Et en avant la musique !

[Lee Van Cleef]

Reçois toute ma gratitude humectée, cher vieux Trooper, pour être parvenu grâce à quelques liens ad hoc à détourner un vieillard mélancolique de la solitude qui le taraudait depuis le lancement de ce topic ! Et mine de rien, ledit fil commence à se garnir d'une jolie petite tripotée de références, contredisant ainsi de la plus belle des manières mes prédictions funestes quant à sa espérance de vie.

[Lee Van Cleef]

Aujourd'hui, le vieux Van Cleef vous propose d'emboîter le pas à Bill Conti, volant, courant et bondissant sur le ring de Rocky II. Outre d'incontournables références à son matériau thématique pour l'opus originel, le compositeur, qui décoche ses uppercuts symphoniques au même rythme que les deux gladiateurs se rouant de coups, ne manque pas de souligner via des cordes cotonneuses et de brefs barrissements de cuivres à quel point la mise en scène de Stallone, pour le meilleur comme pour le pire, est plus stylisée que celle de John Avildsen.

[Soundtrackman]

Du grand Art !!!

[Lee Van Cleef]

Le jidai geki revu et corrigé par Edward Zwick et Hans Zimmer, c'est un vaste programme, que l'éternel amateur de cinéma japonais qu'est le vieux Van Cleef a eu bien de la peine à digérer. Ceci dit, nos deux fossoyeurs du bushido ont parfaitement su accorder leurs violons tout au long de cette sinistre entreprise. Quand arrive l'inévitable charge finale, les cuivres pachydermiques et les cordes suintantes de l'un répondent avec toute la finesse et l'à-propos que l'on pouvait subodorer aux ralentis baveux dont l'autre, capable de manufacturer de l'émotion bon marché à la demande, sature l'écran jusqu'à le faire exploser en morceaux.

[Lee Van Cleef]

Celui-là est un peu facile, je l'admets. Probablement subjugué par la musique d'un Bernard Herrmann toujours vaillant, François Truffaut a amputé certaines séquences-clés de La Mariée Etait en Noir de tous leurs dialogues ainsi que de l'essentiel de leurs bruitages, hormis, bien sûr, le coup de feu fatidique, moteur de la terrible vengeance de Jeanne Moreau. Autant dire que l'internaute de fort bon goût qui a jeté ce petit montage sur la Toile n'a pas eu à nettoyer grand-chose sur la bande-son... Qu'à cela ne tienne, le résultat est un parfait client pour mon topic sous-alimenté. Il permet aussi d'apprécier l'alchimie tout à fait étonnante qui opère entre la mise en scène de Truffaut et la reprise funèbre de la Marche Nuptiale, lourde de malheurs.

[Lee Van Cleef]

Si d'aventure une âme généreuse souhaitait m'aider à repousser coûte que coûte le trépas de ce topic, je suis prêt à lui indiquer une piste jalonnée de trésors : les James Bond de David Arnold, dont une jolie palanquée de morceaux d'action sont à l'honneur sur le Tube. Pour ma part, je me réserve l'ouverture façon bulldozer de Casino Royale, où pirouettes "yamakasiennes" et chambard à grande échelle vont de pair avec les ruades symphoniques que le compositeur décoche avec frénésie.

[Lee Van Cleef]

Deux pour le prix d'un, aujourd'hui, avec The Wizard of Oz, le seul et unique. Sans plus attendre, embarquons avec l'innocente Dorothy à bord de son logis emporté et ballotté comme un vulgaire fétu. Devant la fenêtre changée en hublot, la Méchante Sorcière de l'Ouest est à l'affût, donnant d'emblée à Harold Arlen l'occasion de faire délicieusement grincer l'une des charnières majeures de la partition. Etape suivante, le long serpent sinueux de la Route de Brique Jaune, qu'il est vigoureusement déconseillé aux pieds sensibles et aux genoux creux de parcourir en sautillant. On admirera la dextérité de la musique, à deux doigts de sombrer dans les tréfonds du mickey mousing casse-noisettes, mais se jouant des tentations trop faciles avec une bonne humeur invincible.

[Lee Van Cleef]

Ne comptez pas sur maître Jerrry pour bâcler le boulot, même lorsqu'il n'a visiblement rien d'autre en tête que de s'amuser. Avec le cabotinage délicieux d'un George C. Scott revêche comme principale source d'inspiration, il transforme le score de The Flim-Flam Man en une curiosité des plus sympathiques, qui ne paye pas de mine au premier abord mais parvient sans effort à distraire son homme. La preuve avec cette poursuite aux doux relents de slapstick, où l'apparente simplicité de la ligne mélodique n'empêche pas une sophistication discrète de l'instrumentarium.

