Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Lancelot a écrit :Malheureusement, je reste pratiquement insensible à la vingtaine de musiques très tendues qu'il a composées pour les thrillers et de "giallos" des années 60 et 70
Ha ça,je ne me permettrai pas de le discuter,c'est ta sensibilité et je la respecte,cela même si les expériences de Morricone dans le domaine du giallo/thriller
sont tout ce qu'il y a de plus légitime et respectable :D ...et je dois reconnaître,de mon côté,avoir toujours eu des affinités presque innées (donc sincères) pour ce type d'approche musicale...
Lancelot a écrit : PEUR SUR LA VILLE dont on se demande par quel miracle il n'a pas été rejeté par les producteurs de l'époque...
Je pense qu'ils étaient beaucoup moins frileux que ceux d'aujourd'hui sinon beaucoup de musiques de MORRICONE (et d'autres compositeurs,d'ailleurs) auraient été rejetées,des musiques bien plus particulières et "bizarres" que PEUR SU LA VILLE. Je ne sais pas si,aujourd'hui,il pourrait reproduire une "curiosité sonore" de la veine de L'ISTRUTTORIA E CHIUSA: DIMENTICHI (tant mieux me diras-tu :lol: ) sauf peut-être avec le réalisateur dont il est le plus proche actuellement, GIUSEPPE TORNATORE,et avec qui il a signé deux partitions "très contemporaines" d'esprit (dont j'en adore certains passages que je trouve réellement excellents),UNE PURE FORMALITE et LA SCONOSCIUTA. Sinon,je ne vois pas. Ha si! DARIO ARGENTO,une collaboration qui avait démarré au début des années 70 par la géniale musique De L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL et qui,il n'y a pas si longtemps,(fin des années 90) a repris avec la non moins audacieuse partition LA SINDROME DI STENDHAL,usant magistralement de la passacaille et des voix chuchotées et parlées. Alors,je ne dis pas que toute la musique de film doit "s'atonaliser" ou devenir un champs expérimental,bien sûr que non,mais je prie de tout mon coeur pour que ce genre d'aventure et de tentative reste toujours possible. Il en va de la richesse de la musique de film,afin que celle-ci ne devienne jamais trop uniforme,trop lisse,formatée et prévisible. Il se peut d'ailleurs que la dernière collaboration entre BRUNO COULAIS et le réalisateur du film AU FOND DES BOIS réponde à mes souhaits,d'après ce que j'ai pu lire dans l'interview sur Cinezik.
Lancelot a écrit :Je trouve que tu défends avec beaucoup de conviction ton point de vue.
Merci. :D
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Beetlejuice
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Dans le genre polar des années 70, je vous conseille la récente édition GDM de "The human factor" (alias "il giustiziere") tourné par Edward Dmytryk en 1975 où alternent différentes versions de 2 thèmes principaux : un plutôt nostalgique et doux (il giustiziere), l'autre à l'inverse assez dissonant et puissant avec des sonorités cuivrées très marquées (terroristi !). Les différentes versions / orchestrations, loin d'être ennuyeuses sur la durée, rendent l'écoute plutôt jubilatoire. Le son est clair et dynamique mais on distingue un certain souffle qui parasite un peu, surtout au début du disque, mais rien de grave ...
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Beetlejuice a écrit :Dans le genre polar des années 70, je vous conseille la récente édition GDM de "The human factor" (alias "il giustiziere") tourné par Edward Dmytryk en 1975 où alternent différentes versions de 2 thèmes principaux : un plutôt nostalgique et doux (il giustiziere), l'autre à l'inverse assez dissonant et puissant avec des sonorités cuivrées très marquées (terroristi !). Les différentes versions / orchestrations, loin d'être ennuyeuses sur la durée, rendent l'écoute plutôt jubilatoire. Le son est clair et dynamique mais on distingue un certain souffle qui parasite un peu, surtout au début du disque, mais rien de grave ...
Le thème principal est effectivement très beau,intense et ample à la fois. Très belle mélodie,chromatique par excellence,entrecoupée par un motif central obsédant du plus bel effet. L'autre thème d'une esthétique en totale opposition au précédent révèle un "Morricone" dissonant et déjanté. Cet emploi des cuivres très spécifique du compositeur illustre un climat urbain et tendu,élément d'une approche que l'on retrouve dans d'autres B.O. destinées à des polars comme COPKILLER,PEUR SUR LA VILLE,IN THE LINE OF FIRE... Cependant,j'ignore si je prendrai cette version plus complète étant donné que j'en possède une précédente édition couplée avec MILANO ODIA.
