Piero Piccioni

[Kfigaro]

Cet immense compositeur italien a surtout oeuvré en italie (et pour les plus grands cinéastes du cinéma transalpin comme Elio Petri, Visconti, De Sica, Comencini ou Alberto Sordi) mais a également participé à des coproductions françaises comme le bouleversant "Trois Frères" de Francesco Rosi (une de ses plus hautes oeuvres, avec également le triste et touchant "Le Christ s'est arrêté à Eboli")

L'extraordinaire "Main basse sur la ville" est toujours considérée comme l'une des meilleures musiques de film selon Ennio Morricone, on ne pouvait trouver meilleur défenseur de cette musique souvent jazzy (comme dans le film "Les adolescentes" de Alberto Lattuada) voire lounge-bossa mais pouvant également devenir très âpre et tendue (comme dans le cinéma de Rosi)...

Quelques musiques intégrales à écouter légalement :
Piero Piccioni - Main basse sur la ville (thème principal)
Piero Piccioni - Le Christ s'est arrêté à Eboli (thème principal)
Piero Piccioni - Cadavres exquis (générique début)

[Manuma]

Album regroupant les partitions de 2 films italiens du milieu des années 60, inconnus au bataillon chez nous, Chi lavona è perduto, un early Tinto Brass, et La Donna e’ una cosa meravigliosa du grand Mauro Bolognini. Thème principal sautillant, amusant mais pas très marquant, pour le premier titre avec un peu de Mickey Mousing à l’italienne sur les pistes suivantes et un ambiance générale rappelant davantage Nino Rota ou Carlo Rustichelli que Piccioni lui-même. Atmosphère un peu plus jazzy pour le second score avec quelques morceaux bien enlevés tirant sur le French Cancan – ça sent la grosse farce tout ça. Je retrouve déjà plus le Piccioni que j’aime ici, même si dans l’ensemble ça reste relativement anecdotique, très loin des grandes partitions lounge qui ont fait la réputation du maestro. Et c’est sorti chez GDM en 2007.

[Manuma]

Une belle partition jazzy de Piccioni. Un thème lounge exquis, décliné en chanson notamment (participation vocale assurée par une collaboratrice régulière de Piccioni, Lydia McDonald), quelques petits morceaux de jazz pur et dur, avec trompette, piano, batterie et un peu d’orgue (lequel se fait plus discret que sur la précédente association entre Piccioni et Lattuada, Les Adolescentes). Les passages musicaux plus tendus possèdent eux-aussi un petit côté velouté dans le suspense qui les rende très séduisants ... et je dis ça alors que je suis d’habitude plus réservé sur cet aspect du travail de Piccioni. Sorti chez Dagored en 2007.

[Lee Van Cleef]

Histoire de prouver que le talent de Piccioni ne se limitait pas à cette seule veine lounge et jazzy abondamment citée, je recommande sans réserve le magnifique Il Faro in Capo al Mondo, où le compositeur s'adonne à de délicieuses envolées mélodiques (entrecoupées tout de même de gros morceaux de suspense bien plus âpres). Evidemment, les complete scores des partitions italiennes étant ce qu'ils sont, le thème principal revient à la charge un nombre incalculable de fois, mais il est si lumineux qu'il n'y a pas moyen de s'en lasser !

[Janus]

J'attends une anthologie Piccioni/Rosi,même si son talent ne s'arrête pas à ce qu'il composa pour ce grand réalisateur...il y
a eu Lo Straniero de Visconti d'après L'étranger d'Albert Camus...alors oui,c'est du "Piccioni" grave,dramatique,mais il faut
dire que je ne me suis jamais remis de sa formidable composition de "Main basse sur la ville" dont je désespère d'une suite
plus complète que celle éditée jusqu'à présent.

[Manuma]

Dakodac avec Van Cleef : Il Faro in capo al mondo est effectivement une partition plus que recommandable pour qui s'intéresse à Piccioni. Et j'avoue volontiers avoir un gros faible pour cette reprise "boite à musique" du très beau thème principal sur l'édition GDM ...

