Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Il s'agit d'un concert de sa musique de film très réussi qui débute par une oeuvre qui lui fut commandée par RICCARDO MUTI.
La première en Italie obtint un grand succès. Elle fut jouée à l'O.N.U.,aux U.S.A.,lorsque MORRICONE y fut l'invité d'honneur.
Comme sur ce disque,elle fut l'oeuvre d'ouverture.
Conditionnée par l'attentat du 11 sept. et écrite au nom de toutes les victimes innocentes dans le monde,elle commence dans un climat atonal,âpre et violent,un climat qui enfle,s'intensifie,s'enrichit des chants et des danses pré-enregistrées ainsi que d'une courte narration. A ce moment-là,elle touche même un paroxysme dans l'intensité et la dépression...elle devient presque éprouvante et m'évoque certains aspects de sa composition pour L'EXORCISTE II. Ce sont ces moments de grande intensité et de "folie atonale" qui me fascinent le plus souvent dans sa musique dite intellectuelle,sans doute parce qu'il y a une dimension psychologique et humaine qui la rend moins mathématique et austère qu'elle pourrait l'être. Cependant,cette oeuvre redevient progressivement tonale et finit par inspirer le recueillement et le souvenir par quelques notes qui conduisent à MISSION de ROLAND JOFFE. A noter aussi une superbe écriture des choeurs.
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Lee Van Cleef
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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C'est Janus qui ne doit plus se tenir de joie ! Après les gens de Saimel, encore traumatisés par la radicalité de l'expérience, voici que GDM s'aventure à son tour dans les contrées les plus arides et torturées de la carrière du Maestro en éditant Un Tranquillo Posto di Campagna. Cet album est, si je ne m'abuse, identique au précédent, à moins qu'il ne soit parvenu à exhumer quelques pistes toujours plus étranges et discordantes. Mais peut-être s'agit-il en réalité d'un signe, d'un appel du destin me chuchotant au creux de l'oreille que le temps est finalement venu de me risquer à une seconde écoute, ce à quoi je n'ai jamais pu me résoudre depuis ma découverte presque horrifiée, il y a quelques années, de ce score éprouvant.
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Hellboy
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Janus a écrit :Il s'agit d'un concert de sa musique de film très réussi qui débute par une oeuvre qui lui fut commandée par RICCARDO MUTI.
La première en Italie obtint un grand succès. Elle fut jouée à l'O.N.U.,aux U.S.A.,lorsque MORRICONE y fut l'invité d'honneur.
Comme sur ce disque,elle fut l'oeuvre d'ouverture.
Conditionnée par l'attentat du 11 sept. et écrite au nom de toutes les victimes innocentes dans le monde,elle commence dans un climat atonal,âpre et violent,un climat qui enfle,s'intensifie,s'enrichit des chants et des danses pré-enregistrées ainsi que d'une courte narration. A ce moment-là,elle touche même un paroxysme dans l'intensité et la dépression...elle devient presque éprouvante et m'évoque certains aspects de sa composition pour L'EXORCISTE II. Ce sont ces moments de grande intensité et de "folie atonale" qui me fascinent le plus souvent dans sa musique dite intellectuelle,sans doute parce qu'il y a une dimension psychologique et humaine qui la rend moins mathématique et austère qu'elle pourrait l'être. Cependant,cette oeuvre redevient progressivement tonale et finit par inspirer le recueillement et le souvenir par quelques notes qui conduisent à MISSION de ROLAND JOFFE. A noter aussi une superbe écriture des choeurs.
Merci pour ta réponse. Je vais peut-être le garder, alors...
}-)
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Lee Van Cleef a écrit :C'est Janus qui ne doit plus se tenir de joie ! Après les gens de Saimel, encore traumatisés par la radicalité de l'expérience, voici que GDM s'aventure à son tour dans les contrées les plus arides et torturées de la carrière du Maestro en éditant Un Tranquillo Posto di Campagna. Cet album est, si je ne m'abuse, identique au précédent, à moins qu'il ne soit parvenu à exhumer quelques pistes toujours plus étranges et discordantes. Mais peut-être s'agit-il en réalité d'un signe, d'un appel du destin me chuchotant au creux de l'oreille que le temps est finalement venu de me risquer à une seconde écoute, ce à quoi je n'ai jamais pu me résoudre depuis ma découverte presque horrifiée, il y a quelques années, de ce score éprouvant.
Mon cher Lee,aurais-tu même du mal avec la suite de 34 mn 39 qui clôt le cd,pourtant bien plus enlevée et dynamique que
les thèmes qui précèdent et qui sont d'un genre plus austère et statique?
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Lee Van Cleef
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Janus a écrit :Mon cher Lee,aurais-tu même du mal avec la suite de 34 mn 39 qui clôt le cd,pourtant bien plus enlevée et dynamique que
les thèmes qui précèdent et qui sont d'un genre plus austère et statique?
Pfff, je ne sais pas, je ne sais vraiment plus... "Eh bien, c'est le moment où jamais de rafraîchir ta mémoire en écoutant le monstre à nouveau, non ? " pourrais-tu me suggérer, tout sourire. Mais ce serait une terrible erreur, mon cher Janus. Car en vérité, je ne suis pas encore prêt à m'infliger une fois de plus le concert de grincements stridents échafaudé par le démoniaque Morricone. Non, non, je ne suis pas prêt...
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DarkCat
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Bon, comme je sais que ce topic regorge de spécialistes en morriconologie, je vais tenter une question.

