Gravity - Steven Price

[Mortimer]

Il n’y a plus qu’a attendre que Mireille Mathieu nous sorte un tube : Gravity je crierais ton nooooommmmm....
Et le succès sera total !

[Misquamacus]

Bon, le débat est vaste mais (mieux) argumenté là du coup. Moi aussi je rste sur ma position. Et j'écoute le score en préparant mes séances d'entraînements.

[Alcibiade]

Venant tout juste de découvrir le dernier Cuarón (l'engouement médiatique ayant cessé, il était temps de le voir voire de l'apprécier), je reviens donc rapidement sur Cuarón et surtout Steven Price.

Le film est captivant, il faut le reconnaître, mais surtout impressionnant de par ses explosions de satellites ou de modules par des débris fous, et l'immersion dans le vécu claustrophobique des astronautes que ce soit dans les capsules confinées ou dans les combinaisons étroites qui collent à la peau.
Il n'est évidemment pas excellent et ceci parce que la trame psychologique est fine, et la trame métaphysique lourde : le trauma de la perte de l'enfant comme impossibilité de tisser une relation humaine vivante et comme réclusion dans son intériorité : voilà pour l'aspect psychologique.
Et cet envers psychologique est finalement réapproprié dans un cadre métaphysique avec toute l'imagerie de l'embryologie, et de la renaissance. L'insistance sur la scène très « léchée », très « photogénique » et très « profonde » de la position fœtale (un emprunt non au final de 2001 de Kubrick, mais bien plutôt au Final Fantasy de Sakaguchi -d'ailleurs Ryan « Bullock » partage d'étonnantes similitudes physiques et psychologiques avec la fragile Aki numérique) de Ryan lorsqu'elle réussit à atteindre le Soyouz après avoir abandonné Matt est très embarrassante : l'espace est matriciel, et l'apesanteur (ou l'impesanteur) semblable à ce milieu intra-utérin où la vie en gestation est comme suspendue, dans l'attente de l'évacuation. D'où la scène finale, très lourde aussi, où le nouveau-né est proprement expulsé de la capsule, et retrouve la Terre fécondatrice : le sable qui est malaxé, comme la mère que l'enfant enserre.

Bref, rien de nouveau sous le soleil et surtout beaucoup de pesanteur dans l'espace, et le film de Cuarón vaut surtout pour ses prouesses techniques, et la description faite du vécu spatial en « situation », et là chapeau bas, Mr Cuarón.

Pour la musique,..... Et bien non, contrairement à une idée reçue, il n'y a pas de musique dans « Gravity » ; et je vais rejoindre la plupart des interventions mais sans m'aliéner celles des autres.

Il faudrait réviser définitivement le vocable « musique de films » pour parler désormais de « bande-son » (comme certains l'ont bien surligné d'ailleurs). Il y a une bande-son faite d'accélérations et de ralentissements de réacteurs, de quelques notes abstraites qui s’égrainent lorsque l'action laisse place au recueillement, et puis une texture électronique avec un tracé électroencéphalographique plat qui devient silence total lorsqu'un sas de décompression s'ouvre ou un clash fuse (car il n'y a pas de sons dans l'espace, on nous le répète bien assez !).

Et cette bande-son est parfaitement réussie, et elle montre que Steven Price a étroitement collaboré avec le chef-monteur, et qu'il est un excellent « bruitiste ».

Par contre, là où la « bande-son » se transmue effectivement en « musique », c'est lors de la scène finale des retrouvailles avec la Terre-Mère, et nous tombons donc sur LE morceau de bravoure intitulé « Gravity » (plage 16 donc du CD), pièce matricielle donc ! Et malheureusement on se retrouve immédiatement avec tous les poncifs actuels du genre : une chorale qui s'en va crescendo avec une rythmique électro et qui -je regrette- partage des liens fusionnels avec le « Tron Legacy » (le passage « Recognizer ») de Daft Punk, l'« Oblivion » (le passage « Waking up ») de M83, l'« Inception » (le passage « Time ») de Zimmer, et pour la partie vocale le « Elysium » de Amon (le passage « Breaking a promise »).

Bref, je n'innove en rien concernant l'appréciation du travail de Price et je vous rejoins tous d'un certain côté : une excellente bande-son (à passer peut-être chez soi pour avoir des bruits sonores et se concentrer sur une tâche précise, comme il m'arrive parfois d'ouvrir la fenêtre pour l'ambiance de la circulation routière), et c'est tout, et c'est déjà pas si mal, rétorqueront beaucoup.

[Misquamacus]

Merci pour cet avis. Peux-tu nous dire si tu as vu le film en 3D ?

