Les petits carnets d'UnderScores

[Sam Lowry]

Bien joué Pierre ! Dire que je n'avais plus de souvenir de cette HISTOIRE DE FANTOMES CHINOIS ! Tu m'as donné envie de le revoir, non pas pour le rap mais bien pour la qualité visuelle de ce long-métrage.

[Lee Van Cleef]

Le cinéma HongKongais et moi, ça fait deux (si ce n'est plus !).

Tu me fais plaisir, ami Sam. Après que tu aies, à l'occasion du texte sur In the Mood for Love, éclaboussé le cinéma de l'ex-colonie britannique des mots fort peu cordiaux que j'ai pris la liberté de reproduire ci-dessus, je réalise finalement que sa poésie bancale et ses excès uniques au monde sont capables de hérisser d'excitation les poils de tes deux nuques. A la bonne heure !

Séquence culte pour moi, mais ce n'est pas la version chantée que je connaissais par cœur, celle-ci est-elle en cantonnais ou mandarin ?

Ce dialecte-là, bien moins chantant (pour ne pas dire chuintant) que le mandarin, relève sans l'ombre d'un doute des sonorités revêches et braillardes du cantonais que le visionnage de tant de films d'action locaux m'a appris à dompter et, au bout du compte, à aimer.

[Dadid]

Merci. C'est bien ce que je pensais, il faudrait que je consulte, pour me rafraichir la mémoire, mon vieux DVD mandarin/cantonais acheté à l'aéroport de Hong-Kong il y a aujourd'hui des lustres. En France c'était la version mandarine qui était sortie en salle, si ma mémoire est bonne, mais pas toujours en vidéo... certains éditeurs se contentant d'une pauvre indication "VOST", il n'est pas toujours simple de s'y retrouver à-priori. Mais, comme tu le rappelles, le cantonais est plus sec et le mandarin plus coulant et presque chuintant.

[Rork]

Voilà encore une BO dont j'aimerais bien pouvoir profiter si un jour elle sortait...

Merci pour l'article et le souvenir, en tout cas!

[Lee Van Cleef]

Quel gougnafier affublé d'yeux porcins a eu l'outrecuidance de prétendre que le vieux Van Cleef, claquemuré dans ses très passéistes obsessions au point de ressembler à un animal vaincu par l'extinction de sa race et exhibé sur les étagères blanchies d'un taxidermiste, avait toujours au moins quinze métros de retard sur l'actualité ? A l'occasion de la très prochaine sortie dans les salles de la suite tardive (pour ne pas dire lambine) d'Independence Day, le sage et vénérable d'UnderScores a jugé bon de suivre l'exemple du trailer, qui s'amuse à titiller une éventuelle nostalgie en reprenant à son compte le fameux discours ("Best speech ever !!!" comme ils vocifèrent et bafouillent outre-Atlantique) du vaillant Bill Pullman. Pour David Arnold, en tout cas, c'était le bon vieux temps...

[Alien7]

Il y a un second degré évident dans ta description du president's speech, mais il n'empêche que, quoiqu'en puisse en dire ou en penser, c'était vraiment sacrément foutrement autre chose ce score de David Arnold comparé à la bouillie infâme (et même pas enthousiasmante) de Wander et Kloser ! Au moins, c'était fun, on s'éclatait et s'était superbement écrit et orchestré ! Après, des critiques qui ont vu le film précisent qu'il manque effectivement beaucoup de musique par rapport au film (je parle de ID4 2) et que certains morceaux ont été arrangés pour le CD (comme souvent) de façon pas toujours très judicieuse ! Mais il n'empêche qu'il est navrant de constater qu'Emmerich persiste à prendre Kloser et Wander depuis des années alors qu'ils n'ont jamais rien produit de vraiment convaincant pour lui (même 10.000 B.C sonnait comme un score d'action de série-B), en fait depuis la brouille entre Arnold et Emmerich sur THE PATRIOT (quel dommage, mais ça arrive. Cf. la brouille entre Hisaishi et Kitano après DOLLS...).

[Sam Lowry]

Le vieux (mais très honorable) maître Lee nous envoie son commentaire sur l’inénarrable speech du président Whitmore ! Un sommet de gluant patriotisme made in USA que cette scène qui ne faillit jamais de faire naitre en moi l'hilarité la plus estomaquante ! Musicalement, c'est une toute autre chose ! Je regrette le temps où Arnold, poussé par la démesure narrative d'un Emmerich au bord du gouffre de la prétention, savait transcrire de ses notes martiales le danger de l'invasion alienne. Ah Evacuation, Base Attack et autre The Day We Fight Back !! Sans oublier un End Title de folie (ne soyons pas avares en superlatifs car cette composition le mérite amplement) !

