sont capables. Pierre Jansen ne faisait pas référence à la musique tonale proprement dite et est techniquement capable de composer de la musique légère comme Vladimir Cosma ou Ennio Morricone (à un degré moindre) ont pu en composer sur une satire ou une comédie. La seule différence est que Jansen réprouve ce genre de musique. Il a même confié à une connaissance qu'il n'avait pas le talent d'un Ennio Morricone pour ce genre de chose. La réalité est selon moi plus une question de principe, voire d'étique, que de talent. Si Jansen n'aime pas la musique légère et qu'il ne prend aucun plaisir à en écrire, il a bien raison de ne pas en composer. Que pourrait-il faire de bon dans ces conditions? Cela me renvoie à une autre anecdote concernant un compositeur belge qui a reconnu avoir écrit de la musique sérielle (donc atonale) à contre-coeur ou sans en éprouver le moindre plaisir. J'ai eu l'opportunité d'en écouter quelques-unes et ce n'était franchement pas terrible! Sa musique tonale est déjà meilleure et je ne dis pas ça parce qu'elle est tonale...A côté de cela, je trouve que Pierre Boulez et Jean Barraqué, pour ne citer que ces deux exemples qui sont réputés pour une certaine radicalité et intransigeance, ont composé de temps à autres une musique atonale de grande qualité. Déjà parce que j'y sens de la passion et même de la conviction: nul besoin d'avoir fait les conservatoires pour ressentir ce genre de chose: c'est dans la musique! Et pour en revenir à la musique légère, contrairement à Pierre Jansen, Ennio Morricone et Vladimir Cosma ont pris un réel plaisir à en composer. Je le ressens avec tellement de force dans des titres comme René la cannne, Le Casse, Metti una sera a cena, I Malamondo et autres...Mon pragmatisme m'a toujours soufflé à l'oreille que l'on ne peut pas écrire de la bonne musique à contre-coeur, et cela qu'elle soit tonale ou atonale. Lorsque j'écoute, en général, une oeuvre atonale d'Ennio Morricone, qu'elle fut imaginée pour le cinéma ou le concert, je ressens tout le plaisir et la passion que le compositeur a eu à l'écrire. Tout cela émerge justement d'une partition aussi aboutie que La Migliore Offerta. Mais je pourrais très bien faire la même observation sur son oeuvre plus tonale et mélodique; Marco Polo, Il était une fois en Amérique, Le clan des Siciliens, etc...
Leary a écrit :D'ailleurs une musique mélodique, qui touche au cœur, n'en est pas forcément moins cérébrale. Je n'aime pas trop cette distinction.
Tu as parfaitement raison, d'ailleurs, La Migliore Offerta est une partition plus souvent tonale qu'atonale, même très mélodique par moment. En même temps, il s'agit d'une musique assez cérébrale. C'est aussi de cette façon que je qualifierais certains passages tonals de Stanno Tutti Bene que j'aime beaucoup et le "VOCI" que j'évoquais plus haut et qui provient de L'Uomo Delle Stelle. Voilà le parfait exemple d'une musique tonale cérébrale que je qualifierais aussi d'onirique et de poétique. En revanche, Malena n'est pas du tout à mon sens une musique que je qualifierais de cérébrale mais plutôt de sensuelle. Et ce n'est pas une critique mais une simple observation. Elle correspond en tout point au film que je connais d'ailleurs très bien puisque je le possède en DVD. Bien qu'elle soit très agréable à écouter sur cd, elle ne m'émeut pas autant qu'un Stanno Tutti Bene qui m'est beaucoup plus poignant et profond...d'une profonde mélancolie, tout comme L'Uomo delle Stelle. Il y a des morceaux dans ces deux opus qui me font fondre.

Pour la musique contemporaine - là je parle en général - elle est surtout considérée comme intellectuelle...trop intellectuelle...diront ses détracteurs, ce qui n'est pas exactement pareil que "cérébral" dans mon esprit. D'autre part, la musique atonale ne m'est pas systématiquement cérébrale. Prenons l'exemple de "RAPIDO" provenant de La Sconosciuta ou "CHASE" dans Wolf: ces morceaux ne me sont pas du tout cérébraux. Ils me sont physiques, principalement physiques.
Leary a écrit :J'ai juste un peu plus de mal avec le chant de "Petite créature
La voix est particulière et je comprends que l'on aime pas. Personnellement, je l'aime beaucoup et j'aime surtout la mélodie.
Leary a écrit :et la musique orientale de "Fumeria d'oppio" (qui me casse les oreilles sur ses 6 minutes de durée...).
