Taboulez a écrit :Et bien moi je n'y entends même pas le minimum syndical à vrai dire. Mélodies grossières et vulgaires au possibles (mais peut-on réellement parler de "mélodie" en regard de ces vagues motifs patauds ?), harmonie dénuée de couleur et plate au possible (si l'on excepte quelques rares mesures dissonantes un peu plus denses que les autres), et orchestration à peine passable (mais en nos jours de vaches maigres certains sautent de joie à la simple idée qu'un compositeur puisse encore faire un usage correct du pupitre des bois... alors que dans un monde normal utiliser les bois devrait simplement être considéré comme banal).
Comme le dit Dadid un peu plus tôt dans la discussion, il est inconcevable de comparer cette partition avec la grâce mélodique, la richesse harmonique ainsi que la virtuosité rythmique et orchestrale des premiers Star Wars de Williams. Mais bon...
À mon sens Giacchino est incapable de raffinement et toute sa carrière le démontre. En vérité ce qu'il sait faire de mieux c'est donner dans la petite mélodie sympa et ludique (à la manière de ses travaux pour Pixar) ainsi que dans le mickey-mousing énergique pulsation à la clé (Pixar encore), le tout agrémenté d'une orchestration claire et simple, là il est dans son élément. Il devrait s'en tenir à ça, car ça donne des choses amusantes à écouter.
La mélodie toute simple de John Carter, dans sa déclinaison la plus calme (un peu à la Barry) est également sympathique, bien que là encore dénuée de tout raffinement, et se laisse écouter avec plaisir.
Même si je conviens très bien du fait que le travail de Giacchino pour Jupiter ne tutoie pas les monuments pondus par Williams ou Goldsmith, il me semble que tu y vas un peu fort quand même. Je ne partage pas vraiment les reproches que tu formules quant aux qualités intrinsèques du score, et au style de Giacchino. Je reconnais que sa compo pour Jupiter Ascending ne m'a pas emballé dès la première écoute, mais elle me procure désormais beaucoup de plaisir, au même titre que Filou qui l'évoquait précédemment. Alors certes, j'écoute peut-être davantage avec mon coeur qu'avec mon cerveau sur ce coup-là, mais je ne pense pas que ce soit un mal pour autant.
Le problème c'est qu'à mon sens, il n'y a pas de "monde normal": il y a un monde fait en partie de tendances, qu'on appréciera ou pas - c'est selon - et aujourd'hui, Giacchino m'apparaît quand même plutôt comme se plaçant à contre-courant de ce qui se fait ailleurs de manière générique. Assez logique donc que l'utilisation qu'il fait de l'orchestre paraisse rafraichissante à nombre d'entre nous, même si elle n'est ni originale, ni sans doute aussi maîtrisée que chez les monstres sacrés.
Pas trop d'accord non plus sur le fait que Giacchino serait dépourvu de raffinement, mais c'est peut-être une question de sensibilité personnelle. Il est vrai qu'il est très apprécié généralement pour le style de partition qu'il applique aux Pixar, mais ça serait quand même sacrément triste s'il devait se borner à composer exclusivement ce genre de choses. Par exemple, j'aime beaucoup ce qu'il avait créé pour les 3 premiers jeux vidéo de la série Medal of Honor, des oeuvres qui m'impressionnent toujours autant à l'heure actuelle que lorsque j'en avais fait l'expérience la première fois. Je dois dire que ça tranche pas mal avec ces partitions Pixar, et serait plus à rapprocher justement des John Carter et autres Jupiter Ascending. Et moi, c'est là que je l'apprécie le plus, le gars !