Les petits carnets d'UnderScores

[Scorebob]

Ah ben non , c'est la version de 1963 en fait , zut !

[Lee Van Cleef]

Je vous le demande un peu, honorables gentlemen : pourquoi dilapider chaque été vos économies rabougries dans la quête éperdue de paradisiaques étendues sablonneuses alors qu'UnderScores se fait fort de matérialiser ces sempiternels fantasmes estivaux ? Bon, évidemment, la plage que dévoile aujourd'hui le vieux Van Cleef est du genre à lacérer les orteils de qui commettrait l'impair d'envoyer valser ses chaussures, et l'on n'y voit se trémousser, en lieu et place de bombes sexuelles comprimées dans quatre centimètres carré de tissu, que deux loustics en costard. Mais tendez néanmoins l'oreille : l'accompagnement musical de Mikis Theodorakis, c'est pas tout à fait la même chose que la muzak dégoulinant au Club Med du coin.

[Lee Van Cleef]

Admirez le synchronisme : tandis qu'Arte s'apprête à extirper dès ce soir de ses tiroirs le Münchhausen teuton, ébouriffante, gargantuesque et, en fin de compte, pacifique machine à rêves qui fut, parlez d'un paradoxe, initiée par Goebbels en pleine Seconde Guerre mondiale, la Séquence du Béophile offre dans le même temps asile à celui qui demeure, longtemps après sa mort, l'un des plus fameux bonimenteurs de l'histoire des hommes. Attention cependant, gentlemen : quand Pierrot vous certifie dans le blanc des yeux que la musique de Michael Kamen est un sommet d'inventivité secouée de la cafetière, ce ne sont pas des craques !

[Lee Van Cleef]

Avec tous ces immeubles qui se cassent la margoulette les uns après les autres, c'est au moins Michael Bay, son maître à (ne surtout pas) penser, que le vieux Van Cleef a introduit sur fond d'assourdissantes trompettes dans l'enceinte d'UnderScores. Que nenni ! Eh bien, un Marvel quelconque où les super-mecs chamboulent joyeusement la géographie urbaine, alors ? Macache ! Le projet, détonant à son époque, toujours sidérant aujourd'hui, est autrement noble, mes bons amis. Et d'un point de vue tant cinématographique que musical, d'ailleurs, ce qui présente l'incontestable avantage de nous faire grâce d'une "trevorabinerie" de derrière les cactus.

[Scorebob]

UN MONUMENT! Nous étions ressortis bouleversés de la séance de cinéma lors de la sortie du film ne sachant plus vraiment ou nous étions après tel déluge d'images et de musique hypnotiques, un film et une musique saisissants qui ont marqués toute une génération mais dont "l'avertissement " n'a pas été retenu.
Précisons que la version présentée en couv par le vénérable Lee est la dernière en date et contient le score original du film dans sa continuité et son intégralité à la différence des deux versions précédentes , elle est de loin la meilleure expérience musicalement même si l'on entend ici et là des distorsions étranges de la bande sonore (minimes).

[Lee Van Cleef]

Aaahh, c'était le bon temps ! Celui d'avant la tolérance zéro prônée avec force roulements d'épaules par Rudolph Giuliani et Paul Kersey. A cette époque, les rues de la Grosse Pomme se peuplaient chaque nuit d'une faune fantastiquement bigarrée, et des compositeurs avec le rock dans les veines plongeaient en riant aux éclats dans le chaudron urbain. Pierrot, submergé par l'émotion en soufflant la poussière qui ternissait son cuir sans manches et son couvre-chef rose à paillettes, revigore pour vous et rien que pour vous ces happy days sans rival.

[Mortimer]

Le lien Amazon nous dirige sur le CD Polydor. Ils n'ont pas, à priori le CD La-La Land Records. Je dis ça pour ceux qui seraient tenté de l'acheter.

[Sam Lowry]

C'est par une prose finement ciselée que notre Lee Van Cleef adoré brosse le portrait du personnage lunaire si cher à Pierre Richard. Cet espion sans l'être a inspiré notre Vladimir de la plus belle des manière avec un thème terriblement accrocheur et une orchestration de plus sympathiques. Bravo maitre. Et bravo Lee !

