Michel Colombier

[Lee Van Cleef]

L'un des preux chevaliers de la France expérimentale et pop, toujours partante pour fouailler au scalpel les états d'âme coupables entre deux feux de joie groovy, n'avait pas encore obtenu sur UnderScores son chez-lui douillet. Confondante omission que la parution toute neuve du Hasard et la Violence vient de me donner prétexte à réparer. Pas de doute, nous voilà bien en présence d'un score tatoué du sceau des seventies. Non pas tant pour ces déhanchements endiablés caractéristiques de l'époque, dont on ne flairera les fragrances qu'à travers un petit ballot de source music, que pour l'atmosphère chargée d'électricité élaborée par Colombier. Les cordes, constamment à la manoeuvre, réussissent un sacré numéro, tout empreint d'une violence cinglante au sein de laquelle les mélancoliques bouffées de piano ressemblent à des îlots perdus. L'album, court mais intense, est un de ceux qui ne vous lâcheront pas tant qu'ils n'auront pas confessé tout ce qu'ils dissimulent dans leurs noeuds secrets.

[Mortimer]

Très bon disque effectivement mais qui ne battra certainement le record des ventes. C’est dommage !

[Citizen Cancre]

À quand une édition complète pour la B.O. du Coup du Menhir ? Le thème principal faussement guilleret (mais pas dans la version que j'ai mise en lien) a traumatisé toute mon enfance.

[Ratatouille]

Oh ! Oui ! Un complet du COUP DU MENHIR !!!

Moi c'est la participation qu'il a fait sur LE CORPS DE MON ENNEMI qui reste une grande musique de film et un grand film...

[Lee Van Cleef]

Moi c'est la participation qu'il a fait sur LE CORPS DE MON ENNEMI qui reste une grande musique de film et un grand film...

Pour paraphraser Morgan Freeman alors qu'il s'amusait à citer Ernest Hemingway, je suis d'accord avec la seconde partie. Beaucoup moins, par contre, avec la première, qui attribue avec une dangereuse légèreté la musique du Corps de mon Ennemi à un autre compositeur que Francis Lai... Plus sérieusement, Rata, si tu es en quête d'une "bébèlerie" galvanisée par des rythmes ayant du punch à revendre, et que la menace séculaire de mon katana déterminé à réduire en lambeaux tout embryon de hors-sujet t'a convaincu d'emprunter désormais le droit chemin, je t'incite vivement à laisser traîner tes esgourdes attentives de ce côté-ci. Gageons que tu y trouveras amplement ton compte et même davantage.

[Lee Van Cleef]

a traumatisé toute mon enfance.

Niveau traumatisme, j'en connais certains dans les parages, dont une retenue pleine de tact m'oblige à taire les noms, qui ne se sont jamais remis du visionnage d'un des titres de la période américaine féconde de Colombier. Aujourd'hui encore, je me surprends parfois à m'interroger sur l'exacte teneur du score composé par notre homme. J'imagine plutôt bien quelque chose d'assez énervé, mais qui n'en ferait pas trop non plus et s'accorderait d'agréables interludes jazzy au sein des bars pouilleux où l'héroïne carrossée échoue plus souvent qu'à son tour.

[Mortimer]

Et comme pas mal de compositeurs français il a commencé dans la chanson ! Heu c'est pas lui qui chante...

[Lee Van Cleef]

Quelle bizarrerie que ce COLOSSUS de Michel Colombier. Après une écoute, je ne sais pas trop quoi en penser... Le thème n'est pas facile à appréhender au début et puis ça se construit doucement. Clairement, il y a une vraie qualité dans l'écriture mais ça reste tout de même un peu déconcertant si on se réfère à la veine mélodique du compositeur plus classique (celle que je connais en fait).

