Et en avant la musique !

[Lee Van Cleef]

Pas le moins du monde, Morty. Chez Vimeo, tout n'est qu'amour, paix et félicité, aux antipodes lointains d'un YouTube à la fréquentation certes incomparable, mais bondé de gardes-chiourmes toujours prêts à dégainer matraque et carnet de contravention. Moi-même, je n'y ai pas fait de vieux os : ma toute première vidéo (la poursuite en bagnoles de Lethal Weapon 2) s'était ainsi carrément trouvé interdite de visionnage dans le monde entier ! Une sanction écarlate m'ayant privé sans ambages d'un éventuel recours à quelques truanderies dont certains esprits rebelles, dit-on, useraient à tire-larigot pour se jouer de la police virtuelle...

[Lee Van Cleef]

Ce n'est pas tous les jours que l'occasion me tombera toute fumante sur les genoux de rendre honneur à la musique de film hongkongaise, cette dernière étant ce qu'elle est, victime éternelle du consumérisme frénétique de l'industrie locale. Alors quand passe à portée un sympathique échantillon, primesautier et guilleret tout plein, et que sa bonne humeur permet de surcroît de crever d'une fugace accalmie la chape de plomb obscurcissant ce dimanche morose à plus d'un égard, il n'y a vraiment plus à procrastiner.

[Lee Van Cleef]

Au tour de Georges Delerue de bénéficier des bons (?) offices du vieux Van Cleef ! Attention, c'est du compositeur parti à l'assaut des à-pics les plus dentus de son art qu'il s'agit, non du mélodiste irrésistible. De toute manière, on voyait mal Oliver Reed et Alan Bates, tous deux en tenue d'Adam (pourvu que ces images fugitives des appendices virils bringuebalant en tous sens ne déchaînent pas sur ma pauvre tête les cris d'orfraie de dame Censure !), s'empoigner si férocement sur un doux friselis de hautbois... La proposition initiale du grand Georges ayant laissé Ken Russell sur sa faim, cet affrontement au coin du feu a fini par hériter de la musique d'un autre passage (en fait, une scène d'amour. Eh oui). Les deux vous sont cérémonieusement proposées par votre dégarni serviteur.

[Mortimer]

(pourvu que ces images fugitives des appendices virils bringuebalant en tous sens ne déchaînent pas sur ma pauvre tête les cris d'orfraie de dame Censure !)

Il y a bien pire sur Viméo et pas toujours avec la mention "Adulte" dessous !

[Alien7]

Pas le moins du monde, Morty. Chez Vimeo, tout n'est qu'amour, paix et félicité, aux antipodes lointains d'un YouTube à la fréquentation certes incomparable, mais bondé de gardes-chiourmes toujours prêts à dégainer matraque et carnet de contravention. Moi-même, je n'y ai pas fait de vieux os : ma toute première vidéo (la poursuite en bagnoles de Lethal Weapon 2) s'était ainsi carrément trouvé interdite de visionnage dans le monde entier !

C'est parce que sur Youtube, il faut faire appel à un Network. En gros c'est un gars qui s'occupera des droits d'auteur liées au contenu de tes vidéos et qui en échange, touchera une commission sur chaque rémunération liée aux publicités. C'est le plus simple pour ne plus être embêté par les problèmes de droit sur Youtube, et en plus ça permet d'être rémunéré pour les vidéos qu'on poste...

[Lee Van Cleef]

Voilà qui est bon à savoir, Alien septième du nom. Mais je me trouve déjà un petit peu trop bien au creux du nid douillet que j'ai fabriqué chez Vimeo pour mettre tes astuces en application. La preuve, deux nouveaux spécimens, estampillés western, viennent de débarquer sur mes étalages : le premier signé Maurice Jarre, pour l'un des plus curieux titres du genre dans les seventies, l'autre artistement composé par le roi Basil au bénéfice d'une mini-série de première bourre.

[Lee Van Cleef]

Vous connaissez le vieux Van Cleef par coeur, gentlemen : les deux furies écumantes à la langue de vipère et aux ongles acérés de From Russia with Love, lui, il les aurait fait se rouler jusqu'à plus soif dans une mare de boue. Reste que je ne pouvais espérer plus beau préambule que ce torride crêpage de chignon au cycle James Bond/John Barry fabriqué par mes pognes studieuses. Après cette délicate mise en jambes, on s'attaque à plus robuste avec le fameux interrogatoire laser de Goldfinger, à mes yeux le plus efficace morceau de suspense de toute la saga Bond grâce à la discrète variété des angles de caméra, à la progressive décomposition d'un Sean Connery impuissant (c'est à peine s'il réussit à contenir un soupir d'indicible soulagement lorsque son ennemi décide d'épargner in extremis son service trois pièces) et à l'efficacité sans faille de Barry.