[Lee Van Cleef]

Dur, dur de régler son pas sur le pas des géants. Brian Tyler en sait quelque chose, lui qui a confronté à quelques reprises sa technique du bourrinage de masse à celle de nos vaches sacrées. Alien vs. Predator : Requiem le voyait déjà sortir groggy de son bras de fer avec Horner et Silvestri ; dans la foulée, John Rambo lui a fait mordre la poussière au terme d'un pugilat aussi sanglant qu'inégal face à maître Jerry lui-même. Incomparables musicalement (les rafales de cuivres mal dégrossies de Tyler sont dispersées aux quatre vents par les explosions symphoniques de Goldsmith), les deux méthodes voient également béer entre elles un gouffre narratif. Loin de la redoutable habileté du génie californien à faire fusionner images et musique en un tout respirant l'harmonie, le père Brian, uniquement soucieux d'un impact bas du front, fait cravacher son orchestre comme on exhorterait un boeuf à tirer une charrue. Et ce n'est pas la reprise aux allures de post-scriptum du thème guerrier de Rambo II et III qui aidera à faire prendre des vessies pour des lanternes.

[Scorebob]

C'est horriblement gore dis donc! berrrrrrrrrrrrrrk!

[Mortimer]

C'est horriblement gore dis donc! berrrrrrrrrrrrrrk!

Petite nature !

[Sam Lowry]

Loin de la redoutable habileté du génie californien à faire fusionner images et musique en un tout respirant l'harmonie, le père Brian, uniquement soucieux d'un impact bas du front, fait cravacher son orchestre comme on exhorterait un boeuf à tirer une charrue.

Mon cher maitre au katana, voilà désormais que tu enfonces les portes ouvertes ?...... Bien entendu que Brian Tyler n'est pas (et ne sera sans doute jamais) Jerry Goldsmith. Mais tout de même, sans crier au génie, ce qu'il fait dans cette séquence d'action pure et dure me semble au dessus du tout-venant RCPien non (ne serait-ce que sur les crescendos d'action qui me semblent moins redondants que ce qu'on peut entendre chez les messieurs de l'usine Zimmer) ? Ce qui me semble le plus curieux dans tout ça c'est l'absence totale de la section des bois de l'orchestre dans ce grand final de boucherie guerrière (ce qui ne permet pas à la musique de s'envoler) et notamment dans les parties "action" (ce que Goldsmith savait, lui, injecter à bon escient) alors que dans d'autres scores il est capable de le faire (en moins bien que ton compositeur fétiche, bien entendu). Est-ce un choix délibéré de sa part ? Je pense que oui mais il faudrait lui poser la question...

C'est horriblement gore dis donc! berrrrrrrrrrrrrrk!

Oui, mais c'est pour mieux mettre en opposition la fin de cette scène où Rambo contemple son....... heu...... "oeuvre"........... Quand Julie Benz prend dans ses bras l'un de ses infortunés compagnon et que la caméra filme Rambo en train de voir cela, il y a là tout le propos du film, à mon sens : la redemption de Rambo s'est exprimée par la rage et la violence et il le comprend tout en étant persuadé qu'il a fait "ce qu'il devait faire parce que c'est (tout ?) ce qu'il sait faire"............ Je trouve ça plutôt "intelligent". Mais je suis un peu de parti-pris car j'aime beaucoup ce dernier Rambo.

[Lee Van Cleef]

Bien entendu que Brian Tyler n'est pas (et ne sera sans doute jamais) Jerry Goldsmith. Mais tout de même, sans crier au génie, ce qu'il fait dans cette séquence d'action pure et dure me semble au dessus du tout-venant RCPien non (ne serait-ce que sur les crescendos d'action qui me semblent moins redondants que ce qu'on peut entendre chez les messieurs de l'usine Zimmer) ?

Le meilleur dans l'histoire, camarade, est que je suis tout à fait en phase avec toi. Sauf que je ne vois pas là un motif suffisant pour me satisfaire sans broncher de ce qui n'est rien d'autre qu'un pis-aller. Mais dans l'obscurité épaisse et venteuse, mon timide filet de voix n'offre pas davantage de résistance qu'une brassée de feuilles mortes... Faut dire aussi que je ne fais rien qu'à chercher les complications, en soutenant envers et contre tous les béophiles trop bonne pâte que beaucoup de scores, en nombre bien plus élevé que ce qui est communément accepté, n'ont pas ce qu'il faut dans le ventre pour réellement "fonctionner" à l'écran. John Rambo n'en représente certes pas le cas le plus stigmatique, mais la symbiose image/musique ne sort pas exactement grandie des cataractes de décibels que Tyler éructe à loisir.