[Lee Van Cleef]

Bravo maitre. Et bravo Lee !

Sur ce coup-là, le vieux Van Cleef s'est fait un peu l'effet d'un Philippe Castelli préalablement bourré d'amphétamines par ses collègues prévenants pour ne pas qu'il tombe raide mort devant les caméras, et ânonnant à son micro le traditionnel "J'ai une histoire !" qui déclenche à tout coup des bordées de lazzis. N'empêche que, ainsi que l'a fait remarquer ce vieux Sam avec une amabilité infinie (c'est bigrement chouette de te revoir dans les parages, Two-Headed Guy !), j'en ai bel et bien une, d'histoire, et du genre à se tenir les côtes. Avec un grand blond curieusement chaussé, forcément... Et zou, la p'tite image qui va (délicieusement) bien !

[Lee Van Cleef]

Le coup du parapluie, vous connaissez ? Non, ça n'est pas un bis de Vladimir Cosma qui aurait décidé de squatter chaque semaine la Séquence du Béophile. Sous les pépins déployés et ruisselants de pluie, Pierrot s'est subrepticement introduit et contemple d'un oeil émerveillé les prodiges chorégraphiques de Johnnie To, seigneur parmi les maîtres stylistes.

[Mortimer]

Wouaw 720 euros le CD chez Amazon !!!! Il doit être au moins en plaqué or

[Lee Van Cleef]

Il doit être au moins en plaqué or

Vraisemblablement oui. Du coup, par la faute de cet excédent chimique maculant le disque, aucune platine au monde n'acceptera de le faire tourner. C'est ballot.

[Sam Lowry]

Le coup du parapluie, vous connaissez ? Non, ça n'est pas un bis de Vladimir Cosma qui aurait décidé de squatter chaque semaine la Séquence du Béophile. Sous les pépins déployés et ruisselants de pluie, Pierrot s'est subrepticement introduit et contemple d'un oeil émerveillé les prodiges chorégraphiques de Johnnie To, seigneur parmi les maîtres stylistes.

J'avoue, sans honte, mais avec quelques regrets, ne pas connaitre ce SPARROW de To. Mais la prose de l'ami Pierrot, couplée au choix de la séquence commentée, me donne envie de combler cette lacune...

[Lee Van Cleef]

Ne t'attends pas à monts et merveilles, compagnon. Le final est à se décrocher la mâchoire, mais tout ce qui précède, au mieux gentiment distrayant, au pire mièvre et traîne-la-patte, fait bien pâle figure comparé aux accomplissements majeurs de To.

[Pierrebrrr]

ah tu m'en veux bougre de vieux ninja hein ?
C'est une perspective possible que celle par laquelle notre gériatre vengeur veux regarder le film de Johnnie.
Mais toi qui a un coeur qui bat, Sam, tu verras peut-être de la délicatesse à la place de la mièvrerie, la flânerie, denrée précieuse, on l'imagine,
à Hong Kong, au lieu et place d'un paresse de traîne la patte, et un joli film fait au gré des envies et des opportunités, là où Lee attend de tous les cinéastes
un tant soit peu talentueux qu'ils ne nous livrent que des diamants purs maniaquement taillés des semaines durant.
Nan je déconne. C'est ça Johhnie To: un cinéaste de séquences, dont celle que j'ai choisie dans Sparrow est le seul grand moment objectif.
Cela dit, subjectivement, j'aime beaucoup le film, que je trouve nonchalant, fin, enlevé, tout entier dédié à la fascination que To a semblé éprouver
pour Kelly Lin, fétichisée avec cette adulation qui semble bien être, parfois, la face lumineuse d'une certaine misogynie.

[Lee Van Cleef]

C'est dans les boyaux d'un véritable coupe-gorge que le vieux Van Cleef vous entraîne cette semaine, à la rencontre de drôles d'oiseaux qu'on ne conseillera pas aux jeunes gens de vertueuse famille de fréquenter : une donzelle portée sur les breuvages qui arrachent et les coups de surin qu'elle donne sans compter à son contrat de fidélité, son légitime qui cogne d'abord et ne prend pas la peine de parler ensuite... Et deux repris de justice qui ont du sang sur les mains. Quincy Jones le sait, mais plutôt que de taper du marteau tel un juge friand des condamnations d'apocalypse, il préfère laisser sa musique refléter avec un sensationnel brio les émotions éparses frémissant en lui.

