Et en avant la musique !

[Janus]

Autant abattre toutes mes cartes sans finasser : j'aime Hollow Man, son thème vénéneux à souhait qui tient la dragée haute à celui de Basic Instinct, ses brasillements subits de suspense, son dernier acte haletant... En bref, tout ce qui fait de ce score, à mes yeux plissés au fin fond de leurs orbites, la dernière oeuvre majeure de maître Jerry (en compétition féroce, tout de même, avec Timeline). Le poids des mots du vieux Van Cleef, et maintenant, le choc des vidéos ! Si, après ce genre de démonstration, il s'en trouve encore et toujours pour regimber...

J'ai aimé l'extrait musical de Hollow Man; il y a quelque-chose de bien senti dans cette musique, dans sa couleur, son développement, son côté rampant et vénéneux...enfin, c'est comme ça que je l'ai ressenti. Si toute la B.O. est dans cette veine, je pourrais bien me laisser tenter. En revanche, son Timeline est un véritable pensum pour mes oreilles, mécanique et "rasoir" à souhait. J'ai été très déçu. D'après moi, la compétition féroce n'a pas lieu, sauf si l'extrait que tu nous as présenté est l'unique bon passage de Hollow Man.

[Edern]

il y a quelque-chose de bien senti dans cette musique, dans sa couleur, son développement, son côté rampant et vénéneux...enfin, c'est comme ça que je l'ai ressenti. Si toute la B.O. est dans cette veine, je pourrais bien me laisser tenter.

Le côté rampant et vénéneux est bien présent, surtout dans les deux premiers tiers de la musique, et de manière très proéminente dans le générique d'ouverture (combiné au visuel "flottant" du film, c'est très évocateur), qui n'est pas sans rappeler Basic Instinct. Si tu aimes la piste Isabelle Comes Back, tu apprécieras probablement sa "jumelle" plus optimiste, This Is Science.
Le dernier tiers de l'album vire en plein dans l'action tonitruante (probablement trop proche de Timeline à ton goût) et horrifique, mais il y a deux variations stridentes de motifs (dans la piste Bloody Floor puis une autre plus violente dans The Big Climb) que je trouve très efficaces et qui donnent une personnalité très menaçante à cette dernière partie plus mouvementée.

[Janus]

Merci pour ce complément d'information. Ce titre est à présent noté dans mon petit carnet des choses à découvrir.

[Lee Van Cleef]

Comme je n'ai pas vu Seventh Son (dois pas perdre grand-chose, je dirais), il m'est ardu de garantir l'exactitude chronologique de la musique propulsée vedette dans cet extrait. N'empêche que ça ressemble en tous points à ce qu'il est généralement permis d'attendre d'un training montage, avec ses ostinati la jouant serré et le thème principal qui file au pas de course, cependant qu'à l'écran un Jeff Bridges au poil argenté et son jeune têtard récitent l'antique partition du maître sévère et du disciple trop bouillant.

[PatrickB]

Merci pour ce complément d'information. Ce titre est à présent noté dans mon petit carnet des choses à découvrir.

Eh bien, merci à vous aussi, ça me donne envie de découvrir ce Goldsmith que je ne connaissais pas (et il y en aura d'autres !).
comme il n'est pas encore sorti en "expanded" et que Varèse se met sur ce créneau, j'attendrai un peu.

[Lee Van Cleef]

Une fois n'est pas coutume, le vieux Van Cleef s'est fendu d'un carton d'invitation à l'adresse de son ennemi de toujours, l'infâme (et immortel, hélas !) Hans Zimmer. Mais ne vous attendez pas malgré ce geste en apparence conciliateur à ce que j'enterre sans rechigner le katana de guerre, oh ! non. Pas alors qu'on voit ici l'aigrefin patauger sur quelque champ de bataille germanique, et transformer le mythique Mars de Holst, que d'aucuns considèrent non sans raison comme l'une des plus formidables musiques de guerre jamais composées, en choucroute crevée de saucisses rances. Du coup, je la balance même pas en entier, cette scène, parce que faudrait quand même pas déconner, non plus, hein...

[Scorebob]

Du coup voir la chose jouée par un orchestre rend l'ensemble moins monolithique même si la composition ne brille pas par sa subtilité.:

[Lee Van Cleef]

Aujourd'hui, le vieux Van Cleef, ayant effectué un petit crochet par la filmographie de James Horner, vous propose une tranche à la fois moelleuse et légère de lyrisme aromatisé à la cornemuse. Entre les mains du regretté Monsieur, le folklore potentiellement lourdingue devient pudeur flamboyante.

[Lee Van Cleef]

Foutue bonne pioche que cet extrait de la suite sévèrement burnée de First Blood, où l'un de mes passages préférés du score est mis à l'honneur. Pendant que Rambo caresse sa pétoire d'un doigt fétichiste, presque énamouré, maître Jerry monte peu à peu en régime jusqu'à ce que le thème in-your-fucking-face du héros explose (pour ce qui est la première fois, sauf calembredaines grossières débitées par le vieux Van Cleef) dans toute sa mâle splendeur. Si, quelque part dans la cohorte des actuels pourvoyeurs de gros son, se trouve un type, ne serait-ce qu'un seul, capable de faire couler autant de feu dans les veines d'un film d'action, alors nom d'un katana jumelé à un lance-roquette, qu'il se fasse connaître sans plus lanterner !