[Lee Van Cleef]

Dans mes rêves, on ne serait même pas revenus deux fois sur le même compositeur, mais vu le blindage de certaines carrières, c'est quand même impensable, voire un peu couillon.

Pierrot est donc le premier à avoir cédé à la tentation du bis repetita placente, et de surcroît de façon plutôt voyante : pas même un mois après que votre serviteur au teint cendreux ait bricolé un texte sur Il mio Nome è Nessuno, Ennio Morricone squatte à nouveau la Séquence du Béophile ! Maintenant, quand ce récidivisme éhonté est mis au service d'une analyse si formidablement lustrée d'un des plus fameux titres de gloire du Maestro à Hollywood, seuls les niquedouilles incurables trouveraient le moyen de s'en plaindre.

[Sam Lowry]

au service d'une analyse si formidablement lustrée d'un des plus fameux titres de gloire du Maestro à Hollywood

Je plussoie cette phrase, mon cher Lee. L'ami Pierrot s'est fendu d'une analyse au cordeau. Morricone n'aura jamais été aussi ouvertement outrancier que dans cette mélodie entêtante soutenue par une batterie aux limites de la ringardise : et pourtant, il a vu juste ! Ce peigne-cul en costard d'alpaga qu'est finalement Al Capone n'aurait pu mieux être épaulé que par ce thème clinquant et en même temps emprunt d'une certaine élégance. Une merde dans un bas de soie, en quelque sorte...

[Lee Van Cleef]

Ce peigne-cul en costard d'alpaga qu'est finalement Al Capone n'aurait pu mieux être épaulé que par ce thème clinquant et en même temps emprunt d'une certaine élégance. Une merde dans un bas de soie, en quelque sorte...

"You talkin' to me, uh ? Mozeufeukeu ! You talkin' to me ?"

[Janus]

L'art de faire cohabiter vulgarité et élégance dans un même morceau.

[Lee Van Cleef]

Le tabac, c'est mal ! L'alcool, même coupé d'une généreuse rasade de Vichy Célestins, c'est mal ! Les relations charnelles en dehors des imputrescibles liens du mariage, c'est mal ! Et, dans le même ordre d'idée, la drogue, c'est la porte grande ouverte aux flammes cruelles de l'Enfer ! William Hurt en fait le douloureux constat alors que John Corigliano, en démon tourmenteur et ricanant, harcèle son arrière-train de piques symphoniques des plus aiguisées.

[Janus]

Excellent, mon bon vieux Lee car tu touches là à mon compositeur américain de chevet si on excepte Lalo Schifrin! Bravo!

[Lee Van Cleef]

Le grand Lalo aurait été naturalisé américain, et je ne l'apprends que maintenant ? Pfff, c'est toujours la même rengaine avec le vieux Van Cleef, on lui cache tout, on lui dit rien... A part ça, camarade, je te remercie bien bas pour cette revigorante congratulation. Je m'étais préparé à toutes les réactions venant de toi, y compris les plus acrimonieuses, sachant dès le départ que je m'aventurais sur ce qui est en quelque sorte ta chasse gardée.

[Sam Lowry]

Le vieux (et néanmoins redoutable) ninja arthritique nous convoque à une scène hallucinatoire des plus dérangeante... Le film de Russell avait sans doute besoin des dissonances de Corigliano pour atteindre son plein potentiel. Bravo à notre Benjamin empyjamé pour cette invitation aux confins des délires visuels et auditifs d'ALTERED STATES !

[Lee Van Cleef]

Ah ! là là ! Pas solides, franchement, ces p'tits jeunes... Pour la première fois, gentlemen de vertueuse compagnie, vous ne trouverez trace nulle part de l'infortuné Pierrot, qui soigne à l'heure actuelle un auriculaire tout endolori d'avoir été happé par les mâchoires voraces et indisciplinées d'un casse-noisette en acier rouillé (naaan, en fait, il a juste été victime d'un gros coup de flemme). C'est donc au vieux mais valeureux Van Cleef de partir derechef au front de la Séquence du Béophile, en compagnie des merveilleuses poupées animées par Jiri Trnka. Du pain béni pour le compositeur Vaclav Trojan, qui pouvait laisser éclater là son goût très sûr pour le merveilleux. Mais pas que, loin de là...

