Et en avant la musique !

[Edern]

Arf, tu tortures ma conscience, Lee! Va falloir que je déterre cette chronique inachevée de Nowhere To Run... Mais je pressens qu'une fois devant le texte mort-né, je me dise une nouvelle fois "à quoi bon?"

[Lee Van Cleef]

Mais je pressens qu'une fois devant le texte mort-né, je me dise une nouvelle fois "à quoi bon?"

Pas de mine désabusée et de bras ballants, je te prie, Trooper. On croirait presque entendre Pierrot revenu de tout, tiens ! Mais puisque tu mets le sujet sur le tapis, je me demande surtout, moi, ce qu'il est advenu de ton papier à propos des ombrageuses fanfares d'un homme de loi cachant ses yeux revolver derrière l'impénétrable visière d'un casque métallique... N'oublie pas, mon aide t'est déjà toute acquise si tu le souhaites : aussi fameuse et universellement redoutée soit-elle, la Page Blanche et le damné syndrome qu'elle engendre ne pourront jamais se vanter d'avoir émoussé le tranchant de mon katana !

[Edern]

Merci, Lee, mais dans mon cas ce n'est pas tellement la pertinence de l'exercice qui me mine mais plutôt mon incapacité à formuler clairement certaines idées: dès que j'essaye de creuser un peu je perçois cruellement que mes connaissances musicales sont trop limitées pour écrire quelque chose d'un tant soit peu sensé. Bref, au bout d'un moment, ça bloque

[Lee Van Cleef]

Je le sais bien, Trooper, tu m'avais déjà fait part de ton intense frustration. Et c'est bien pour ça que je réitère ma proposition (mazette, c'est donc exact ce que l'on a coutume de dire au sujet des vieux : quand ils ont une idée quelque part...) de t'aider à faire sauter, tel un bouchon de champagne récalcitrant mais pas invincible, ce foutu blocage contre-productif.

[Lee Van Cleef]

Trevor Rabin, ça n'est aucunement ma tasse de camomille. En tout cas d'ordinaire, car il a pu arriver, pour d'impénétrables raisons, que les penchants bourrins du monsieur engendrent non point la mélasse foutrakédélique qui lui a valu de récolter quelques admirateurs masochistes, mais des opus teigneux dont la parfaite grossièreté n'empêche pas une fort estimable efficacité. C'est dans cette catégorie rarement explorée par Rabin que vient se ranger Dee Blue Sea, dont les coups de bélier à l'aveugle finissent par presque entrer en symbiose avec la mise en scène de ce gros viking hirsute de Renny Harlin. Vous avez dit plaisir coupable ? On en est pas si loin que ça, gentlemen...

[Malastrana]

J'adore ce film, et c'est en effet le meilleur thème de Rabin. Ce serait un beau concept de voir au cinéma un gros moment d'action uniquement porté par la musique, et non par une compétition avec les effets sonores et les dialogues (pour sur que le Jaws Hard de Harlin y gagne dans cet extrait). Bon, c'est un peu le cas avec Gravity mais musicalement on a un peu perdu au change...

[Edern]

Le plus drôle dans cette séquence c'est que le crash n'est même pas réalisé avec des miniatures ou en CGI

[Malastrana]

Le cinéma de qualité des années 90 mon cher ! Ah, Jurassic World par le père Harlin durant cette période bénie, je n'ose même pas le rêver...

[Lee Van Cleef]

Le plus drôle dans cette séquence c'est que le crash n'est même pas réalisé avec des miniatures ou en CGI

Malheureusement pour eux, les squales gloutons, "plus vrais que nature" d'après un Harlin en pleine crise de delirium tremens, ne peuvent en dire autant... De quoi assassiner net toute velléité nostalgique à l'égard du "cinéma de qualité des années 90" tant prisé par notre cher vieux Malastrana, qui, selon toute vraisemblance, ne s'abreuve pas lui non plus que d'eau claire.

[Edern]

Tiens puisqu'on en parle dans le fil Varèse, voici la séquence du train de Back To The Future Part III en musique (et en bruitage aussi... mais sans les dialogues ).

[Lee Van Cleef]

Il me semble bien que le grand Herrmann n'avait encore jamais été invité dans ces modestes pages. Un scandaleux oubli que le vieux Van Cleef se fait aujourd'hui fort de réparer grâce à un matériau de première main, issu de l'une de ses plus mémorables partitions fantasy, The 7th Voyage of Sinbad. Le cyclope aux airs de satyre monstrueux, le dragon enchaîné, le guerrier squelette manipulant en virtuose son coupe-chou à lame recourbée... Presque tout le formidable bestiaire du film répond présent, et nous offre d'admirer avec quelle inventivité Bernie se mouvait dans les inquiétantes brumes de la mythologie.