[Sam Lowry]

Bravo, ami Lee, pour ces montages bondiens !!! Mais avec tout le respect que je dois à ce fantastique mélodiste qu'était John Barry, et même si son DANCES WITH WOLVES est un délice à mes oreilles, il m'apparait plus qu'évident que le bonhomme faisait souvent le minimum syndical dans les séquences d'action. Sa musique se prête mieux au suspens, à l'aventure et à la romance. Mais ce n'est que mon point de vue.

[Lee Van Cleef]

il m'apparait plus qu'évident que le bonhomme faisait souvent le minimum syndical dans les séquences d'action. Sa musique se prête mieux au suspens, à l'aventure et à la romance.

Ah ça, mettre les gaz et foncer bille en tête n'a jamais été le dada du grand John. En déduire fatalement qu'il s'en contrefichait au point d'expédier sans remords le moindre passage estampillé "boum-badaboum" serait, à mon sens, une erreur grossière. Pour tout avouer, j'aime plutôt pas mal l'aspect posé, mûrement réfléchi pourrait-on dire (rythme qui prend le temps d'enfler, bois et "petites" percussions épaulant souvent les barrissements des cuivres, quand ils ne les supplantent carrément pas), que gagne sa musique d'action au détriment des giclées d'adrénaline piquantes.

[Lee Van Cleef]

Encore une aimable trotte avec l'agent le moins secret de sa gracieuse Majesté ? A moi, en tout cas, la promenade a grandement plu. Un merveilleux parfum estival cerclait de ses volutes caressantes un carnaval plein de formes chamarrées (bien que des personnages pas forcément très recommandables y traînaient leurs guêtres) et flottait au-dessus des eaux paisibles de l'Archipel, diaprées d'ondoyants reflets. Le genre d'escapade qui vous requinque un vieux birbe de mon espèce en moins de deux !

[Sam Lowry]

Belle doublette ami Lee ! Même si je dois reconnaitre que je préfère le Barry langoureux du second extrait à celui plus (mollement) percussif du premier...
Merci.

[Lee Van Cleef]

John Barry n'a pas toujours joui d'égards princiers au sein de la saga Bond, tant s'en faut. Rabotées, ripolinées, dédaigneusement écartées, parfois éparpillées façon puzzle, ses partitions conçues avec une dévotion suprême ont pu garder de leur passage à l'écran quelques disgracieuses scrofules. C'est le cas des deux échantillons du jour, la balade au-dessus des monts enneigés d'On her Majesty's Secret Service, qui troue un tapis symphonique ininterrompu d'intermèdes muets, et la rocambolesque poursuite digne d'Hergé de Diamonds Are Forever, où les malicieuses montées de sève du compositeur sont réduites à portion plutôt congrue. Mais le vieux Van Cleef, tout-puissant en son antre, a décidé d'y mettre son grain de sel, notamment avec le second qui fait l'objet entre les mains tavelées du doyen d'UnderScores d'une très libre réinterprétation musicale.

[Sam Lowry]

Le dépouillement dont fait preuve feu Barry dans cette séquence de DIAMONDS ARE FOREVER confine quasiment sa musique au bas rôle de papier peint peu inspiré... Enfin, ce n'est que mon avis... Mais merci ami Lee pour cette double salve barrytruante.

[Lee Van Cleef]

Le dépouillement dont fait preuve feu Barry dans cette séquence de DIAMONDS ARE FOREVER confine quasiment sa musique au bas rôle de papier peint peu inspiré... Enfin, ce n'est que mon avis...

Ha-ha ! J'avais l'imputrescible conviction que cette séquence, avec son xylophone à la cool et son détachement un brin rigolard, te taperait en plein dans l'oeil ! Et la suite, qui nous porte finalement à la rencontre du regretté Roger Moore, ne devrait pas manquer de te conforter dans ces excellentes dispositions d'esprit, m'est avis... Reste néanmoins, juste derrière, une curiosité. Une séquence forte dont je me demande encore comment elle a pu naître parmi les indénombrables embardées très camp de l'ère Moore.

[Sam Lowry]

Une séquence forte dont je me demande encore comment elle a pu naître parmi les indénombrables embardées très camp de l'ère Moore.