Ennio est "l'inventeur" (les guillemets sont importants ;) ) d'un genre, qui a fait bien des émules, à savoir la musique de westerns spaghettis. Mais est-ce une vraie "création" (les guillemets sont toujours aussi importants), ou s'est-il inspiré d'un patchworks d'éléments divers ayant déjà été utilisés avant. Dans un premier temps, je parle évidemment dans la musique de films (avec des exemples si possible), mais aussi dans la musique savante ou populaire. En gros, où a-t-il puisé son inspiration ?
J'espère que ma demande est assez clair... :D
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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DarkCat a écrit :Bon, comme je sais que ce topic regorge de spécialistes en morriconologie, je vais tenter une question.

Ennio est "l'inventeur" (les guillemets sont importants ;) ) d'un genre, qui a fait bien des émules, à savoir la musique de westerns spaghettis. Mais est-ce une vraie "création" (les guillemets sont toujours aussi importants), ou s'est-il inspiré d'un patchworks d'éléments divers ayant déjà été utilisés avant. Dans un premier temps, je parle évidemment dans la musique de films (avec des exemples si possible), mais aussi dans la musique savante ou populaire. En gros, où a-t-il puisé son inspiration ?
J'espère que ma demande est assez clair... :D
Comme tu le dis,toi-même,les guillemets sont importants lorsque l'on parle d'"inventeur" et de "création" dans le domaine de la composition musicale et artistique,en général. Pour ce qui est de ses compositions pour le western qui démarrèrent "véritablement" avec SERGIO LEONE...je dis "véritablement" (et avec guillemets ;) ) car il avait déjà musicalisé un peu platement et de façon plus impersonnelle un ou deux westerns avant POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS...elles furent conditionnées par l'ambition d'un réalisateur à vouloir révolutionner ou tout au moins renouveler un genre qui prenait la poussière. On peut dire que,dans cette optique,MORRICONE a apporté une réelle fraîcheur à la musique de western et,plus globalement,à la musique de cinéma. Ce n'est pas quelque chose qui s'est fait brutalement mais progressivement.Pour le générique du premier western en collaboration avec LEONE,on notera un point qui a son importance: Seul le thème sifflé est une composition originale,l'accompagnement orchestral et atypique provenant d'une chanson antérieure que MORRICONE avait écrite et orchestrée. Il a repris cet accompagnement qui avait séduit le grand SERGIO,sur lequel il a plaqué cette fameuse mélodie sifflée. Et c'est devenu le générique de POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS.