Ayant une très bonne culture européenne de la musique de film, je peux te dire que ce genre de chose arrive souvent, notamment dans la B.O. italienne. C'est ce que j'appelle des musiques de circonstance. Parfois, elle est écrite par le compositeur de la B.O., parfois non. Ca peut être un morceau d'ambiance dans un bar ou hall d'hôtel, une chanson, un rock, un morceau folklorique, etc...Ce qui me dérange avec ce "FUMERIA D'OPPIO", tiré de La Dame Aux Camélias de Bolognini, ce n'est pas le morceau lui-même qui, à vrai dire, ne me fait ni du bien ni du mal, en soi, mais c'est davantage parce qu'il brise le son global de cette somptueuse partition. Emotionnellement pris par la beauté de cette musique, romantique et ténébreuse, on n'a pas envie d'aller dans cette fumerie d'opium et encore moins d'y rester 6 minutes! :lol: Sinon, voilà un sujet qui a beaucoup inspiré Ennio Morricone puisqu'il récidivera avec la version muette. Il en ressort une partition où là encore le piano semble dominer, mais, cette fois, dans une forme très différente, finalement...plus cérébrale, moins classique et donc plus contemporaine...Mais, rassurez-vous, je ne la préfère quand même pas à la précédente...Disons que je l'aime presque autant mais pas forcément pour les mêmes raisons. :mrgreen:
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Leary
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Qu'ils en soient capables techniquement est une chose. Je parlais bien de talent et d'inspiration. Après effectivement, chacun utilise le langage musical qu'il veut en fonction de ses envies. Ce qui est détestable, c'est le regard hautain d'une certaine frange des "modernes" (qualification désormais incongrue tant elle s'est figée dans le conservatisme). Car s'il s'agit de composer uniquement de la musique atonale par principe (je dirais même par dogmatisme), alors je pense qu'il s'agit d'une impasse dans laquelle la musique ne peut plus évoluer et en devient fatalement stérile. Cela rejoint une discussion récente que vous avez eu je crois avec Yuhira, sur le retour en grâce de la musique tonale.
Janus a écrit :Ce qui me dérange avec ce "FUMERIA D'OPPIO", tiré de La Dame Aux Camélias de Bolognini, ce n'est pas le morceau lui-même qui, à vrai dire, ne me fait ni du bien ni du mal, en soi, mais c'est davantage parce qu'il brise le son global de cette somptueuse partition. Emotionnellement pris par la beauté de cette musique, romantique et ténébreuse, on n'a pas envie d'aller dans cette fumerie d'opium et encore moins d'y rester 6 minutes! :
Voilà, c'est exactement ça ! :D
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Leary a écrit :Je parlais bien de talent et d'inspiration
J'entends bien mais le talent et l'inspiration peuvent difficilement s'émanciper dans quelque-chose que l'on a pas envie de faire ou que l'on ne ferait uniquement pour l'argent ou par principe.
Leary a écrit :Après chacun utilise le langage musical qu'il veut en fonction de ses envies.
C'était bien mon propos lors de mon échange avec Yuhirà. Si un jeune compositeur d'aujourd'hui souhaite composer une musique bien tonale et mélodieuse, qu'il le fasse! Mais si, en revanche, un autre jeune compositeur a envie de poursuivre dans le même sillon qu'un Maurice Ohana ou qu'un Luigi Nono, par exemple, il doit aussi pouvoir le faire sans être forcément catalogué de snob ou de téméraire. J'ai toujours pensé qu'il y avait encore beaucoup à dire dans la tonalité, et d'ailleurs, contrairement aux idées reçues, beaucoup de compositeurs contemporains ne l'ont jamais abandonnée ou y sont très vite revenus. Si je devais en faire une liste, elle serait longue, même en se limitant à la France. Parallèlement, je pense qu'il y a encore beaucoup à dire dans le domaine de l'atonalité, sans avoir nécessairement la volonté extrême d'une révolution à tout prix. Dans les années cinquante, il était, par exemple, logique et heureux que les compositeurs les plus aventuriers aient voulu explorer un nouveau territoire si peu défriché que représentait à leurs oreilles le "sériel". C'était sûrment plus stimulant pour eux, si on tient compte de leur caractère et inspiration, que de continuer dans une musique tonale qui avait du mal à se renouveler ou, du moins, en donnait l'impression. Je ne sais pas encore si la musique savante du XXème siècle deviendra une parenthèse dans l'histoire de la musique, cependant, elle n'en demeure pas moins, en tout cas pour moi, l'une de ses pages les plus fascinantes, celle qui gagne finalement ma préférence avec le Baroque.