[Nesquik]

J'adore ce morceau
Sans aucun doute mon préféré de cette partition avec l'étourdissant "Escape from torture"
Bon dieu, qu'est ce que tu nous manque Jerry

[Lee Van Cleef]

Si la mode des tee-shirts décorés d'inscriptions abracadabrantes avait été lancée dès l'Antiquité, des cohortes d'esclaves terrassés par la déshydratation auraient pu en porter un proclamant : "J'ai rencontré Jésus et c'est un mec à la cool". Et pendant que Charlton Heston remercie humblement le premier hippie de l'histoire de l'humanité, le vieux Van Cleef donne d'amicales tapes dans le dos de Ben-Hur, grâce auquel, pour la seconde fois après la séquence des galères, Miklos Rozsa est invité à participer à ce beau topic.

[Lee Van Cleef]

Ceux qui aiment Danny prendront le train ! Comptez le vieux Van Cleef parmi ces dévots, qui ne seront point trop nombreux pour soutenir Elfman dans les algarades ferroviaires l'opposant à la gratte pré-Eraser d'Alan Silvestri, ainsi qu'aux coups de boutoir choraux de Chris Young. Mais que fabriquent donc les contrôleurs ?

[Lee Van Cleef]

L'empoignade liminaire entre Spidey et son ancien camarade est même de la partie, bien que je ne puisse malheureusement que la considérer comme un bonus un peu frustrant, car amputé de moitié.

Réputé surtout, et plutôt sinistrement, pour ses tranchants talents de destruction, le vieux Van Cleef est aussi capable de réparer avec des gestes emplis de tendresse. L'aérienne séquence de combat de Spider-Man 3 évoquée ci-contre, et présentée cette fois dans son intégralité, en atteste.

[Citizen Cancre]

Après la confrontation "maison"... La réunion !!

[Lee Van Cleef]

Après la confrontation "maison"... La réunion !!

Cancre un jour, Cancre pour l'éternité... Allez zou, Citoyen, écoute plutôt l'homme à l'index comminatoire et file de toute la vitesse de tes petites jambes, en n'oubliant bien sûr pas d'emporter sous ton bras ces deux liens sévèrement hors-sujet. Ah ! ces d'jeuns, faut tout leur dire, faut tout leur faire...

[Lee Van Cleef]

Qui a dit qu'Alan Silvestri n'était rien qu'un bûcheron de la double-croche, tout juste capable d'écarquiller les yeux d'un air effaré quand on se hasarde à lui demander autre chose que ses sempiternelles échauffourées martiales ? Oui, oui, un gros paquet de monde, il faut l'avouer... Surgissant de l'ombre tel un redresseur de torts cagoulé de noir, le vieux Van Cleef est heureusement sur le point de rabattre leur caquet à tous ces rabat-joie. Et ça grâce à Beowulf, dans lequel notre compositeur oenophile s'abandonne en même temps que Zemeckis aux turpitudes freudiennes. L'homme de Predator qui s'ébat en plein symbolisme ruisselant à grosses gouttes ? Eh oui, gentlemen, eh oui.

[Lee Van Cleef]

Gentlemen, si d'aventure vous aviez sous la main trois petits quarts d'heure à tuer, laissez-moi donc guider vos regards vers ce gros morceau de bravoure, qui présente à la queue leu leu toutes les scènes musicalisées du monument de feu, de chair et d'acier de Katsuhiro Otomo, Akira. Il arrive ici et là que des versions alternatives prennent le pas sur les originaux, et que les transitions sonores parfois abruptes du film voient leur rugosité rembourrée d'un peu de satin. Qu'importe. L'anticonformisme perpétuellement surprenant de Tsutomu Ohashi continue de prendre aux tripes, depuis les choeurs scandant dans une galvanisante anarchie les noms des protagonistes jusqu'au mysticisme gavé d'insolites percussions qui s'abat sur les immeubles déracinés de Neo Tokyo. Une véritable symphonie du chaos, dont l'effronterie a peu de chances de brimbaler à nouveau un écran de cinéma, qu'il soit du Japon ou d'ailleurs.