[Scorebob]

Le tabac, c'est mal ! L'alcool, même coupé d'une généreuse rasade de Vichy Célestins, c'est mal ! Les relations charnelles en dehors des imputrescibles liens du mariage, c'est mal ! Et, dans le même ordre d'idée, la drogue, c'est la porte grande ouverte aux flammes cruelles de l'Enfer ! William Hurt en fait le douloureux constat alors que John Corigliano, en démon tourmenteur et ricanant, harcèle son arrière-train de piques symphoniques des plus aiguisées.

Mon cher Lee, aussi étonnant que cela puisse paraître l'image du bélier aux sept yeux et aux sept cornes tirée de l' Apocalypse n'est pas une représentation satanique mais Christique:

http://lepetitmondedebrunehaut.xooit.fr ... Agneau.htm

[Dadid]

C'est donc au vieux mais valeureux Van Cleef de partir derechef au front de la Séquence du Béophile, en compagnie des merveilleuses poupées animées par Jiri Trnka.

Avant même de te lire, je ne ferai qu'un mot de commentaire sur ce choix presque osé : bravo !

[Lee Van Cleef]

Mon cher Lee, aussi étonnant que cela puisse paraître l'image du bélier aux sept yeux et aux sept cornes tirée de l' Apocalypse n'est pas une représentation satanique mais Christique:

Je ne m'étais jamais interrogé à ce propos, pour ne rien te cacher, ami Bob. C'est toujours bon à savoir.

Avant même de te lire, je ne ferai qu'un mot de commentaire sur ce choix presque osé : bravo !

Attends quand même de m'avoir lu avant de battre des deux mains ! Qui sait, ton allégresse pourrait, d'un coup d'un seul, s'en trouver réfrigérée... En ce qui me concerne, je ne préfère point parler d'audace, mais de pleine légitimité quant à la présence ici même d'un si bel échantillon de la musique de film tchèque, ce vaste royaume dans les alvéoles duquel j'adorerais me perdre au lieu de continuer à péniblement mastiquer, chez La-La Land, du DC Comics ayant plus qu'outrepassé la date fatidique de péremption...

[Dadid]

Légitimité, oui, mais si la légitimité était la source évidente des décisions prises dans notre beau monde, ça se saurait. En attendant le glorieux futur où cela arrivera, je confirme en bloc : choix du film, musique et surtout article au diapason - c'est à dire parfaits. Comme tu l'as justement rappelé, la volonté humaniste du film, et surtout de sa face musicale (je n'ose parler ici d'illustration ou de commentaire, il s'agit de deux arts jouant un rôle égal, ou presque), nous éloigne agréablement de la propagande guerrière habituelle - même si, avouons-le, celle-ci est parfois bien plaisante à regarder au cinéma !

[Pierrebrrr]

Rien n'est vrai dans les élucubrations du vieux. C'est lui qui m'a supplié.

[Lee Van Cleef]

As-tu seulement idée, Pierrot, de l'insondable frustration dans les béances de laquelle ton absence d'un jour a plongés les fidèles de notre petite rubrique hebdomadaire ? Blême palliatif, ils ont dû se rabattre la mort dans l'âme sur un second galimatias d'affilée portant la marque honnie du vieux Van Cleef. Dorénavant, tu n'as plus le choix : va falloir que tu cartonnes lundi prochain !

Quant à moi, encore tout luisant des pellicules de l'odoriférante transpiration qu'occasionnèrent ces semaines de turbin ininterrompues, je peux enfin goûter à un farniente absolument pas volé ! Inutile de frapper à la porte, gentlemen, je ne suis là pour personne.

[Janus]

Super, l'avatar, mon vieux Lee!

[Dadid]

Suspect instrument entre ces mains... on ne distingue pas très bien l'extrémité de ta tête de la guitare... le manche n'est-il pas prolongé par une lame ? A moins qu'il ne s'agisse d'une lame télescopique, voire d'un six coups maquillé en six cordes...

[Lee Van Cleef]

Parce qu'à UnderScores, on a un faible marqué à l'égard des thématiques bricolées au coin du feu, Pierrot s'est enhardi, pour son retour fracassant, à invoquer d'autres petits génies de la stop motion derrière Jiri Trnka. En l'occurrence, les chouettes petits gars du studio Laika, qui raffolent des antédiluviennes recettes de l'épouvante, des couleurs qui pétaradent et du cousu main. ParaNorman n'est sans doute pas leur plus éclatante réussite, et Jon Brion pas le genre de compositeur dont on éplucherait les mérites à longueur de posts fébriles... mais cette virée criarde au royaume enchanté des zombies vieux jeu ne peut décemment se refuser.