Beaucoup de ses idées d'arrangements et d'orchestrations qui étonnèrent au cinéma durant les années soixante/soixante dix,proviennent de l'époque où il était arrangeur et orchestrateur à la RAI,époque (50/60) où il était encore à la mode pour les chanteurs de variété de s'accompagner d'un orchestre. Ce fut une excellente école pour MORRICONE,issu de la musique dite savante,qui expérimenta déjà des choses dans le domaine de la musique dite légère,essaya des idées dans l'utilisation de la voix,par exemple,et autres qu'il renouvèlera et concrétisera pour le cinéma. Pour ce dernier,on peut dire que sa musique a surtout oscillé entre "musique savante" et "musique populaire" et que sa musique de western (mais pas seulement) en est une merveilleuse synthèse.

C'est évident qu'il a mis beaucoup de lui dans ses musiques,mais dire que MORRICONE est un inventeur? Non! Je me contenterai de dire qu'il est (ou fut) un compositeur très inventif,plus un ré-inventeur qu'un inventeur,plus souvent récréateur que créateur de quelque chose qui n'a jamais été fait avant. En même temps,à l'écoute d'une partition comme
LA CLASSE OUVRIERE VA AU PARADIS,pour ne citer que cet exemple,j'ai un peu cette impression de détenir là un objet unique,en tout cas un objet qui ne court pas les rues! Mais bon...Une personnalité musicale forte et opportuniste de génie (dans le bon sens du terme),sans aucun doute. Ses influences proviennent autant de la musique classique et contemporaine que populaire et même de la musique arabe par laquelle il reconnait avoir été pas mal influencé aussi. Maintenant,je ne citerai aucun nom en dehors de ceux qu'il a toujours cités comme références absolues: BACH,STRAVINSKY,NONO. Laissons à son oeuvre sa part de mystère,si tu le veux bien. ;)
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DarkCat
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Merci pour toutes ces informations vraiment très intéressantes, Janus. :D

Sais-tu si d'autres compositeurs italiens ont eu une démarche allant dans le même sens ou dans un sens différent que Morricone au début des années 60, concernant justement le renouvellement de la musique de western ? A te lire, il semble bel et bien, que la rencontre avec Leone ait été déterminante, et que sans celle-ci, Morricone n'aurait peut-être pas poussé plus avant dans le renouvellement westernesque.
Et si à la place d'Ennio, Sergio Leone avait rencontré Chuck Cirino... :lol:
Janus a écrit :je dis "véritablement" (et avec guillemets ;) ) car il avait déjà musicalisé un peu platement et de façon plus impersonnelle un ou deux westerns avant POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS...
Tu aurais des titres ? Peut-être Duello nel Texas ("Duel au Texas" / "Gunfight and red sands") en 1963 :?:
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Julien
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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A propos de ces westerns, il me semble que Leone les avait entendus et avait dit à Morricone que c'était de la merde. Ce à quoi Morricone lui avait répondu qu'il avait raison. Peut-être que Janus pourrait confirmer de quelle musique en particulier il s'agissait.
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Janus »

Julien a écrit :A propos de ces westerns, il me semble que Leone les avait entendus et avait dit à Morricone que c'était de la merde. Ce à quoi Morricone lui avait répondu qu'il avait raison. Peut-être que Janus pourrait confirmer de quelle musique en particulier il s'agissait.
Lors de sa première rencontre avec MORRICONE,LEONE l'avait prévenu qu'il n'avait pas du tout aimé sa musique pour...soit
DUEL AU TEXAS...soit LE PISTOLE NON DISCUTONO composé la même année (1964) que POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS, mais sans doute avant...Je pense qu'il a dû écouter le générique chanté et qu'il a dit à MORRICONE qu'il n'aimait pas du tout et ce dernier de lui répondre qu'il n'aimait pas non plus mais qu'il avait seulement composé ce qu'on avait exigé de lui. LEONE ne voulait pas d'une vague imitation de musique américaine pour son film,voulait quelque chose de différent. Je suppose que la discussion entre les deux hommes a amené MORRICONE à lui faire écouter une chanson qu'il avait écrite antérieurement et LEONE,en écoutant l'accompagnement,s'esclama: << C'est ça que je veux!>> Sur cet accompagnement,Le compositeur superposa son thème sifflé et il faut dire que le résultat a une autre allure que le générique de DUEL AU TEXAS! :lol: On peut alors supposer que si LEONE n'était pas tombé sur cette chanson avec cet accompagnement,LAVAGNINO aurait été de la partie.