[Sam Lowry]

Cette trompette bouchée jusqu'à l'os, ces cordes chaloupées et quasi tout le temps à contre-temps, cette basse sourde qui se dandine, tout ça fait de cette musique une sorte de voyage a elle toute seule. Etrange autant que fascinante. Et notre ami Lee l'a fort bien compris.

[Lee Van Cleef]

Foi de Van Cleef, tu parles toi aussi en termes artistement choisis de la musique de Mr. Q, ami Sam. Si d'aventure des envies de chronique te démangeaient à propos du grand homme, succombes-y sans marquer la plus infime hésitation !

[Sam Lowry]

Je pense ne pas connaître suffisamment l'œuvre immense du monsieur pour m'atteler à une si dantesque tache !

[Lee Van Cleef]

Who wants to live forever ? Premier sur la liste (terminées, les éclaircies capillaires ! Oubliée, la flaccidité érectile !), Pierrot hésite malgré tout au seul souvenir des buveurs de sang d'Interview with the Vampire, qui n'ont pas assez de mots blasphématoires pour maudire le fardeau de l'immortalité sous lequel ils se ratatinent. Grand spécialiste des atmosphères pas super jouasses, Goldenthal sait, lui, parfaitement comment rendre palpable le spleen sans fond de ces âmes égarées. Et le moins que l'on puisse dire est qu'il n'y est pas allé de main morte.

[Lee Van Cleef]

La tigresse acculée Trinity porte tout de même admirablement les combinaisons de cuir brillant, n'est-il pas ? Sans doute les mâles fiers et virils ayant tenté l'expérience Matrix dans les salles obscures, au crépuscule du millénaire dernier (mazette, dit comme ça, t'as l'impression que ça remonte à des siècles, mec !), ont-ils éprouvé deux ou trois difficultés à focaliser leur attention sur d'autres points du film. Il y avait pourtant pas mal de choses à dire, parmi lesquelles la musique de Don Davis continue d'occuper une place VIP. Voilà qui tombe bien, le vieux Van Cleef se sent aujourd'hui d'humeur diserte sur le sujet.

[Sam Lowry]

Excellente lecture que cette chronique martiale (et non pas martienne ) du chef d'œuvre de Don Davis. Notre Lee ne cache pas son admiration pour les scansions et autres circonvolutions de cuivres du père Davis, qui flirte habilement avec un langage contemporain, empruntant autant aux compositeurs de nos chers pays de l'Est qu'à ses années passées aux côtés de James Horner dans l'élaboration de morceaux d'action furieux et faussement cacophoniques. Merci ami Lee !

[Lee Van Cleef]

Merci ami Lee !

[Lee Van Cleef]

Guillermo Del Toro aime d'un amour inconditionnel les monstres méprisés et ostracisés, la bande dessinée aux fragrances pulp, les contes de fées ourlés d'un noir tentateur, la sous-culture bariolée de haut en bas et la bière débordant en flots moussus d'une chope rebondie. A un ou deux détails près, hasarderais-je, Pierrot raffole exactement des mêmes choses. Sa route, fatalement, ne pouvait que croiser celle du Mexicain toujours hilare. Mirifique hasard, le diablotin écarlate en personne, notre maître révéré à tous, misérables béophiles, en a profité pour s'asseoir à la même table qu'eux (bon, faut dire aussi, dès qu'on parle bière, on peut être sûr de le voir illico ralléger). Marco Pastrami, qui déambulait par là, achève de transformer ce conclave de cerveaux surchauffés en authentique rencontre au sommet.

[Sam Lowry]

Del Toro a presque toujours (désolé mais le PACIFIC RIM de Djawadi..., non vraiment je ne comprends pas, et encore moins l'enthousiasme de certains d'entre vous ici pour ce score... ) eu un goût très sûr en matière de musique pour ses films. Et c'est d'autant plus vrai sur le premier HELLBOY (le second aussi, dans un autre style), et ça, l'ami Pierre nous le prouve de manière éclatante avec son texte complètement (et à juste titre) enamouré. Merci Pierre.