Ah là voilà ! D'accord ! C'est tout de suite beaucoup mieux dès qu'on ajoute un tout bête motif de cordes tournoyant non ?
Merci pour ces synchro en tout cas, cher Lee ! Il faudra que je te demande un de ces jours comment tu pratiques cet art qui doit être un rien casse-pompon...

[Le Yéti]

Reste néanmoins, juste derrière, une curiosité. Une séquence forte dont je me demande encore comment elle a pu naître parmi les indénombrables embardées très camp de l'ère Moore.

La meilleure scène du film pour moi, avec un Barry en grande forme. Merci pour ce moment.

[Lee Van Cleef]

Merci pour ces synchro en tout cas, cher Lee ! Il faudra que je te demande un de ces jours comment tu pratiques cet art qui doit être un rien casse-pompon...

Je ne me suis pas senti aussi décontenancé que tu sembles l'imaginer, vieux Sam. Dans l'absolu, il ne s'agit encore et toujours que de trancher, sectionner et tailler dans le lard à coups de katana... Il n'en reste pas moins qu'avant de me lancer dans cette drôle d'entreprise, je n'avais jamais vraiment réalisé à quel point l'ouvrage de nos chers compositeurs pouvait faire les frais de montages pointillistes. Oh, nulle manoeuvre castratrice à déplorer sur les écrans de cinéma, en règle générale, mais de petites poignées de secondes qu'on envoie dinguer par-ci par-là dans le bas-côté. La plupart du temps, je trouve néanmoins passionnant d'avoir à m'exercer moi aussi aux subtilités de cette chirurgie musicale. Saute donc le pas à ton tour, camarade ! Je te devine un peu effaré, mais surtout séduit par cette perspective. Franchement, si un clampin dans le genre du vieux Van Cleef, qui a toujours considéré son clavier d'ordinateur comme un adversaire aux mille roueries, s'en est montré capable, alors n'importe qui peut mener ses propres bricolages vidéos à bien.

[Lee Van Cleef]

Pas le moins du monde, Morty. Chez Vimeo, tout n'est qu'amour, paix et félicité

J'ai parlé trop vite ! Et pourtant, je suis bien placé, en tant qu'assassin de l'ombre, pour savoir qu'il n'y a jamais eu que haines séculaires et kunaïs planté entre les omoplates en ce bas monde... James Bond m'a tuer ! Plus exactement, ma vidéo suivante dédiée à Octopussy a braqué sur ma chétive personne l'oeil de Big Brother, lequel, de toute évidence courroucé par certaine partie du titre du film (et que je vous laisse le soin de deviner, gentlemen), m'a accusé sans ménagement d'outrage mortel aux moeurs vertueuses. Et c'est ainsi, de fil brisé en aiguille tordue, que mes petits montages se sont tous retrouvés sous séquestre et que l'on m'a jeté à la rue tel le dernier des malpropres. Quelle humiliation cuisante pour le vieux Van Cleef !

Mais je n'ai pas l'intention de jeter l'éponge, pas alors que je suis loin d'avoir rendu hommage à tous les scores qui se bousculent dans mon esprit. Peut-être vais-je m'introduire à nouveau dans la place-forte Vimeo, caché sous l'un des mille visages qui sont l'apanage des guerriers ninjas ; peut-être me mettrais-je en quête d'un autre asile, plus hospitalier ; peut-être, aussi, serait-il judicieux d'étudier d'un peu plus près l'éventualité soumise par Alien7 de m'en remettre à un network (mais du diable si je sais comment fonctionne tout ce sacré bazar)... Bah, je trouverai bien ! En attendant, allons voir un peu du côté des copains : aux dernières nouvelles, maître Jerry prépare un voyage interstellaire pas piqué des hannetons.

[Sam Lowry]

En attendant, allons voir un peu du côté des copains : aux dernières nouvelles, maître Jerry prépare un voyage interstellaire pas piqué des hannetons.

Rhhhhaaaaaaaaaaa, ça c'est le Goldsmith que j'aime ! Ces motifs de cordes virevoltants (superbe passage lorsque les altos font monter la mélodie en reléguant les violons en contrepoint), ce rythme impeccable, ce crash de cymbales, bref, la classe absolue.

[Sam Lowry]

ma vidéo suivante dédiée à Octopussy a braqué sur ma chétive personne l'oeil de Big Brother, lequel, de toute évidence courroucé par certaine partie du titre du film (et que je vous laisse le soin de deviner, gentlemen), m'a accusé sans ménagement d'outrage mortel aux moeurs vertueuses.