[Lee Van Cleef]

En digne assassin vêtu de noir, ombre furtive parmi d'autres ombres, le vieux Van Cleef n'a jamais eu peur de s'engouffrer, katana au poing et shuriken coincé entre les dents, dans les plus sinistres antres de la terre. Mais se lancer à la découverte des entrailles virtuelles de la Toile relève d'une tout autre expérience, gentlemen... J'avoue avoir hésité à inaugurer sur Vimeo (carrément plus flexible, pour ne pas dire laxiste, que l'impitoyable YouTube) un compte bariolé de mes purpurines couleurs. Mais puisque j'aime ce topic et que je me refuse à le laisser mourir, victime d'une pénurie grandissante de matière première, il ne me restait d'autre choix que de plonger mes mains momifiées dans le cambouis ! Après tout, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Etant seul maître à mon bord, je me suis amusé pour cette première fois à restaurer musicalement la scène d'ouverture de Lethal Weapon 2. Enfin, quand je dis "amusé"... Bien que Kamen ait chiadé aux petits oignons le synchronisme image-score, j'ai réalisé bien vite qu'il me faudrait procéder ici et là à divers ajustements, articulés dans la mesure du possible autour des maigres balises musicales qu'avait disséminées le film. Autant dire qu'à jouer du katana pour couper des notes indésirables (trente secondes, grosso modo, ont fini écharpées), l'impression d'agir en profanateur de tombe m'a souvent assailli... Le résultat, forcément subjectif, me satisfait pourtant. Et j'estime, en toute franchise, que Richard Donner a eu grand tort de succomber au syndrome Bullitt.

A côté des sueurs froides et grincements de dents fumasses que m'a valu cet exercice (passionnant, malgré tout) d'assemblage sonore, le combat final du même film est passé comme sur un roulement à billes. Là aussi, des notes finalement écartées à la table de montage se promènent, sauf que j'ai choisi cette fois de les conserver telles quelles. J'aime bien l'idée que Kamen ait voulu tonitruer jusqu'à la dégringolade vengeresse du container, alors que le film lui coupe la chique au profit d'un gros "badaboum !!" Subjectivité de ma part, encore...

[Edern]

Bien joué, Lee. C'est un joli boulot que t'as fait là.
Je me suis toujours dit que la référence musicale aux dessins animées de la Warner Bros. devait correspondre à l'apparition du logo WB, mais ça ne devait pas coller avec le montage du film, j'imagine.

[Le Yéti]

Super travail, cher Lee.

Ah. Kamen me manque. On savait rigoler à l'époque.

[Lee Van Cleef]

Merci pour la revigorante guirlande de compliments, gentlemen. De quoi m'encourager à redoubler d'efforts ! Justement, la suite arrive à l'instant même, toute pimpante. Maître Jerry est aux commandes, et donne hardiment sus à l'ennemi enturbanné. Résultat, l'une de ses plus nobles partitions des années 70, qui valait bien la peine que je procède à nouveau à quelques respectueux tripatouillages (ce coup-ci, je n'ai plus seulement sacrifié quelques notes par-ci par-là, mais doublé à un moment donné une strophe entière. Le morceau, à l'évidence, était un poil trop court pour accompagner la scène jusqu'à son terme) afin qu'explose au grand jour sa formidable valeur narrative.

Je me suis toujours dit que la référence musicale aux dessins animées de la Warner Bros. devait correspondre à l'apparition du logo WB, mais ça ne devait pas coller avec le montage du film, j'imagine.

Dans un premier temps, j'avais calé le début de la musique à cet instant précis (car c'est à peu près ce que fait le film). Mais je me suis vite rendu compte du décalage rédhibitoire que cela occasionnait sur les images. Kamen aurait sans doute pu y remédier si l'option "musique à fond les ballons" avait été finalement préservée.

[Lee Van Cleef]

Vous, gentlemen, à qui on ne la fait plus, vous doutiez pertinemment que le vieux Van Cleef ne mettrait guère longtemps à balancer dans sa toute nouvelle baraque à vidéos une petite "ritalerie" de derrière les fagots. C'est désormais chose faite avec l'une des plus séduisantes et entêtantes mélodies que je connaisse de Riz Ortolani, laquelle éclabousse de son lyrisme la fin misérable d'un flic obnubilé par sa mission purificatrice.

[Lee Van Cleef]

Que diriez-vous, mes vaillants compères, de vous carrer sous les crocs un doublé Popaul ? Non pas l'invite graveleuse que vous redoutez peut-être venant de moi (faut toujours rester vigilant avec ce que déblatère le vieux Van Cleef), mais quelques fulgurantes montées d'adrénaline chez un certain Hollandais violent... A la révision, j'ai pu mesurer, détail rigolo qui ne m'avait pas autant frappé jadis, à quel point le roi Basil s'amuse à taquiner dans RoboCop un mickey-mousing dopé à l'ironie (les gadins que le méchant Boddicker se mange à tour de bras). Maître Jerry, en revanche, n'est pas là pour galéjer. Dans le final de Total Recall, auquel je m'étais fait la solennelle promesse de rendre sa férocité cyclopéenne mise à mal par Verhoeven, il déclenche un tsunami symphonique qui bouleverse et retourne jusqu'aux entrailles mêmes de la planète rouge !

[Le Yéti]

Mon cher LVC, merci pour ce travail. Une nouvelle pièce à ajouter au dossier prouvant la puissance de Total Recall — si cela restait encore à démontrer.

Au passage, je me demande toujours aujourd'hui ce qui est le plus terrorisant dans Total Recall… L'homme-viande hachée qui se fait mitrailler dans l'escalator ou bien les trois animatroniques dans votre extrait, qui m'ont fait encore une fois mouiller mon pantalon.

[Scorebob]

Carlito's Way:

Fin du film avec orchestre live.