[Bmcready]

C'est horriblement gore dis donc! berrrrrrrrrrrrrrk!

Oui, mais c'est pour mieux mettre en opposition la fin de cette scène où Rambo contemple son....... heu...... "oeuvre"........... Quand Julie Benz prend dans ses bras l'un de ses infortunés compagnon et que la caméra filme Rambo en train de voir cela, il y a là tout le propos du film, à mon sens : la redemption de Rambo s'est exprimée par la rage et la violence et il le comprend tout en étant persuadé qu'il a fait "ce qu'il devait faire parce que c'est (tout ?) ce qu'il sait faire"............ Je trouve ça plutôt "intelligent". Mais je suis un peu de parti-pris car j'aime beaucoup ce dernier Rambo.

Entièrement d'accord avec toi Sammy

[Lee Van Cleef]

Cette nouvelle fournée est marquée du sigle du Pastrami, avec le suspense riche en adrénaline de Knowing, la catharsis triomphale de Soul Surfer et l'emphase aussi brève que cuivrée de Blade II. Voilà de quoi faire amende honorable auprès de Pazu, qui a toujours coincés en travers du gosier tous les trucs méchants que j'ai griffonnés sur les dernières oeuvres du sieur Marco.

[Lee Van Cleef]

Tout fan(atique) qu'il soit des immenses Citizen Kane et The Magnificent Ambersons de son totem musical Bernard Herrmann, notre compagnon le Cancre n'en oublie pas pour autant de donner un peu de son temps à quelques autres morceaux d'Hollywood, à commencer par John Williams et ses Harry Potter avec lesquels il se sent beaucoup d'affinités. Du coup, j'imagine qu'il devrait beaucoup apprécier cette longue joute sportive, en tout cas bien plus que les sinistres sires dont les commentaires, juste en-dessous du lien proposé, laissent transparaitre une certaine animosité, si j'ose dire.

[Citizen Cancre]

Mon cher Van Cleef, quelle délicate attention de votre part !

Les commentateurs sous la vidéo ne sont que des rustres qui n'ont pas compris la noblesse de l'exercice dont le but transparaît pourtant dans la description faite par l'auteur de la vidéo.

Je vous invite à écouter la musique de la joute dans le 2ème film, musique très proche d'une piste de l'épisode 2 de Star Wars par ailleurs. Mais hélas, c'est peut-être sans les voix et les bruitages mais également sans la vidéo ...

[Lee Van Cleef]

Encore une louche de fantasy avec jeune héros imberbe, sorcier bien intentionné et créatures fantastiques, mais nettement moins labellisée "pour les gniards" que les aventures du gentil binoclard de Poudlard. La raison pour laquelle, sans doute, Alex North a eu les coudées franches pour déployer dans Dragonslayer (presque) tout l'éventail de sa formidable exigence musicale.

[Lee Van Cleef]

Ecartelé entre mon épiscopale probité et le désir de maintenir en vie coûte que coûte mon beau topic, j'ai hésité à inclure cette suite d'Eraser. En tentant de bricoler un digest de quinze minutes des séquences boum-badaboum du film, son auteur n'a pas eu d'autre alternative que de jongler avec les divers morceaux écrits par Silvestri ; lesquels, du coup, ne sont pas toujours raccord avec les images et, par la même occasion, tanguent violemment à l'extrême limite des principes que j'avais moi-même énoncés. Mais les coutures presque invisibles et le montage dynamique de cette vidéo méritaient bien un "merde !" libérateur balancé à la tronche du règlement.

[Cinéphonia]

Ecartelé entre mon épiscopale probité et le désir de maintenir en vie coûte que coûte mon beau topic, j'ai hésité à inclure cette suite d'Eraser. En tentant de bricoler un digest de quinze minutes des séquences boum-badaboum du film, son auteur n'a pas eu d'autre alternative que de jongler avec les divers morceaux écrits par Silvestri ; lesquels, du coup, ne sont pas toujours raccord avec les images et, par la même occasion, tanguent violemment à l'extrême limite des principes que j'avais moi-même énoncés. Mais les coutures presque invisibles et le montage dynamique de cette vidéo méritaient bien un "merde !" libérateur balancé à la tronche du règlement.