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Lee Van Cleef
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Beetlejuice, Janus, mes bons amis, je ne saurais me montrer plus éloquent au sujet de The Human Factor, que j'ai récemment écouté et qui ne m'a pas moins emballé que vous semblez l'avoir vous-mêmes été. La matière thématique se limite en effet à ces deux fameux morceaux qui suscitent toute votre admiration, mais l'usage exclusif qu'en fait Morricone au fil de la partition leur permet in fine de briller de tout leur éclat, loin des répétitions mécaniques et stériles que le Maestro et ses prestigieux confrères n'ont pas toujours su éviter dans leur carrière.
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Lee Van Cleef
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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J'invoque les savantes lumières du plus intarissable exégète du Maestro qu'UnderScores a l'honneur de compter en son sein (bah, Janus, quoi), dans l'espoir qu'il puisse me révéler avec sa faconde coutumière pourquoi Metti, una Sera a Cena est souvent considéré comme un beau et grand classique de l'ami Ennio. Car en ce qui me concerne, les trois écoutes que j'ai accordé à ce score n'ont fichtrement rien changé à l'ennui tenace qu'il génère en moi. On dit de cette musique qu'elle est inspirée (le thème principal) et secrètement lyrique, mais je ne la trouve que passe-partout, stéréotypée (dans l'oeuvre de Morricone, s'entend) et vraiment rasoir... La balle est dorénavant dans ton camp, Janus. A toi de me prouver à côté de quelle remarquable partition je suis passé.
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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La musique de METTI,UNA SERA A CENA repose sur trois thèmes-phare;la plage 1 qui fut un succès à l'époque de la sortie du film et fut maintes fois repris dans des versions chantées et instrumentales dont la dernière en date le fut par les "Solisti e Orchestre del Cinema italiano pour l'album "Bossa nova" 2010,La plage 6 "Uno che grida amore" qui révèle un "Morricone" classique mais à la mélodie délicieuse,avec la voix d'Edda et surtout la plage 9 "Nina",un morceau obsessionnel et progressif en intensité dans la plus pure veine du compositeur et qui est pour moi le meilleur morceau du CD. Je connais des béophiles
qui sont particulièrement friands de cette facette-là (très italienne) du compositeur,qui fut,il faut bien l'admettre,au-delà de ses aspirations pour la musique savante et expérimentale,un génie de la ritournelle. J'ai fait des compilations,à une époque,
à des non-béophiles et lorsque ceux-ci m'évoquèrent leurs morceaux préférés,il n'était pas rare qu'ils me citent les deux/trois
thèmes que j'ai mentionnés ci-dessus. Le thème principal avec sa mélodie entêtante et "Nina" furent joués plusieurs fois en concert par ENNIO MORRICONE qui semble en être très satisfait. Pour moi,la musique de METTI,UNA SERA A CENA,c'est avant tout ces deux thèmes et uniquement ces deux thèmes qui ont d'ailleurs très bien traversé l'épreuve du temps,preuve en tout cas qu'ils ne sont pas forcément superficiels ni passe-partout,(et pourquoi stéréotypés ?) même au sein de son oeuvre qui,certes,contient des opus bien supérieurs à celui-là. Pour moi,seuls ces deux thèmes (le thème principal et "Nina") sont des classiques en tant que thèmes proprement dits,alors que la bande originale dans sa globalité,minée par des extraits artistiquement plus faibles quoique agréables et parfois coquins, ne constitue en rien un opus majeur comme peut l'être,par exemple,LE CLAN DES SICILIENS,bien qu'il s'agisse-là d'un film différent avec des exigences musicales autres. Puis,il y a ce thème étrange avec sitar qui sent l'opium! :lol: Personnellement,je ne possède en CD de METTI,UNA SERA A CENA que la version 33T couplée avec L'ASSOLUTO NATURALE. MAURO BOLOGNINI,auteur du film,considérait d'ailleurs à l'époque que L'ASSOLUTO NATURALE était la meilleure musique que le maître romain avait alors écrite pour lui! Deux thèmes très beaux s'en dégagent également,un de caractère vindicatif et obsessionnel, et assez original dans sa construction,le second délicat et très mélodique qui me met la larme à l'oeil. Quelle mélodie! Mais c'est encore la version finale et plus étirée où la mélodie y est presque diluée qui m'est davantage orgasmique...poétique et sensuel à la fois...j'en redemande!