Mais,tu as raison,Dark Cat,la rencontre avec LEONE fut déterminante,non pas que le réalisateur fut à l'origine du génie
musical de MORRICONE...ce serait absurde de le penser...mais il stimula celui-ci de par ses exigences et par l'espace qu'il
laissait à la musique dans ses films. Ce qui fut déjà déterminant c'est d'être tombé sur un réalisateur qui,au lieu de lui exiger
une musique à la "Tiomkin",a voulu une approche originale pour son western et puisqu'il est tombé sur un compositeur
réellement original et talentueux,(sans quoi rien n'aurait pu être possible,en tout cas pas avec ce résultat) la demande pu être exaucée et la magie put donc opérer. Dans ces conditions,on peut dire que le renouvèlement de la musique de western s'est effectué avec le renouvèlement du genre,ce qui n'aurait pas été concevable autrement. Après POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS,en Italie,tous voulurent faire ce genre de western avec la musique de MORRICONE. Le Western Spaghetti était né.

Sa première rencontre,plus tard,avec PIER PAOLO PASOLINI aurait pu elle aussi tourner court. Le grand poète-réalisateur
demanda à MORRICONE de lui écrire une musique dans la veine de TCHAIKOVSKY,et le compositeur de lui répondre: << Si
vous voulez du TCHAIKOVSKY,embauchez TCHAIKOVSKY,moi,mon métier c'est compositeur.>> :lol: Après un grand silence, PASOLINI rappela MORRICONE pour lui dire d'écrire la musique qu'il voulait pour son film. Une nouvelle collaboration naquit.
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DarkCat
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Janus a écrit :DUEL AU TEXAS
Que ce score ne convienne pas à Leone, qui semblait chercher du nouveau, je peux le comprendre.
Mais cette musique est tout de même vraiment trés sympa, et loin de l'idée que je me fais d'une bouse: Extrait 1, Extrait 2 et Extrait 3 (chanson à la fin). 8-)
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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DarkCat a écrit :
Janus a écrit :DUEL AU TEXAS
Que ce score ne convienne pas à Leone, qui semblait chercher du nouveau, je peux le comprendre.
Mais cette musique est tout de même vraiment trés sympa, et loin de l'idée que je me fais d'une bouse: Extrait 1, Extrait 2 et Extrait 3 (chanson à la fin). 8-)
Alors,tu risques d'aimer aussi LE PISTOLE NON DISCUTONO. :D
DarkCat a écrit :Et si à la place d'Ennio, Sergio Leone avait rencontré Chuck Cirino...
Je ne connais pas ce CHUCK CIRINO. Ce que je sais,en revanche,c'est qu'un réalisateur,aussi formidable soit-il,ne peut
métamorphoser un tâcheron en génie. Il peut juste permettre l'émancipation du génie d'un compositeur qui en a. ;)
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Lee Van Cleef
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Janus a écrit :Il va bientôt sortir L'AVVENTURIERO avec des plages inédites. C'est un "Morricone" symphonique,épique,lyrique et généreux en thèmes. Si tu as l'occasion d'écouter,n'hésite surtout pas car,logiquement,il devrait te plaire. Il y a,par exemple,un bel
équilibre entre thèmes atonaux,souvent d'action, très expressifs et grandes pages lyriques de toute beauté comme "le tema
di Peirol" et ses voix envoûtantes...
Comme souvent pour tout ce qui touche de près ou de loin à l'oeuvre herculéenne du Maestro, les écrits de janus tiennent lieu de parole d'évangile. L'Avventuriero, que je viens juste d'écouter, est sans conteste la partition émouvante et raffinée dont notre compagnon s'est fait l'écho avec son lyrisme habituel ; un Morricone grand cru, qui vient grossir l'imposante liste des merveilles dont les compositeurs italiens, tout au long d'un âge d'or hélas révolu, détenaient seuls la recette.
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Edern »