Tu m'en vois consterné, ami Lee ! ... Tout ce travail d'orfèvre dont tu as fait preuve jeté aux oubliettes !.. Le Grand Oeil des modérateurs au cul-serré a encore frappé...

[Lee Van Cleef]

Tout ce travail d'orfèvre dont tu as fait preuve jeté aux oubliettes !

Pas fou quand même, hein, le vieux Van Cleef : il n'en subsiste plus la moindre trace sur Vimeo, mais mes petits films sont toujours à portée de main, en rang d'oignon sur les étagères de bois blanchi où je les couve d'un oeil protecteur. Le tout, maintenant, est de dégotter une nouvelle auberge qui leur accorderait le gîte et le couvert.

[Dadid]

Tout le problème est là : quelle auberge aurait envie d'ouvrir naïvement ses portes à un tel balafré, un loup solitaire aux traits burinés taiseux comme la tombe d'où il parait sortir, toujours prompt à sabrer l'insecte qui le courrouce ? Il faut l'avouer, ça fait désordre.

[Lee Van Cleef]

Je l'ai assez clamé du haut de ma petite estrade branlante improvisée sur la grand-place d'UnderScores : le divin Michael et ses tas de boulons peu avares d'atomiques horions sont de retour ! Depuis dix ans que ça dure, les vidéos mettant en valeur les musiques maximus bourrinus du parrain Hans et de sa clique de patibulaires consigliere se sont multipliées tels des petits pains à la surface du Tube. Celle-ci, réceptacle de l'un des plus emblématiques passages de la série, en est une parmi une kyrielle d'autres. Si le coeur vous en dit, gentlemen, vous pouvez fouiner à la recherche de ces petits tubes concentrés de décibels mastocs, vraiment pas bien difficiles à trouver, nettement plus coriaces à digérer, par contre.

[Lee Van Cleef]

Certes, notre confrère béophile a pris quelques libertés avec le découpage de Truck Turner, ne pouvant probablement supporter l'idée de le laisser parsemé de blancs alors que l'excellent morceau d'Isaac Hayes, long de presque dix minutes, offrait généreusement matière à les combler. Mais je suis enclin à passer l'éponge sans rechigner, d'abord parce que son petit bricolage respecte en grande partie l'usage qui fut fait jadis du score sur la table de montage, et ensuite parce que je me suis déjà moi-même rendu coupable de ce genre de pratique jonglant avec la plus élémentaire déontologie. Quoi qu'il en soit, le résultat final a une pêche d'enfer, et c'est bien là l'essentiel, gentlemen.

[Lee Van Cleef]

Les trois pelés énurétiques, les deux tondus malheureux aux machines à sous et le veilleur de nuit narcoleptique qui composent les groupies du vieux Van Cleef se languissaient épouvantablement. Qu'ils laissent éclater un soulagement salvateur ! Leur acariâtre maître revient ! Et à l'endroit même d'où la brigade des moeurs, effrayée par le sous-texte graveleux du titre Octopussy, m'avait chassé sans la moindre cérémonie. Parce que j'ai la dent dure et la vengeance à fleur de katana, comme il n'est plus grand besoin de l'apprendre à quiconque, mais aussi (euh, surtout) parce que l'on m'a claqué au nez toutes les autres portes auxquelles je m'étais hasardé à frapper... En tout cas, la leçon a été retenue : plus question de s'atteler à des films capables, rien que par leur intitulé, de faire jaillir les grenouilles justicières de leur bénitier. Pas de Moby Dick version Philip Sainton, pas de Threesome de Thomas Newman, pas de Dick Tracy à la Danny Elfman, et parce qu'on n'est jamais trop prudent, pas de Black Hole signé John Barry non plus.

En attendant, je n'ai pas passé les derniers mois qu'à ruminer dans l'ombre mes pensées vindicatives. Toutes mes anciennes vidéos ont refait un tour par le métier à tisser, même si ça n'était, les trois quarts du temps, que pour les ponctuer d'un banal fondu au noir. Mais j'ai doté deux ou trois d'entre elles d'une meilleure qualité vidéo (RoboCop et surtout Moonraker, qui en avait bien besoin). Plus important, j'ai bricolé à nouveau certains montages musicaux qui me laissaient depuis le début sur ma faim, à commencer par les deux extraits de Lethal Weapon 2... Voilà, gentlemen, vous savez tout. C'est désormais par ici que ça se passe. Le temps pour moi d'en finir avec mon cycle James Bond odieusement interrompu, et nous pourrons reprendre le cours ordinaire de nos petites affaires musico-cinématographiques.