[Alcibiade]

Non, mais je présume que l'effet est décuplé en 3D ; mais de toute façon, la 3D n'ajoute qu'un effet supplémentaire (le petit effet bien connu "kiss cool") à l'immersion (qui dans le cas de "Gravity" est en effet basé prioritairement sur ce concept) mais ne peut changer en rien la qualité, on va dire, narrative ou esthétique d'un film. J'ai trouvé Avatar tout aussi médiocre en 3D qu'en 2D (cela n'engage que moi cet avis rapide, et délibérément posé comme tel, car il faudrait que je développe et le propos n'est pas là, et d'ailleurs pour Cameron, je suis resté trop envoûté par Terminator, Aliens et Abyss), Alice tout aussi affligeant, et cela ne modifiait rien mais strictement rien au Hobbit ou au Pacific Rim.

[Soundtrackman]

Pour ceux que ça intéresse, GRAVITY est diffusé en IMAX à Amnéville (à coté de Metz) en revanche c'est une séance par semaine (le dimanche à 18h ).

Et bravo à Albiciade pour son analyse !!!!

[Benje Socar]

Merci Alcibiade pour cette analyse à laquelle j'adhère pleinement. Dans les bonus du DVD, le travail de Price est brièvement évoqué, et ce dernier paraît très réfléchi, avec les mêmes qualités et les mêmes défauts que le film lui-même (cette "lourdeur" que tu cites abondamment). Lors de mon premier visionnage au cinéma, je n'ai pas pu m'empêcher de trouver cette bande-son trop rentre-dedans, et regretter un travail plus en finesse. Qui sait ce qu'un Bear McCreary aurait pu en tirer ? (Faudrait que je jette une oreille à son Europa Report.) Lors du visionnage Blu-ray, je l'ai mieux appréciée, et de plus en plus au fur et à mesure de son utilisation dans les featurettes. Je suis vraiment partagé entre cette sensation de grosses ficelles, de trop de facilité (surtout vers la fin) et en même temps le fait de reconnaître un travail en profondeur de Price et une qualité d'immersion certaine, ce qui est quand même l'un des buts premiers de la musique de film.

Pour ce qui est de la 3D, c'est l'un des rares films pour lesquels elle me semble vraiment justifiée : elle apporte une lisibilité précieuse aux images, et permet elle aussi une meilleure immersion du spectateur.

[Biguimot]

Autant je n'avais pas fait gaffe à la musique lors de sa sortie en salle, autant à l'écoute elle nous immerge bien dans une ambiance et un état! alors oui c'est pas de la musique de film tel qu'on pourrait l'entendre par Papy Johnny, mais elle fonctionne très bien dans le film et en dehors du film!

[Misquamacus]

Pour ce qui est de la 3D, c'est l'un des rares films pour lesquels elle me semble vraiment justifiée : elle apporte une lisibilité précieuse aux images, et permet elle aussi une meilleure immersion du spectateur.

Oui, voila. A tel point que je me refuse de revoir ce film à plat. J'ai vraiment l'impression que la 3D apporte énormément. En même temps je suis sujet au vertige et certains plans m'ont carrément fait flipper.

[Forrester]

Oui, voila. A tel point que je me refuse de revoir ce film à plat.

Et tu as totalement raison. Après l'avoir vu en 3D en salle, le film n'a pas supporté une vision en 2D à la maison...

D'ailleurs, je pense qu'il s'agit d'un film qui ne peut se voir qu'en salle.

[Lee Van Cleef]

Ce n'était rien d'autre qu'un fantasme, le rêve désespéré de pouvoir enfin échapper au tohu-bohu sonore orchestré par l'infâme Steven Price. Grâce à la collection Diamond Luxe de Warner, ce voeu pieux est appelé à devenir très bientôt une merveilleuse réalité ! Parmi les bonus du Blu-ray auquel le studio met actuellement la dernière main, se distinguera plus particulièrement, pour nous béophiles aux oreilles persécutées, une "Silent Space Version" flanquée d'un titre suffisamment parlant pour que je n'ai pas besoin d'en tartiner des couches explicatives. Doux Lucifer ! Redécouvrir le film de Cuaron SANS le carnage auditif qui l'enrobait jusque-là... Un gadget de peu d'intérêt pour la plupart des acquéreurs futurs, sans doute, mais un inestimable présent pour le vieux Van Cleef.

[Malastrana]

D'ailleurs le score de cette nouvelle version est déjà en vente et pour pas cher.

[Nesquik]

D'ailleurs le score de cette nouvelle version est déjà en vente et pour pas cher.