Ceci étant dit,on ne peut pas tout aimer,moi-même n'aime pas des thèmes du compositeur que d'autres trouvent magnifiques et vice-versa. Question de sensibilité aussi. ;) Ce n'est pas toujours évident de savoir pourquoi une mélodie,un
thème nous transporte plus qu'un(e) autre. En tout cas,j'adore la ligne mélodique du thème de "Metti una sera a cena" ainsi
que la manière dont il est orchestré et la voix traitée. J'ai toujours été sensible à ses constructions mélodiques et son sens
inimitable de la ritournelle entêtante et érudite.
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Lee Van Cleef
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Ah ! ah ! Je constate qu'en dehors des deux thèmes majeurs de Metti, Una Sera a Cena, le reste (qui représente quand même pas mal de musique) est loin de t'avoir propulsé dans les mêmes hauteurs nirvanesques, mon cher Janus. Ceci dit, ton bilan, même mitigé, demeure toujours plus élogieux que le mien, vu que les principaux morceaux du score n'ont absolument pas fait vibrer ma corde sensible, la faute à une décourageante impression de déjà mille fois entendu (et souvent en mieux, d'ailleurs). Un coup d'épée (de katana, voulais-je dire) dans l'eau pour cette fois, mais peu importe, après tout. Il me reste encore bien des merveilles à découvrir dans l'oeuvre pantagruélique de Morricone.
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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C'est vrai qu'il y a dans l'oeuvre de Morricone des obsessions,des Obsessions avec un grand O (et "Nina" en est une) et que depuis Metti una sera a cena il ait pu progresser et composer des "répliques" qui te paraissent (...ou sont réellement...et même j'espère) ...supérieures. Cependant,je continue de trouver à "Nina" un charme qui lui est propre et un caractère symbolique...ou suis-je peut-être moi aussi,en tant que mélomane et donc passif,sous l'emprise de la même Obsession,ce qui est fort probable,ami Lee. 8-). J'ai parfois l'impression d'avoir moi aussi des obsessions et de rechercher inlassablement les mêmes éléments chers à mes émotions,alors que je suis et vénère beaucoup de compositeurs,écoute des musiques très différentes.
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Soundtrackman
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Je viens d'ecouter des extraits sur SCREEN ARCHIVES...
Qu'est ce que c'est beau....
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Soundtrackman a écrit :Je viens d'ecouter des extraits sur SCREEN ARCHIVES...
Qu'est ce que c'est beau....
Ca l'est de toute manière...pour un film avec Jean-Louis Trintignant et florinda Balkan que j'aimerais bien voir un jour. Il me
semble pourtant que c'est un film qui fit sensation en italie,à l'époque...et toujours rien en DVD et même pas au cinéma de minuit de FR3 qui diffuse parfois des films italiens rares comme GIORDANO BRUNO,par exemple,film que j'ai malgré tout manqué. :cry:
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Lee Van Cleef
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Curiosité malsaine de ma part, sans aucun doute, mais je me demandais, Janus, ce que tu peux bien penser d'un score qui a déchaîné l'enthousiasme de certains de nos collègues mais sur lequel tu as observé un silence sépulcral, à savoir Red Sonja. Pour tout dire, je suis déjà convaincu que tu n'as jamais porté cette musique en haute estime, et ce pour les mêmes raisons qui ont galvanisé l'intérêt de béophiles d'ordinaire assez réfractaires à l'art du Maestro : parce que la bête est bourrée d'élans cuivrés à n'en plus finir !
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Lee Van Cleef a écrit :Curiosité malsaine de ma part, sans aucun doute, mais je me demandais, Janus, ce que tu peux bien penser d'un score qui a déchaîné l'enthousiasme de certains de nos collègues mais sur lequel tu as observé un silence sépulcral, à savoir Red Sonja. Pour tout dire, je suis déjà convaincu que tu n'as jamais porté cette musique en haute estime, et ce pour les mêmes raisons qui ont galvanisé l'intérêt de béophiles d'ordinaire assez réfractaires à l'art du Maestro : parce que la bête est bourrée d'élans cuivrés à n'en plus finir !