Tss, tss, compagnon ! La veine expérimentale de Colombier (le genre de compositeur qui s'est toujours régalé à brouiller les pistes et à prendre les trop confiantes attentes à revers) mérite plus euphorique réaction que ce lacis de rides striant ton front comme les fêlures d'un pare-brise esquinté. Colossus, c'est de la marchandise telle que le vieux Van Cleef aimerait en voir dégringoler un peu plus souvent de la soute à bagages. L'adoption d'une stratégie minimaliste, chambriste pourrait-on même dire ici ou là, donne toute latitude à l'excellent Michou pour tenter mille choses avec le pupitre des cordes, distordues, percluses de pizzicati, victimes de brusques flambées de température, ainsi qu'avec un jeu entier de percussions parfois inconnues au bataillon. Voilà bien un "petit" score tout à fait passionnant, qui fait très agréablement rêver aux nombreuses autres pépites que doit cacher sans l'ombre d'un doute la carrière américaine de Colombier.

[Misquamacus]

Acheté complètement par hasard à 0,99€ le vinyl "Against All Odds" pour la collec'
Des chansons (dont une de ma chère Stevie Nicks) et sur la face 2 la BO signée Larry Carlton et Michel Colombier donc. Et sans être transcendant, c'est fort sympathique.
Voila.
C'est tout ce que je voulais dire.

[Lee Van Cleef]

Voila.
C'est tout ce que je voulais dire.

"J'en prends dûment note, Misqua mon poteau !"

[Lee Van Cleef]

Sur le moment, à la lecture de la page de l'UnderScorama consacrée au Coup du Menhir, je ne m'expliquais guère ces cruelles carences de charité chrétienne chez notre Ecclésiastique, synonyme pour Michel Colombier d'un éreintant chemin de croix. Maintenant que l'objet de son ire s'est engouffré dans mon propre conduit auditif, je m'explique mieux certains des griefs proférés, tel que l'emploi erratique et titubant, en plus d'être superflu, de synthés faisant mine penaude aux côtés des sporadiques essors cuivrés — lesquels préfigurent sans trop d'ambages les fanfaresques Olympiades de Frédéric Talgorn. Dans le système solaire des adaptations à l'écran d'Astérix, dont beaucoup, mine de rien, régalent sur le plan musical, celle-ci n'a sans doute pas les moyens de se projeter à de stratosphériques altitudes. Trop dispersée, trop émiettée... Mais l'avantage de pareil morcellement, parfois, tient à ce que de savoureux petits plaisirs réussissent de-ci de-là à s'y glisser ; comme, en ce cas précis, un thème primesautier qui a du chien ou ces effusions de poésie, parfaite berceuse pour accompagner l'endormissement de la fière Armorique sous le frimas des étoiles.

[Edern]

Peut-être suis-je trop généreux avec cette partition (il faut dire que j'adore le film), mais si on peut s'agacer "sur le coup" (haha) de l'intervention de synthé qui paraissent incongrus étant donné qu'il s'agit généralement d'un son de piano ou de cuivre (ajouts tardifs ?) mais ils sont, somme toute, relativement rares (il y a surtout une intervention "comique" dans la bataille de fin avec piano carapatant et cuivre pouêt-pouêt, reprise dans le générique final, mais qui s'avère courte et cohérente mélodiquement avec le reste du morceau à l'orchestre).
Quand on prend la partition dans son ensemble, ce défaut passager n'est pour moi un détail qui n'enlève pas grand chose à son ambition "poétique" (même dans ses délires barbouillés). Je trouve que la musique est, au contraire, rudement cohérente thématiquement : Zonked est bel et bien une version du thème principal (j'aime beaucoup d'ailleurs la version générique de fin où l'on passe de la chanson à une version orchestrale du thème), dont les différents éléments sont souvent "détachés" pour être utilisés de façons diverses. Et tout le matériel sombre autour du personnage du devin tend pour moi vers des accents de fantasy...
Oui, je défends mon bout d'gras

À noter que le film contient d'autres passages musicaux au synthé (sont-ils de Colombier ?) qui tiennent plus lieu d'effets sonores (des coups de percus répétés pendant un discours menaçant du devin, des sons bizarres quand le village est envahi par une brume "pestilentielle" et aussi une "marche" romaine primaire qui s'apparente plus à une "boucle" percussive)... C'était, je pense, une bonne décision de les laisser de côté. Il faut dire aussi que les ingés son se sont sans doute beaucoup amusés sur ce film : pendant les "expériences" subies par le soldat romain il y a une vraie avalanche d'effets sonores délirants (et l'ambiance sonore en forêt est superbe).