Les petits carnets d'UnderScores

[Lee Van Cleef]

Quand Pierrot s'attaque au cinéma en costumes, ça n'est pas dans l'idée de se barbouiller le faciès de poudre de riz ni de transpirer sous les godrons rigides d'une fraise achetée au magasin d'antiquités du coin. A bas la naphtaline aigrelette, vive la modernité jamais tapageuse ! Dans une forme éblouissante, notre vieux compagnon plonge au coeur des méandres houleux de notre riche histoire, s'arrête, interdit, face à la monstrueuse absurdité du massacre de la Saint-Barthélemy, et se désole avec une poignante lucidité des bégaiements sans fin qui, un jour prochain, à force d'être réitérés encore et encore, mèneront l'homme à sa perte.

[Sam Lowry]

Une fois de plus, notre ami Pierre nous gratifie d'une belle analyse, aussi belle que la scène qu'elle commente est épouvantable.

[Scorebob]

Une partition remarquable pour un film remarquable d'intensité , Chéreau filme la folie de cette période comme personne et la musique de Brégovic ajoute au délire ambiant.

[SamSam]

Et Goran Bregovic est excellent à voir/écouter en concert également. Les deux concerts auxquels j'ai pu assister me laissent un souvenir magnifique. Et en plus il parle très bien Français, ce qui est idéal pour communiquer avec le public.

Et pour l'occasion, en voici un que je visionne régulièrement: https://www.youtube.com/watch?v=vsXsTYfrQIw

[Lee Van Cleef]

Il y a un bail que Jean-Jacques Beinex a disparu de la circulation, hein ? Même les violentes odeurs de soufre que soulevèrent jadis en noirs tourbillons ses premiers films, auprès de hordes de critiques enragés l'accusant de sacrifier sans vergogne ses personnages sur l'autel de la belle image, n'existent plus aujourd'hui qu'à l'état d'impalpables remugles échappés d'un antique sarcophage. Voilà qui tombe à pic, le vieux Van Cleef raffole de ces fantomatiques fragrances ! Retour sur une période convulsive, où le réalisateur mégalo, épaulé entre autres par un Gabriel Yared encore novice mais déjà brillant, croyait dur comme fer pouvoir changer à lui tout seul le visage du cinéma français.

[Mortimer]

Il y a un bail que Jean-Jacques Beinex a disparu de la circulation, hein ?

Oui, tout comme Jean-Jacques Beineix d'ailleurs

[Sam Lowry]

Superbe article, Benjamin ! Il y transparait (oserai-je écrire "transpire" ?) un amour plein pour la musique de Yared tout autant que pour la belle Nasstasja. Grâce à toi, je suis à deux doigts de retomber amoureux. Merci.

[Lee Van Cleef]

Il y a un bail que Jean-Jacques Beinex a disparu de la circulation, hein ?

Oui, tout comme Jean-Jacques Beineix d'ailleurs

Jamais entendu parler d'un gonze pareil... Mais je lui souhaite quand même la santé.

[Krull]

Non mais sérieusement, y aurait pas un vrai problème d'orthographe sur le nom

[Mortimer]

Ben si, il manque le "i". C'est Beineix et non pas Beinex

[Krull]

Mais le Vieux Li s'en fout

[Edern]

Et si je ne me trompe pas, la petite vignette de l'album ne correspond à l'édition mentionnée (celle de Cinéfonia).

[Starfe]

Troublé, Lee ?


Pas grave pour la pochette, celle du Cinéfonia est moche. Celle-là reprend le superbe visuel de l'affiche, sans le bandeau glace à la fraise du Milan.

[Dadid]

Ah ça, elle est terrible... (Nastassja, pas le pochette de CD !)

[Lee Van Cleef]

Mais le Vieux Li s'en fout

J'ai toujours eu un faible quelque peu coupable pour les orthographes hors-la-loi...

[Edern]

Pas grave pour la pochette, celle du Cinéfonia est moche. Celle-là reprend le superbe visuel de l'affiche, sans le bandeau glace à la fraise du Milan.

Je suis aussi de cet avis... Dommage que Cinéfonia ne l'ait pas réutilisé.

[Lee Van Cleef]

C'est un peu Rebel Without a Cause hérissé de clous et de crêtes punks ; Blade Runner bardé des néons de l'apocalypse ; David Cronenberg passé au rouleau-compresseur de l'obsession fondamentalement japonaise pour la destruction de masse. Akira, dans les années 80, fut un choc traumatique, y compris dans notre verdoyante contrée où l'on s'escrimait encore à travestir le manga et l'animation nippone en sous-produits ramollis du bulbe. Pierrot, qui n'a rien oublié, propose aujourd'hui à son innocent lecteur (et avec quelle maestria !) de s'immerger une fois de plus dans cette époque de bruit et de fureur.