Cher Lee,tu as une acuité intellectuelle qui m'épate et me plait. Avant de te faire part de mon impression sur Red Sonja,il serait sans doute plus judicieux d'expliquer ce que j'aime en musique et plus principalement en l'oeuvre de Morricone. Et tu connais suffisamment ce compositeur pour ne pas être conscient de ses nombreux grands écarts artistiques,ce qui rend l'analyse (pour ceux qui s'y sont risqués),difficile et rarement satisfaisante. Outre ses talents incontestables de mélodiste et de thématiste,c'est une expression musicale colorée,corrosive et viscérale que je retiens en premier lieu,une écriture très personnelle des cordes et justement des cuivres lorsqu'il les utilise par exemple dans Le désert des tartares ou dans In the line of fire. J'ai toujours aimé ce caractère créatif et singulier qui a abordé la musique de film en intellectuel décomplexé,sorte de croisement explosif entre Verdi,Luigi Nono, Bacharach,se déchirant non sans habileté entre musique savante et musique légère,où le "lounge" peut y côtoyer dans un même élan intense l'austérité sérielle (L'alibi), où la mélodie entêtante subtilement orchestrée va rivaliser avec l'expérimental pur et dur en collaboration du groupe d'improvisation "Nuova consonnanza (Macchie Solari),où l'épique va se confronter au dodécaphonisme (Le Secret du Sahara/Orca),où le lyrique et le chatoyant va s'effacer devant l'électro-acoustique dissonant et obsessionnel (Les deux saisons de la vie/l'attentat),où le beau,le romantique s'écrasera contre le monstre symphonique cataclysmique de La tente rouge/Fräulen Doktor,où le religieux flirte avec le diabolique (L'exorciste II) ou le "chaos sériel" (Giordano Bruno) ou le profane (Il sorriso del grande tentatore),où l'érotique-sensuel si délicieusement daté de Scusi Facciamo L'amore? se pervertit sulfureusement avec Quando l'amore e sensualità,etc...J'adore les contrastes esthétiques et le ballet des extrêmes qui arborent l'oeuvre de ce compositeur inépuisable et opportuniste (dans le bon sens du terme) qui a modestement mais sûrement contribué à pousser les limites du beau plus loin et même les limites du bon goût! Il fut un essayiste de génie qui n'a pas composé que des chefs-d'oeuvre,loin de là,mais un nombre infini de partitions de cinéma plus secondaires qui restent pourtant très intéressantes,même si cette oeuvre gigantesque n'est pas exclue d'obsessions,de redites pouvant aller jusqu'au rabâchage. C'est pour cette raison que je dis toujours que Morricone est le seul compositeur qui peut me tirer la larme à l'oeil avec pas grand chose. Il est dit que le cinéma a beaucoup profité de Morricone,mais Morricone a,lui aussi,beaucoup profité du cinéma afin d'expérimenter ses "délires" ou obsessions d'artiste! :lol:

Red Sonja possède un bon matériel thématique de base mais cette musique qui respire une écriture précipitée me donne l'impression d'une oeuvre inachevée,inaboutie. J'ai plus l'impression d'écouter un habile exercice de style qu'une partition-clé du Maestro qui a réalisé infiniment mieux,du moins pour
moi...je pense notamment au magnifique et très réfléchi Hamlet qui reprend quelques éléments significatifs de Red Sonja. Concernant l'emploi des cuivres,je les trouve mille fois plus fascinants dans Le désert des tartares et même In the line of fire,dans cette façon suspendue et complètement atonale de les exploiter. Et ne me demande pas ce que je pense de Hundra!
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Lee Van Cleef
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Janus a écrit :Et ne me demande pas ce que je pense de Hundra!
Eh merde, moi qui m'apprêtais justement à te confesser à ce sujet...

Vois-tu, compagnon, je me doutais qu'un score du Maestro s'encanaillant avec les trompettes hollywoodiennes ne pouvait que te laisser perplexe, si ce n'est de marbre. Mais je trouve néanmoins qu'il s'est étonnamment bien accomodé de cet univers musical qui n'est pas le sien (l'héroïsme chevaleresque du thème principal, les fougueuses charges orchestrales, les choeurs scandant le nom de Sonja, sans oublier le superbe Treasure in the Cavern qui m'évoque presque le son si particulier du Golden Age), tout en réussissant à demeurer fidèle à son propre bagage technique et émotionnel (certaines plages aux développements lancinants, le romantisme onctueux du Love Theme). Alors oui, peut-être Morricone n'a-t-il jamais envisagé Red Sonja autrement que comme un simple "exercice de style". Mais en l'état, ledit exercice est parfaitement accompli.