Janus a écrit :
DarkCat a écrit :Et si à la place d'Ennio, Sergio Leone avait rencontré Chuck Cirino...
Je ne connais pas ce CHUCK CIRINO. Ce que je sais,en revanche,c'est qu'un réalisateur,aussi formidable soit-il,ne peut
métamorphoser un tâcheron en génie. Il peut juste permettre l'émancipation du génie d'un compositeur qui en a. ;)
Haha, c'est simplement une boutade de la part de DarkCat, Chuck Cirino étant devenu un "gimmick" sur le forum. Cirino est, tout comme son pote Jim Wynorski d'ailleurs, un grand fan de Morricone.
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Lepithec
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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J'écoute Come imparai ad amare le donne paru chez GDM récemment, c'est franchement enthousiasmant, sensuel, délicat, alternant balades easy-listing et clavecin baroque (dans tous les sens du terme). Aaaah, l'insouciante de 1967... Quelqu'un partage-t-il mon enthousiasme ?

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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Lepithec a écrit :J'écoute Come imparai ad amare le donne paru chez GDM récemment, c'est franchement enthousiasmant, sensuel, délicat, alternant balades easy-listing et clavecin baroque (dans tous les sens du terme). Aaaah, l'insouciante de 1967... Quelqu'un partage-t-il mon enthousiasme ?

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Oui,moi . :mrgreen: Mais,objectivement,ta perception correspond bien à cette musique,je trouve,si bien que si tu l'avais fait sous forme d'une devinette,j'aurais
donné ce titre (entre quelques autres). Dans ce genre,E LA DONNA CREO L'UOMO,en dehors du titre que j'aime beaucoup,c'est pas mal non plus!
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Diantre, un nouveau titre qui vient grossir ma colossale wish-list morriconienne... En attendant qu'arrive le très hypothétique jour où j'en verrais le bout, ma dernière acquisition concernant le Maestro s'intitule Le Due Stagioni della Vita. Un score qui devrait fatalement séduire l'ami Janus (dans le cas très improbable où il n'aurait pas déjà mis le grappin dessus, s'entend), puisque son idole de toujours y échafaude notamment deux très longues suites, de plus d'un quart d'heure chacune et diamétralement opposées. La piste inaugurale dévoile d'abord la facette mélodique et chaleureuse du compositeur (avec un vif succès, en dépit d'un furieux air de déjà-entendu), tandis que l'angoissant La Citta' accumule les bizarreries sonores. Autrement, j'aurais envie de citer, en dehors de ces deux monstres, le bref mais formidable Passagio, électrisé par des choeurs d'une puissance peu commune.
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Stringer Bell »

Janus a écrit :
Lepithec a écrit :J'écoute Come imparai ad amare le donne paru chez GDM récemment, c'est franchement enthousiasmant, sensuel, délicat, alternant balades easy-listing et clavecin baroque (dans tous les sens du terme). Aaaah, l'insouciante de 1967... Quelqu'un partage-t-il mon enthousiasme ?

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Oui,moi . :mrgreen: Mais,objectivement,ta perception correspond bien à cette musique,je trouve,si bien que si tu l'avais fait sous forme d'une devinette,j'aurais
donné ce titre (entre quelques autres). Dans ce genre,E LA DONNA CREO L'UOMO,en dehors du titre que j'aime beaucoup,c'est pas mal non plus!
Et moi également ! cela fait partie des récentes rééditions que je viens de recevoir et c'est effectivement une pure merveille ! J'aime bien le mot que tu emploies, Lepithec, "insouciance" qui définit parfaitement cette sensation de liberté dans l'écriture musicale !
Au passage merci Janus de tes lumières sur le grand Ennio mais il faut arrêter maintenant ça me donne encore plus envie d'en acheter ! Alors la prochaine fois tu viens avec moi convaincre ma banquière, qui malgré son titre ;) ne goûte guère aux plaisirs des CD sur mes relevés de banque !
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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LES DEUX SAISONS DE LA VIE est une musique que je connais depuis l'ère du trente trois tours et illustre selon moi ce qu'il peut y avoir de meilleur,et sur le plan mélodique,même si il use d'une recette qui nous paraît dans l'absolu familière,(il en tire quelque chose de très élaboré et surtout de très poétique) et une approche électro-acoustique bien plus "contemporaine" mais d'une grande intensité: peut-être pas aussi fort que dans LA TENTE ROUGE et L'ATTENTAT,mais quand même! Personnellement,LES DEUX SAISONS DE LA VIE fait partie de mes B.O. de chevet du compositeur qui,lui-même,en est très satisfait. :D