[Manuma]

L’annonce a déjà été faite sur la page d’accueil, mais, parce que ça me fait plaisir d’en parler et cela permet d’alimenter ce thread, je rappelle que le label Legend ressort La Spina dorsale del diavolo de Piero Piccioni (Le déserteur en VF). Une édition expanded d’un premier album CD pourtant déjà bien fourni (50 minutes à mon compteur). Là, on rajoute 25 minutes de matériel inédit pour un total d’environ 75 minutes.

Bon, je ne sais pas ce que valent ces suppléments, mais appréciant déjà fortement cette partition assez variée du maestro, m’évoquant dans sa démarche musicale – thèmes orchestraux sur rythmiques jazz - celle du déjà pas vilain Minnesota Clay, j’avoue être bien tenté par cette nouvelle édition.

[Manuma]

Un petit medley de sa partition pour Les Adolescentes de Lattuada. Attention, ça grésille :

http://www.supload.com/listen?s=5oyb0W

[Julien]

Elle était bien mimi la petite Catherine Spaak dans ce film. Par contre la bo de ce film c'est vraiment pas ce que je préfère de lui. Cet orgue je trouve que c'est un peu trop envahissant.

[Lee Van Cleef]

Pour ma part, je me sens tout disposé à me laisser séduire par ce Spina Dorsale del Diavolo. Un film qui n'entretient, je suppose, guère de similitudes avec le superbe El Espinazo del Diablo de Guillermo del Toro, pas plus, si j'en crois la succincte définition du travail de Piccioni donnée par Manuma, qu'avec la musique de Javier Navarrete.

[Lee Van Cleef]

Et voilà que deux scores de l'ami Piero, Playgirl'70 et Fatevi Vivi, la Polizia non Intervera, débarquent coup sur coup dans les bacs. Janus, Julien, Manuma, je m'en remets à vos connaissances prométhéennes en la matière pour éclairer ma lanterne et savoir si, oui ou non, ces musiques valent la peine que l'on fasse craquer le cuir du portefeuille.

[Julien]

Playgirl'70 il me semble que c'était pas terrible. Ça fait assez easy listening. Dans le film ça doit sans doute coller bien mais en écoute isolé ça me paraît un peu limite. Ou alors comme musique d'ambiance. L'autre je ne connais pas du tout mais il me paraît bien plus intéressant.

[Manuma]

De mon côté je ne connais ni l'un ni l'autre, mais j'entends bien corriger cette lacune au plus vite.

[Lee Van Cleef]

On ne pourra pas reprocher aux gens de FSM d'avoir fait les choses à moitié avec cette très copieuse édition jumelant le mouvementé Kenner et le romantique et gracieux More Than a Miracle. Dans le cas de ce dernier, toutefois, l'indéniable beauté de l'écriture de Piccioni ne demandait certainement pas deux disques chargés comme des baudets et accumulant un nombre effarant de reprises, redites et pseudo-variations à peine retouchées. Franchement, je ne me souviens pas avoir écouté un album aussi interminable depuis la très artificielle édition Cinevox du Giu la Testa de Morricone.

[Janus]

Je trouve que ça n'a absolument aucun sens et que ce n'est pas un service rendu à cette musique pourtant très belle de PICCIONI.

[Lee Van Cleef]

En dix ans d'une production frénétique à cheval entre les années 60 et 70, les compositeurs transalpins qui se sont risqués à porter le western à l'écart des formules "morriconiennes" doivent se compter sur les doigts d'un manchot. Piccioni fait sans conteste partie de ces rares francs-tireurs, et La Spina Dorsale del Diavolo en exécute la convaincante démonstration. Charpenté avec robustesse, semé de thèmes qui accrochent l'oreille à défaut de véritablement l'envoûter et donnant l'accolade à des encarts jazzy, le score flirte parfois avec une efficacité plus directement hollywoodienne. Laquelle ne réussit pourtant pas à le préserver des nombreuses périphrases musicales dont les rééditions italiennes sont de vieilles habituées. Et tant pis si le charme d'une poignée de leitmotivs ressassés jusqu'à la lie doit finir par être éventé !