C'est marrant que tu en parles car je me le suis écouté aujourd'hui sous le casque. D'ailleurs je trouve que JNH s'est bien inspiré du thème pour son King Kong... C'est même littéralement du plagiat!

[Citizen Cancre]

D'ailleurs je trouve que JNH s'est bien inspiré du thème pour son King Kong... C'est même littéralement du plagiat!

C'est marrant, je ne trouve pas. Il y a quelques ressemblances mais rien de frappant. Ou alors mes oreilles sont passées à côté ? Un moment précis à me conseiller pour illustrer ton propos, SVP ?
Et puis ce pauvre JNH a dû composé King Kong en trois semaines. Cela ne justifie, certes, pas un plagiat, mais à mon sens, cela peut s'analyser en une circonstance atténuante, non ? D'autant que je trouve ce score très réussi.

Ecartelé entre mon épiscopale probité et le désir de maintenir en vie coûte que coûte mon beau topic

Héhé. On le souhaite tous. Je voulais mettre une vidéo de Spider-Man 2 avec la musique originale de Danny Elfman, et non pas celle de Chris Young qui a finalement été retenue, mais je ne la retrouve pas...

[Lee Van Cleef]

Manifestement grand fan de Silvestri (qui l'en blâmerait ?), le bon samaritain tenant la vedette du post quelques étages au-dessus a aussi fabriqué une longue suite consacrée à Judge Dredd. Là encore, les morceaux de dialogues épars et l'agrégat de scènes se succédant à vive allure, parfois au détriment du tissu musical, flirtent d'un peu trop près avec un hors-sujet disqualifiant. Reste que plusieurs passages ont tout à fait leur place ici, comme les yeux ahuris qu'ouvre Rob Schneider sur la délirante architecture de Mega-City One, le slalom aérien entre les buildings colossaux ou le dernier hommage que rendent les Juges à Max von Sydow, condamné à l'exil dans le no man's land. Tout ça sur une partition absolument homérique.

[Lee Van Cleef]

Dimitri Tiomkin, nul ne l'ignore, c'est l'Americana dans toute sa gloire rayonnante (ou plutôt indigeste, diront les estomacs fragiles) et des trompettes qui fanfaronnent sans reprendre leur souffle. En de trop rares occasions, il a été autre chose d'étonnamment exigeant, et The Thing from Another World en reste peut-être la meilleure démonstration. Si les scientifiques et les aventuriers du Pôle qui se démènent à l'écran veulent croire à une découverte incroyablement bénéfique pour l'humanité, Tiomkin, avec ses cuivres furibards et les lamentations ectoplasmiques du theremin, joue franc jeu d'entrée : non seulement nous ne sommes pas seuls dans l'univers, mais nos voisins d'outre-espace, comme à l'accoutumée dans la SF des années 50, ne sont pas du genre à venir cordialement prendre le thé.

[Lee Van Cleef]

Et dire que ce sont les peu fréquentables loustics de Remote Control qui vont m'aider à maintenir ce topic sous une assistance respiratoire des plus précaires ! Encore qu'à l'époque de Face/Off, je crois me rappeler que la boîte de tonton Hans s'appelait toujours Media Ventures. C'était l'époque où John Powell, loin de constituer une signature à lui tout seul, était tout particulièrement perméable au style maison, et la poursuite finale, bourrée jusqu'à l'écoeurement de tous ces tics de composition auxquels mon oreille est notoirement sensible, ne dit pas autre chose. Un ou deux affleurements thématiques fort timides se font pourtant entendre, en un vague écho du travail dramatique déjà plus soigné que Powell avait fourbi pour le meilleur film américain de monsieur Woo. Les prémices du règlement de comptes dans l'église sont à ce sujet assez éloquents, même si on ne peut pas dire que les arrangements ventripotents dont a fait l'objet le Miserere Mei, Deus d'Allegri soient du meilleur goût.

[Lee Van Cleef]

Le Caped Crusader vu par Tim Burton m'avait aidé auparavant à remplir le réservoir de ce topic, souvent au bord de la panne sèche. Le voici aujourd'hui qui se laisse à nouveau tomber des cieux enténébrés de Gotham pour ôter une autre écharde de mon orteil rabougri. L'occasion est belle d'admirer avec quelle maestria Elfman donne le tempo tout le long d'une haletante chasse à l'homme ; et dispense, au passage, une leçon d'ostinato bien sentie aux faiseurs à la petite semaine, toujours prompts à s'acharner jusqu'au sadisme sur le pupitre des cordes.