Promis,String Bell,je n'évoque plus MORRICONE avant la nouvelle élection présidentielle de 2012! :? :shock: J'ai peur que...heu...que j'y arrive... :oops: pas...
:roll: Irrécupérable...
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Stringer Bell »

Laisse tomber, tu n'arriveras jamais à le tenir ! :)
Et ça tombe bien je crois qu'on est quelques uns à bien aimer te lire ...
La seule solution c'est que je m'enrichisse, je vois que ça !
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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En tout cas,ne te laisse pas tenter par SI SALVI CHI VUOLE,outre les 4/5 thèmes du début,notamment le satirique et malicieux premier extrait,le reste ne vaut
pas un clou (même tordu) et je comprends mieux pourquoi MORRICONE s'était montré très sélectif à l'ère du 33 tours.

Ha Cometa n'aurait pas pu coupler la sélection d'origine avec FORZA ITALIA du même réalisateur ROBERTO FAENZA,ça aurait été trop beau! :-C
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Lancelot »

Lepithec a écrit :J'écoute Come imparai ad amare le donne paru chez GDM récemment, c'est franchement enthousiasmant, sensuel, délicat, alternant balades easy-listing et clavecin baroque (dans tous les sens du terme). Aaaah, l'insouciante de 1967... Quelqu'un partage-t-il mon enthousiasme ?

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J'ai la version courte que j'adore, les morceaux supplémentaires valent-ils le coup ?
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Lancelot »

Lee Van Cleef a écrit :C'est Janus qui ne doit plus se tenir de joie ! Après les gens de Saimel, encore traumatisés par la radicalité de l'expérience, voici que GDM s'aventure à son tour dans les contrées les plus arides et torturées de la carrière du Maestro en éditant Un Tranquillo Posto di Campagna. Cet album est, si je ne m'abuse, identique au précédent, à moins qu'il ne soit parvenu à exhumer quelques pistes toujours plus étranges et discordantes. Mais peut-être s'agit-il en réalité d'un signe, d'un appel du destin me chuchotant au creux de l'oreille que le temps est finalement venu de me risquer à une seconde écoute, ce à quoi je n'ai jamais pu me résoudre depuis ma découverte presque horrifiée, il y a quelques années, de ce score éprouvant.
Tellement éprouvant qu'il en devient proprement inécoutable !... j'avoue avoir du mal avec les partitions les plus atonales de Morricone, le pire étant atteint par "L''istruttoria e chiusa : dimentichi" qui relève sans aucun doute de la torture sonore la plus manifeste ! (à part pour se débarrasser d'une grand-mère très riche et aux problèmes cardiaques manifestes, je ne vois pas trop la nécessité d'acquérir ce titre...)
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Lancelot a écrit :
Lee Van Cleef a écrit :C'est Janus qui ne doit plus se tenir de joie ! Après les gens de Saimel, encore traumatisés par la radicalité de l'expérience, voici que GDM s'aventure à son tour dans les contrées les plus arides et torturées de la carrière du Maestro en éditant Un Tranquillo Posto di Campagna. Cet album est, si je ne m'abuse, identique au précédent, à moins qu'il ne soit parvenu à exhumer quelques pistes toujours plus étranges et discordantes. Mais peut-être s'agit-il en réalité d'un signe, d'un appel du destin me chuchotant au creux de l'oreille que le temps est finalement venu de me risquer à une seconde écoute, ce à quoi je n'ai jamais pu me résoudre depuis ma découverte presque horrifiée, il y a quelques années, de ce score éprouvant.
Tellement éprouvant qu'il en devient proprement inécoutable !... j'avoue avoir du mal avec les partitions les plus atonales de Morricone, le pire étant atteint par "L''istruttoria e chiusa : dimentichi" qui relève sans aucun doute de la torture sonore la plus manifeste ! (à part pour se débarrasser d'une grand-mère très riche et aux problèmes cardiaques manifestes, je ne vois pas trop la nécessité d'acquérir ce titre...)
Sauf si on a un goût prononcé pour la musique expérimentale ou atonale,ce qui est un peu le cas de ceux qui,comme moi,aiment aussi MORRICONE pour ces raisons. Alors,effectivement,L'ISTRUTTORIA E CHIUSA : DIMENTICHI demeure sans doute la B.O. de MORRICONE la plus radicale ( pas forcément la plus représentative ni plus radicale que ce que le génial TORU TAKEMITSU composa sur KAÏDAN ou LA FEMME DES SABLES),elle est un "essai" électro-acoustique qui prend surtout sa dimension dans le film de DAMIANO DAMIANI et je comprends très bien qu'elle puisse tuer dans l'oeuf l'enthousiasme du "béophile" aventurier qui s'y risquerait. Je pense aussi qu'il y a des partitions atonales ou plus ou moins expérimentales de MORRICONE qui sont largement plus attractives sur cd que cet opus-là. Ceci-dit,je loue la démarche du compositeur et plus encore celle de DAMIANO DAMIANI et d'autres réalisateurs qui ont permis au maître romain de satisfaire et développer son goût pour la recherche même au sein du Septième Art,qui,contrairement à d'autres,plus actuels et atteints de frilosité aigüe,brident les musiciens souvent peu ambitieux eux-mêmes,et dont l'inspiration (si on peut parler d'inspiration) se laisse vampiriser par les musiques temporaires,alors qu'eux,PETRI,LADO,ARGENTO,DAMIANI,DE SETA...n'ont pas eu peur de la musique dans leur film,même de musiques non-conventionnelles.Maintenant,comme le reconnut ENNIO MORRICONE dans une interview; <<J'ai parfois été trop expérimental >> bien que j'ignore s"il disait cela en référence à son travail pour le film de DAMIANI...ça c'est une autre histoire qui me ramène à une croustillante réplique de PIERRE BOULEZ avec laquelle je suis entièrement d'accord et qui se terminait ainsi : <<En Art,vaut mieux l'excès à la sécheresse!>>