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Lee Van Cleef a écrit :Alors oui, peut-être Morricone n'a-t-il jamais envisagé Red Sonja autrement que comme un simple "exercice de style". Mais en l'état, ledit exercice est parfaitement accompli.
C'est bien résumé et je suis d'accord avec ça.
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Découverte hier de la magnifique partition que Ennio Morricone écrivit en 1992 pour le film muet La dame aux camélias (Negroni & Serena,1915).
Ne pas confondre avec la version de Mauro Bolognini (1981) qui mettait en scène Isabelle Huppert et fut elle aussi mise en musique par le Maestro. Pour le film muet,la partition de Morricone est bien plus grave,sinueuse et tourmentée,typique des années 1990,pouvant évoquer Une pure formalité mais en plus romantique...un romantisme passionné et désespéré et porteur d'une certaine violence psychologique. C'est formidablement bien écrit,formidablement réfléchi et structuré...cérébral,tourmenté et romantique...sont les trois adjectifs qui me viennent à l'esprit pour qualifier ce coup de maître. Il récidivera pour le film muet Richard III dont il joua l'intégrale en concert à Gans (Belgique),un autre de ses opus majeurs des années 90 qui contient des passages,à mon goût,d'une grande force et d'une grande beauté. Son nom réapparaîtra en 2004 sur un autre film muet signé Ernst Lubitsch,Die Puppe (1919) avec une partition intitulée "Multipla" et interprétée par un groupe de six musiciens "Gruppo AleaNova". Il s'agirait d'une approche très différente des deux précédentes, présentant une musique aléatoire de caractère "chambriste" qui peut évoquer sous certains aspects,ce qu'il écrivait dans les années 70 sur des gialli.
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Janus a écrit :Ne pas confondre avec la version de Mauro Bolognini (1981) qui mettait en scène Isabelle Huppert et fut elle aussi mise en musique par le Maestro. Pour le film muet,la partition de Morricone est bien plus grave,sinueuse et tourmentée,typique des années 1990,pouvant évoquer Une pure formalité mais en plus romantique...un romantisme passionné et désespéré et porteur d'une certaine violence psychologique. C'est formidablement bien écrit,formidablement réfléchi et structuré...cérébral,tourmenté et romantique...sont les trois adjectifs qui me viennent à l'esprit pour qualifier ce coup de maître.
"Grave", "tourmentée", "romantique", la partition de Morricone pour la version de Bolognini l'est pourtant follement. Si j'en crois tes dires, Janus, le Maestro aurait donc trouvé les ressources pour se surpasser encore avec cette adaptation muette ? Nom d'un katana en papier mâché, il faut absolument que j'écoute ce supposé trésor !
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Lee Van Cleef a écrit :
Janus a écrit :Ne pas confondre avec la version de Mauro Bolognini (1981) qui mettait en scène Isabelle Huppert et fut elle aussi mise en musique par le Maestro. Pour le film muet,la partition de Morricone est bien plus grave,sinueuse et tourmentée,typique des années 1990,pouvant évoquer Une pure formalité mais en plus romantique...un romantisme passionné et désespéré et porteur d'une certaine violence psychologique. C'est formidablement bien écrit,formidablement réfléchi et structuré...cérébral,tourmenté et romantique...sont les trois adjectifs qui me viennent à l'esprit pour qualifier ce coup de maître.
"Grave", "tourmentée", "romantique", la partition de Morricone pour la version de Bolognini l'est pourtant follement. Si j'en crois tes dires, Janus, le Maestro aurait donc trouvé les ressources pour se surpasser encore avec cette adaptation muette ? Nom d'un katana en papier mâché, il faut absolument que j'écoute ce supposé trésor !