[Lee Van Cleef]

Fighting Back est un savoureux nanar qui braconne sur les terres réactionnaires de Death Wish II sorti la même année. Fun au deuxième degré, je n'ai en revanche aucun souvenir de la musique.

Pas étonnant que tu n'en aies gardé nul résidu mémoriel, Kev'. Dans son agencement à l'écran tel que l'édition Quartet nous propose de l'écouter, le score se résume à une vingtaine de minutes grossièrement élaguées, dans les coupes sombres desquelles disparaissent quasiment toute la verve thématique et le tempo groovy de Piccioni. Le vieux Van Cleef, du coup, n'a été que trop heureux de se rabattre dans la foulée sur l'opulente présentation du matériau originel, où le compositeur, qui ne s'était pas encore résolu à couper les ponts avec les seventies, succombe de loin en loin à l'ivresse du disco. Néanmoins, il va sans dire que ce double album, champion de la périphrase comme tous ses acolytes aux gènes italiens, croule sous les redondances en pagaille. A terme, la lassitude gagne, ankylosante. Tel est, je suppose, le prix à payer pour les béophiles mordus des héros de Cinecittà...

[Kevin95]

Arrr, je me disais aussi que ça ne devait pas être folichon folichon. Mais les quelques titres entendus en streaming sur le site de Quartet me plaisent bien... peut-être attendre une promo.

[Lee Van Cleef]

Les chaudes recommandations de monsieur et madame Gizmo étaient, pour le vieux Van Cleef toujours friand de l'incomparable confiserie musicale qu'était autrefois Cinecittà, une incitation qu'il n'eût pu décemment négliger à mordre dans son pécule en riant à gorge déployée. Mais maintenant que I Dolci Inganni a été compulsivement commandé, bienheureusement réceptionné et religieusement écouté, le temps des petites désillusions se fait jour. Le thème souvent vanté de Piccioni est en effet inattaquable, dans son mélange électrisant de guitare rebelle et d'orgue barrissant, toute pudeur bue, une gamme entière de sentiments parmi les plus brûlants. Cependant, passé le choc de ce brillantissime exorde, le compositeur s'avachit un peu sur ses lauriers, renouant avec un jazz certes adorable mais dont la familiarité érode quelque peu les audaces premières.

[Lee Van Cleef]

Nom d'un katana en écailles de tortue ! Trois disques ? Trois sacrés bon sang de disques, tous chargés jusqu'au troufignon et même au-delà, pour un Fumo di Londra certes fort chouette mais ne réclamant pas le moindrement pareille débauche éditoriale ? Les joyeux samaritains de Beat Records ont dû se perdre dans les nuages roses d'un narguilé de confection douteuse...

[Lee Van Cleef]

Sur la pochette de Lo Scopone Scientifico, peinte avec un souci du détail fleurant bon la douce maniaquerie (on pourrait compter un à un chacun des poils ébouriffés qui garnissent ses sourcils), Alberto Sordi convoite d'épaisses liasses de billets de suffisamment près pour emplir ses narines de leur entêtante odeur — à tout le moins s'y serait-il consacré dans une indicible béatitude, si seulement l'argent en avait été pourvu d'une, d'odeur. Mais le regard de cocker dépité dont il couve le magot laisse à penser que celui-ci n'est pas destiné à gonfler ses poches (a)vides... D'où les fréquentes sautes d'humeur secouant la partition de Piccioni, qui va constamment à cloche-pied entre les mélodies à la bonne franquette prisées par le petit peuple, une allégresse pop joyeusement sixties et la résignation belle et triste des "sans-dents" orphelins de leurs succulents mirages. Jamais le grand Piero n'eût pu habiller d'une plus adéquate musique cet archi-classique de la comédie all'italiana, où Luigi Comencini, lucide, féroce de bout en bout, et pourtant jamais complaisant, n'épargne rien ni personne.