Maintenant,ce qui est vrai pour L'ISTRUTTORIA...ne l'est pas pour UN TRANQUILLO POSTO DI CAMPAGNA qui,dans cette nouvelle édition,propose un autre ordre des thèmes qui est déjà plus judicieux que celui de la précédente,avec aussi des morceaux différents et pour un résultat qui sur cd passe très bien. De plus,cette nouvelle version propose,outre un meilleur agencement des thèmes,une durée d'à peine 40mn alors que le précédent cd,outre un stupide agencement des thèmes,offre une durée de 64 mn. Je préfère écouter la nouvelle version et je te conseille Lee de l'écouter car je suis sûr qu'elle te donnera une autre impression,plus favorable.C'est une excellente musique,de toute façon,et j'estime que dans le domaine de l'atonalisme et de l'expérimental, MORRICONE est un maître intéressant et inspiré qui a,pour ces raisons,beaucoup apporté au cinéma. Tant pis pour les grand-mères au coeur fragile...faut bien partir un jour... :mrgreen: Quant à cette notion d'"inécoutabilité",cela varie selon les individus,la sensibilité et l'initiation personnelle. Ecoutant par ailleurs beaucoup de musiques contemporaines et atonales de différents compositeurs,je n'en suis donc que très familiarisé et les incursions ponctuelles du Maestro dans ce registre me sont très accessibles,même dans le domaine du concert.
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Lancelot
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Lancelot »

Je trouve que tu défends avec beaucoup de conviction ton point de vue.

Malheureusement, je reste pratiquement insensible à la vingtaine de musiques très tendues qu'il a composées pour les thrillers et de "giallos" des années 60 et 70 (dont UN TRANQUILLO POSTO...), préférant sans doute le lyrisme exubérant et rassurant dont il est davantage coutumier. Toutefois, il est clair qu'on ne peut rejeter en bloc les expérimentations morriconniennes qui aboutissent parfois à de grandes réussites comme le très angoissant générique de PEUR SUR LA VILLE dont on se demande par quel miracle il n'a pas été rejeté par les producteurs de l'époque...
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