Leary a écrit : Car s'il s'agit de composer uniquement de la musique atonale par principe (je dirais même par dogmatisme), alors je pense qu'il s'agit d'une impasse dans laquelle la musique ne peut plus évoluer et en devient fatalement stérile.
Dans ces conditions, il en irait de même pour la musique tonale. Tout diktat est mauvais pour la musique et l'art en général. Même un compositeur comme Ennio Morricone qui, pour le concert, a pu composer une musique atonale sans concession, n'a jamais vraiment abandonner la tonalité. C'est l'oeuvre ou le contexte de celle-ci qui va permettre à son auteur d'opter entre une approche atonale ou tonale, parce qu'il a toujours eu conscience de leur complémentarité, parce qu'il utilise tous les outils qui sont à sa disposition, et cela depuis plusieurs siècles jusqu'à aujourd'hui.
Leary a écrit :Cela rejoint une discussion récente que vous avez eu je crois avec Yuhira, sur le retour en grâce de la musique tonale.
Sauf que la musique tonale n'a jamais disparu du panorama contemporain, surtout que celui-ci ne s'est jamais limité à la France ni à la vieille Europe. Si on regarde un peu plus loin que l'arbre qui cache la forêt, partout dans le monde, on s'aperçoit que la musique tonale a toujours été là, bien présente au sein d'un grand nombre de créations contemporaines. Il y a des compositeurs qui ont d'ailleurs créé dans les deux domaines, pouvant, un "jour", composer une oeuvre atonale, un autre "jour", une oeuvre tonale. Ce que je ne souhaite surtout pas, c'est qu'un diktat soit remplacé par un autre diktat et qu'aucun compositeur n'ait à composer une musique tonale ou atonale par principe ou par opposition...
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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On va gagner du temps alors, à la fois parce que le boulot est en train de me crever cette semaine, mais surtout parce qu'on est d'accord. :D
C'est pour ça que je parlais bien d'une "frange" de la musique contemporaine qui semble faire du surplace, engoncée dans ses principes, dont elle se figure qu'ils sont supérieurs. Cela ne s'étend pas à la terre entière heureusement. Et lorsque je faisais allusion au retour en grâce de la musique tonale évoqué par Yuhirà, j'aurais dû ajouter : retour en grâce "institutionnel".
Je crois que la musique "moderne" aura été une étape importante, dont les expériences permettent d'enrichir l'écriture des musiciens actuels, au même titre que tous les courants précédents. Morricone et d'autres font ça très bien. C'est ainsi que la musique évolue dans le bon sens.
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Oui, voilà, nous nous sommes parfaitement compris. :D Et bon courage pour ton travail. Pour moi aussi, ce fut une semaine difficile. [dead]

J'ai cependant pris le temps d'écouter pas mal de choses; Padre Pio, Galileo (version longue), Il Cuore nel Pozzo, Stanno Tutti Bene, L'Uomo delle Stelle, La Villa del Venerdi, Pane e Liberta, d'Ennio Morricone, plusieurs cantates de J. S. Bach que je ne connaissais pas encore et deux messes que je connaissais en revanche très bien. Les journées ne sont décidément pas assez longues! :roll:
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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ça c'est sûr, mais il faut quand-même arriver à trouver, comme tu le fais, un peu de temps pour la musique... toujours !
"Sans musique, la vie serait une erreur", c'est la citation de Nietzsche je crois. Pour ma part, il me reste Cefalonia, que je n'ai pas encore déballé...
Merci, bon courage à toi aussi et tous les autres travailleurs qui n'ont pas la chance d'être sur la plage en train de lézarder ! ;)
Rodolphe738
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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La chanson (se telefonando) interpréter initialement par Mina dans le milieu des années 60 et que l’on peux entendre dans « Tutte le donne della mia vita” n’est pas un réarrangement de la voix de Mina sur une nouvelle orchestration. la chanteuse n’est pas credité sur la jaquette du CD. ;)
Rodolphe738
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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« tutte le donne della mia vita » dans la même veine : Lucia et bien sur (Piazza Di Spagna) un incontournable des années 90 période Italienne.
Le titre « Armida e Ginevra » est un vrais régal. 8-)





;)
Rodolphe738
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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« Missa Papae Francisci » le 10 Juin dernier a Rome 38 composition en l’honneur du Pape François.
Sur le tube pour le moment……. ;)

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