[Dadid]

Absolument génial. Même si bien sûr Saint-Saëns a dû inspirer à Herrmann ce mini "concerto pour squelette", on n'a jamais fait mieux. Les musiques de films de Fantasy sont tellement sérieuses de nos jours, il n'y a plus la place pour ce genre de fantaisie. Ou bien dans un dessin animé... Les accents plus graves de la musique pour le cyclope, par contre, trouveraient encore leur place dans un film moderne du genre.

[Lee Van Cleef]

Le choc des titans, le vrai, eut lieu non pas face aux caméras de Ray Harryhausen ou de Louis Leterrier, mais bien entre Chuck Norris, yeux plissés sous son bandana écarlate, et David Carradine, resplendissant dans son pull bardé de motifs losange, lors du final de Lone Wolf McQuade. Une empoignade d'anthologie (encore qu'un peu grabataire sous les aisselles) que le viril Francesco De Masi obtint l'insigne honneur de musicaliser, avec l'énergie qui fit sa réputation et même une douce propension au pastiche "morriconien".

[Lee Van Cleef]

Après le bis revigorant de ma précédente intervention, nous partons littéralement aux antipodes avec le classique des classiques, rien de moins que la version de Snow White revue et corrigée par l'oncle Walt. Pour les béotiens confits dans leurs antiques certitudes, un monument de mièvrerie dégoulinante. Manifestement, ces tristes faquins n'ont pas gardé grand souvenir des moments de pur génie noir ouvragés par les perfectionnistes acharnés du celluloïd dont le studio savait alors s'entourer. Et le trio de compositeurs formé par Leigh Harline, Paul J. Smith et Frank Churchill n'est pas le dernier à défendre, que dis-je, à célébrer les glorieuses ténèbres menaçant d'engloutir l'infortunée Blanche-Neige.

[Dadid]

Oui, c'est très beau graphiquement et effrayant à la fois, et les yeux à la fin... j'imagine qu'en 1936/37 nombre de gamins ont dû se ratatiner dans leurs fauteuils! J'aime beaucoup aussi l'animation des "effets", par exemple les éclaboussures d'eau, très reconnaissables des Disney de cette époque. Plus encore que les dessinateurs des décors magnifiquement nuancés de ce film, ces animateurs spécialisés comptent parmi les héros oubliés de l'histoire de l'animation... Quelques années plus tard, dans Fantasia, ils allaient jouer un rôle de premier plan.

[Lee Van Cleef]

Star Wars encore et toujours ! Si vous avez un peu de temps devant vous, gentlemen, alors installez-vous tout à votre aise et dégustez donc ce trio de vidéos bricolé plutôt adroitement par un fan opiniâtre. Tout l'acte terminal de Revenge of the Sith y est contenu, depuis les combats au sabre-laser sur fond d'apocalyptiques éruptions et la conclusion tragique qui s'ensuit, jusqu'au final porteur des germes de l'espoir. Moi, de réentendre tous ces trucs-là (dont certains manquent cruellement sur l'album, tel ce très beau passage contrapuntique mariant le Funeral's Theme à la flambant neuve Marche Impériale) m'a bien plus stimulé que l'écoute assez circonspecte de The Force Awakens.

[Lee Van Cleef]

Vous avez remarqué ? Il est devenu quasi impossible pour la confrérie d'UnderScores d'aimablement deviser au sujet de Chris Young sans que l'un de ses adhérents ne déboule aussitôt, le cheveu en bataille et l'amertume au bord des lèvres, pour déplorer l'invisibilité (officielle, tout du moins) du score de Spider-Man 3. Tant de suppliantes doléances ont finalement convaincu le vieux Van Cleef d'appliquer un onguent régénératif sur toutes ces plaies jamais refermées. Non pas que l'album rageusement fantasmé somnole au fond de ma manche ! Mais j'ai là quelques liens capables de vous contenter au moins pour un temps, gentlemen, entre la poétique résurrection de Flint Marko et un ténébreux recueillement. L'empoignade liminaire entre Spidey et son ancien camarade est même de la partie, bien que je ne puisse malheureusement que la considérer comme un bonus un peu frustrant, car amputé de moitié.