[Sam Lowry]

Quelle analyse de Pierre !! Je n'ai pas de mots. Aussi, vaut-il mieux que je me taise et laisser parler le talent de notre compagnon ! Bravo.

[Lee Van Cleef]

Le soleil resplendit au plus haut d'un ciel sans nuage, les cigales stridulent le traditionnel cantique des beaux jours et la verte frondaison des arbres fraichit agréablement les moiteurs estivales... Dans le cadre d'Epinal d'une France très vieux jeu, riante et romantique comme Hollywood s'est toujours plu à l'imaginer, le bourru Albert Finney et la sensationnelle Audrey Hepburn ne pouvaient qu'avoir l'un pour l'autre un vrai coup de foudre. Si vous ajoutez à cela des airs mélodieux signés Henry Mancini... Mais tout n'est pas aussi rose qu'imaginé devant la caméra de Stanley Donen. Le vieux Van Cleef, revenu tout de sombre vêtu des vertiges de l'amour, vous en dit un peu plus.

[Sam Lowry]

Alors, je vous le dis tout de go, le Mancini en mode easy listening, je n'en raffole pas tant que ça. Et c'est là où le texte de notre ami NinjaBenj fait fort, puisqu'il me donne envie d'écouter ce TWO FOR THE ROAD d'une oreille plus disposée ! Notre empyamé sombre réussit ainsi, en s'invitant dans ce "road movie", le pari de faire de ce score un véritable THREE FOR THE ROAD.

[Lee Van Cleef]

On en a balancé de toutes sortes, des vertes et des pas mûres parfois, sur le compte des anges. On dit d'eux qu'ils sont seuls à avoir des ailes (foutaises ! Regardez comme Emmanuel Macron, alias Jupiter, taquine à l'heure actuelle la voûte céleste), ce qui semble déjà plus orthodoxe que de prétendre que ces êtres de lumière peuvent arborer des figures sales. Et c'est à peine si j'ose évoquer les impudents blasphémateurs pour qui les anges mangent aussi des fayots... Saint Pierrot possède une idée bien arrêtée sur la question, que lui a soufflée naguère Wim Wenders. Bienvenue, aimable lecteur, dans un univers éthéré où passent tels de doux courants d'air les sentinelles du Ciel.

[Lee Van Cleef]

Une fois n'est pas coutume, un peu de pédagogie s'invite dans les pages généralement dissolues d'UnderScores : jeunes enfants, ne cédez pas à la méphistophélique tentation de la drogue ! Elle dégradera votre respectabilité sociale, soumettra à de vifs remous vos liens d'amitié, provoquera le désespoir de vos parents et aura sur votre libido d'embarrassantes conséquences... Bon, qu'on se rassure, avec Otto Preminger aux manettes, Frank Sinatra devant la caméra et Elmer Bernstein qui se déhanche derrière son pupitre, ce genre de fais-pas-ci-fais-pas-ça pesant des tonnes nous sera miséricordieusement épargné. C'est le vieux Van Cleef qui vous l'assure, gentlemen.

[Sam Lowry]

Notre Ninja préféré a sorti sa plume trempée dans le jazz symphonique de Bernstein. Le résultat : NinjaBenj est l'homme au stylo d'or.

[Lee Van Cleef]

Notre Ninja préféré a sorti sa plume trempée dans le jazz symphonique de Bernstein. Le résultat : NinjaBenj est l'homme au stylo d'or.

Tu l'as dit, bouffi ! Mais à l'hypothétique attention des demoiselles tombées par la faute de quelque erreur d'aiguillage en ces lieux de perdition, le vieux Van Cleef est autre chose encore :

[Lee Van Cleef]

Ne chasse pas ce que tu ne peux pas tuer ! Ils sont quelques-uns au moins, dans la jungle que sillonne en travelings reptiliens la caméra de John McTiernan, à le découvrir à leurs dépens. Même le vieux Van Cleef et Pierrot en ont fait la mortifiante expérience, tandis qu'ils se bigornaient tous abdominaux flétris et côtes saillantes dehors pour décider lequel d'entre eux obtiendrait le privilège de s'atteler au très convoité Predator. Au terme d'un match nul (dans tous les sens du mot) qui ne les gratifia que d'une pléiade de plaies et de bosses, les deux éminences d'UnderScores résolurent de fusionner leurs forces. Il en est résulté le présent papier, écrit à quatre mains et gonflé aux corticoïdes, qui beugle à tue-tête la gloire d'Alan Silvestri.