Je dirais que la "version Bolognini",fameuse elle-aussi,a subi des influences très différentes qui me semblent en partie provenir de Mozart alors que pour le film muet,c'est une toute autre approche dont il est question. Plus cérébrale et contemporaine si j'ose dire! Les deux écoles de Vienne y sont davantage audibles et le seul vrai point commun que l'on peut trouver avec la précédente reste le piano. Meilleure? Je ne sais pas car c'est aussi une question de goût. Différente et plus contemporaine? Sans aucun doute. Très dans l'esprit en tout cas de ce qu'il composa dans les années 90,ma période quasi-préférée du compositeur. Si tu t'attends à une amélioration plus transcendante de la "version Bolognini",tu seras forcément déçu,cette musique étant déjà très aboutie en soi. C'est une autre approche,comme je l'ai dit,plus contemporaine et cérébrale. :D
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Le Maestro n'a décidément pas son pareil pour faire monter le mercure du thermomètre, comme le prouve son score pour le film érotique Dedicato al Mare Egeo. L'ensemble est essentiellement bâti autour d'un unique thème d'excellente facture, auquel Morricone offre une foultitude de variations qui s'attachent à développer une jolie gamme d'émotions. D'où une musique à la fois riche et homogène qui, à deux ou trois redites près, parvient à éviter la lassitude qu'engendrent fatalement bien des albums italiens, souvent trop redondants.
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Lee Van Cleef a écrit :Le Maestro n'a décidément pas son pareil pour faire monter le mercure du thermomètre, comme le prouve son score pour le film érotique Dedicato al Mare Egeo. L'ensemble est essentiellement bâti autour d'un unique thème d'excellente facture, auquel Morricone offre une foultitude de variations qui s'attachent à développer une jolie gamme d'émotions. D'où une musique à la fois riche et homogène qui, à deux ou trois redites près, parvient à éviter la lassitude qu'engendrent fatalement bien des albums italiens, souvent trop redondants.
Morricone et l'Art de la variation! Toujours pas pris parce que je possède la précédente édition,alors j'hésite,n'en finis pas d'hésiter... :roll: La désobéissance est une très belle musique aussi.
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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QUI CONNAIT LA BOF DE CE DOCU: IL PIANETA D’ACQUA (1980) et pourrait nous en faire une critique?
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Scorebob a écrit :QUI CONNAIT LA BOF DE CE DOCU: IL PIANETA D’ACQUA (1980) et pourrait nous en faire une critique?
Il s'agit d'une partition symphonique dans laquelle,je me souviens,les cordes y exerçaient avec virtuosité un effet de tourbillon. A l'époque du 33tours,je me rappelle d'une seconde face de vingt minutes plutôt belle et agréable mais avec une orchestration toutefois moins recherchée que dans OCEANO. Si cette musique ressort en cd,je suppose qu'il y aura des inédits dont j'ignore tout car je n'ai jamais réussi à voir ce documentaire. Parallèlement,n'ayant plus la possibilité d'écouter mes 33tours,je ne peux pas en faire une critique précise. J'ai juste le souvenir d'une solide partition qui évoque l'eau avec un très joli thème principal dont on pardonnera l'apport un peu cliché d'une harpe. ;)
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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L'un des tes voeux les plus ardents est sur le point de connaître une glorieuse concrétisation, mon bon Janus ! Il Deserto dei Tartari, fort d'un nouveau master qui devrait réduire l'ancien (paraît-il calamiteux) à l'état d'un mauvais souvenir et nanti d'une dizaine de minutes inédites (un terme à prendre avec des pincettes, comme toujours dans le cas des soi-disant "intégrales" des scores italiens), débarquera chez GDM à la fin du mois. Un autre poids lourd de la discographie morriconienne après la récente réédition de Moses, donc.
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Lee Van Cleef a écrit :L'un des tes voeux les plus ardents est sur le point de connaître une glorieuse concrétisation, mon bon Janus ! Il Deserto dei Tartari, fort d'un nouveau master qui devrait réduire l'ancien (paraît-il calamiteux) à l'état d'un mauvais souvenir et nanti d'une dizaine de minutes inédites (un terme à prendre avec des pincettes, comme toujours dans le cas des soi-disant "intégrales" des scores italiens), débarquera chez GDM à la fin du mois. Un autre poids lourd de la discographie morriconienne après la récente réédition de Moses, donc.
Sans conteste possible,c'est depuis d'interminables siècles que j'attends une réédition de ce chef-d'oeuvre de la musique de film avec un son qui lui soit digne!!
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Bicentennial Man
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Stringer Bell »

Profitant d'un passage sur Paris, je me suis pris chez Gibert "La Dame aux Camélias" que je découvre ( honnêtement le souvenir du film était vraiment trop lointain ) et je trouve ça assez magnifique. Comme je m'étais laissé tenter par le "Moses" et la réédition du sublime "Désert des tartares" pour moi ce mois de juin est clairement aux couleurs du maestro et c'est un vrai bonheur !!
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