[Citizen Cancre]

J'ai découvert Chris Young avec Spider-Man 3. Je pourrais presque le prendre pour un affront personnel qu'aucune édition officielle n'ait vu le jour alors que nous allons fêter en mai prochain les 9 ans de la sortie du film éponyme au cinéma.
Mais que dire pour Batman & Robin (1997) dans ce cas ?

[Lee Van Cleef]

Il ne servirait à rien de prendre la défense du pas folichon Supergirl. Mais à l'occasion d'une scène au moins, l'imagination, qu'en général les loukoums super-héroïques de ce genre évitent soigneusement de solliciter, tourne à plein rendement. Quelle forme de cauchemar peut bien revêtir la chose invisible dévastant tout sur son passage ? Que dissimule, avec d'ailleurs une frustrante habileté, la jupette vermillon d'Helen Slater ? A n'en pas douter, maître Jerry, alors qu'il venait de saisir papier à musique et crayon, s'est posé les mêmes questions. Et son inventivité débordante lui a fourni toute la matière sonore dont il avait besoin.

Là est le secret de sa formidable aptitude à électriser à lui tout seul les plus piteux nanars. On lui refourgue un ersatz en carton-pâte d'Indiana Jones, il s'y attelle comme si s'était trouvé derrière la caméra Spielberg en personne, et non un Jack Lee Thompson momifié. On le colle face à une invasion d'abeilles tellement zédeuse qu'aucune des stars qui y déambulent ne semble y croire, et lui, indifférent à l'ampleur du désastre, met aussitôt les petits plats dans les grands. Son ami et partenaire fidèle Franklin Schaffner fusille, mille fois hélas, la fin d'une brillante carrière de cinéaste, et il s'emploie de tout son coeur à donner musicalement naissance à la grande aventure médiévale fantasmée. Quant à Supergirl, eh bien, la sémillante blondinette n'a pas tellement à jalouser les altières envolées orchestrales de son cousin Supes.

[Shardar]

J'ai découvert Chris Young avec Spider-Man 3. Je pourrais presque le prendre pour un affront personnel qu'aucune édition officielle n'ait vu le jour alors que nous allons fêter en mai prochain les 9 ans de la sortie du film éponyme au cinéma.
Mais que dire pour Batman & Robin (1997) dans ce cas ?

Dans le 1er cas, c'est Elfman lui-même qui aurait indiqué à Sony que ce score ne lui plaît pas... Young ne fait pas le poids.
Pour le second, Goldenthal s'est fâché à mort avec le studio Warner Bros. en poursuivant celui-ci quand il a découvert que son score pour Titus avait été honteusement plagié par le compositeur du film 300. Cela s'est réglé "à l'amiable" mais le studio a balck-listé Goldenthal après ça. Il faudra du temps, et des morts, je le crains, pour que de l'eau passe sous les ponts, hélas!

[Lee Van Cleef]

Maître Jerry, le seul, l'unique, l'inégalable, est une fois de plus catapulté par son caudataire décharné (moi, pour ceux qu'auraient pas entravé) sous les éblouissants feux de la rampe ! Honneur, donc, à The Mummy (qui, le temps d'une autre séquence, avait déjà pourvu aux besoins de la présente rubrique, si mes souvenirs sont exacts) et à son escarmouche nocturne que le compositeur met en musique et, quelque part, en scène, avec toute la féroce vélocité caractérisant ses travaux les plus musclés des années 90.

[Lee Van Cleef]

Autant abattre toutes mes cartes sans finasser : j'aime Hollow Man, son thème vénéneux à souhait qui tient la dragée haute à celui de Basic Instinct, ses brasillements subits de suspense, son dernier acte haletant... En bref, tout ce qui fait de ce score, à mes yeux plissés au fin fond de leurs orbites, la dernière oeuvre majeure de maître Jerry (en compétition féroce, tout de même, avec Timeline). Le poids des mots du vieux Van Cleef, et maintenant, le choc des vidéos ! Si, après ce genre de démonstration, il s'en trouve encore et toujours pour regimber...

[Sam Lowry]

Si, après ce genre de démonstration, il s'en trouve encore et toujours pour regimber...

Hmm, comment dire... Pas convaincu...

[Lee Van Cleef]

"Très bien, monsieur Lowry. Je constate, à mon grand regret, que nous n'avons plus
rien à nous dire. Au revoir."

[Sam Lowry]

... et en plus, tu giffises ma bande de comiques préférée... Merci.