Elliot Goldenthal,compositeur rare...

[Janus]

J'ai découvert aujourd'hui sa partition pour The Tempest et,sans hurler au chef-d'oeuvre,j'ai découvert une musique électrique,métallique,rock,avec des moments plus langoureux,d'autres plus corrosifs. J'en ai aimé le climat assez travaillé et rude même si on a guère le temps de s'installer dans cette musique de 35 minutes. J'y aime une certaine agressivité du son,comme un rock organique,fièvreux et acide,mais pas trop. La plage qui me parut le mieux symboliser l'approche de Elliot Goldenthal est la n°5 "Hell is empty",côté chanson; le dernier titre et le plus développé du cd "Prospera's coda" interprété par Beth Gibbons.

N'ayant pas trouvé de fil dédié au compositeur,j'ai pris l'initiative d'en ouvrir un où chacun pourra converser sur des partitions du compositeur américain.

[Soundtrackman]

Connaissez vous sa musique pour FIRE, WATER , PAPER ?
C'est une oeuvre classique (hors bo) qui possède une puissance phénoménale...
Là je suis au boulot, mais j'essayerais d'en reparler ce week end...

[Denshaotoko]

Connaissez vous sa musique pour FIRE, WATER , PAPER ?
C'est une oeuvre classique (hors bo) qui possède une puissance phénoménale...
Là je suis au boulot, mais j'essayerais d'en reparler ce week end...

Je préfère son Othello. Mais, surtout, ce sont ses béos comme Cobb qui m'impressionnent le plus. C'est un compositeur que j'apprécie beaucoup mais, en effet, il se fait trop rare (de quoi vit-il???)

[Scorebob]

du travail de sa Femme JULIE TAYMOR non?

[Denshaotoko]

du travail de sa Femme JULIE TAYMOR non?

Ah, cool, la chaaaaance (comme dirait mon fils). Elle fait quoi, cette dame? Sinon, j'aime aussi énormément A time to kill.

[Janus]

Connaissez vous sa musique pour FIRE, WATER , PAPER ?
C'est une oeuvre classique (hors bo) qui possède une puissance phénoménale...
Là je suis au boulot, mais j'essayerais d'en reparler ce week end...

C'est en fait la première oeuvre sur laquelle j'ai réellement accroché,une oeuvre que j'aime beaucoup aussi. j'ai hâte d'entendre tes impressions!

Je préfère son Othello.

très certainement l'oeuvre orchestrale que je préfère de lui,mais j'adore aussi Juan Darien: A carnaval mass et The green bird dans ses collaborations avec son épouse. Sinon,j'aime aussi la bo que tu cites A time to kill auquel je rajoute volontiers Titus et The butcher boy.

[Homer]

du travail de sa Femme JULIE TAYMOR non?

Ah, cool, la chaaaaance (comme dirait mon fils). Elle fait quoi, cette dame?

Oh rien de spécial, elle réalise juste des films (4, à ce jour).

[Denshaotoko]

du travail de sa Femme JULIE TAYMOR non?

Ah, cool, la chaaaaance (comme dirait mon fils). Elle fait quoi, cette dame?

Oh rien de spécial, elle réalise juste des films (4, à ce jour).

C'est un métier, ça?

Butcher Boy et Titus, je ne connais pas. Peux-tu m'en dire plus, cher Janus ?

[Brother Cadfael]

Oh rien de spécial, elle réalise juste des films (4, à ce jour).

Elle travaille à Broadway aussi (elle a été récompensée pour le The Lion King). C'est elle aussi qui a mise en scène l'opéra Grendel de son mari, et une version de la Flûte Enchantée au Met.

[Starfe]

et la comédie musicale Spider-Man : Turn Off The Dark (avec les musiques et chansons de Bono) qui est enfin (?), après presque 2 années de galère, à l'affiche à Broadway.

[Scorebob]

C'est quand même drôle cette manie chez les ricains de transformer les blockbusters en comédie musicale

[Janus]

Butcher Boy et Titus, je ne connais pas. Peux-tu m'en dire plus, cher Janus ?

Titus est une partition riche et inspirée qui subit plusieurs influences. Le premier thème pour choeur,orchestre et percussions est puissant et viril, vindicatif,le second,sans renier l'esprit du précédent,est plus atmosphérique dans son point de départ. Une percussion semble provenir d'une danse villageoise chinoise alors qu'un choeur masculin entame un récitatif. La musique s'éclaircit avec une voix de femme et un choeur féminin,touchera au sublime par les cordes avant de s'assombrir mystérieusement. Les passages d'action sont redoutables,la plage 5 particulièrement saisissante dans ce domaine. Cette partition est indiscutablement dotée d'une grande force expressive où les influences diverses s'y expriment pourtant dans un tout cohérent...Morceaux de jazz dynamiques,on passe d'un passage atonal à un autre plus rock mais tout aussi halluciné,à des moments orchestraux graves,lyriques et intenses où les solistes ne sont pas noyés par la masse... L'utilisation des choeurs est souvent prenante,magnifique. On retient,par ce flot de notes audacieuses et inspirées,un compositeur décomplexé qui va jusqu'au bout de ses idées,sans fioritures,avec la foi et la maîtrise d'un artiste qui se refuse de donner dans la guimauve,n'a pas peur de déplaire,d'être atonal et expérimental si le besoin s'en fait sentir. Son style peut se décrire par un mélange de force et de brutalité,d'agressivité et d'élégie passionnée,d'audace sonore à la limite de l'excentricité. (Plage 11). Ah! Si la musique de film pouvait toujours être de ce niveau,aujourd'hui,ce serait déjà le pied! Bref,le tout fulgurant de Titus se fond dans un "final adagi" de 8 minutes et de toute beauté.

The butcher boy est déjà plus secondaire mais on retrouve sans peine tout le charisme musical du compositeur avec une orchestration atypique qui flirte intelligemment avec le grotesque. On y rencontre la trompette,l'accordéon,la guitare,le dobro,le Hammer Dulcimer,les percussions et l'électronique,en plus de l'orchestre et des choeurs à certains endroits. Les instruments solistes y sont parfaitement mis en valeur et contribuent à l'atmosphère spéciale de cette délicieuse musique. Je l'apprécie en ce moment-même. Goldenthal y est très reconnaissable. Certains peuvent toujours lui reprocher d'écrire une musique un peu trop clinquante et excessive; j'y entends personnellement tout autre chose; Une forme de génie dont le cinéma a fort besoin.

[Denshaotoko]

Merci pour ces descriptions qui me convainquent, s'il en est besoin, de la qualité du travail de Goldenthal et de la nécessité pour moi de jeter une oreille à ces travaux.

[Scorebob]

Si tu as aimé le FIRE PAPER ORATORIO sache que sa partition pour Batman FOREVER y puise largement avec une dose de délire orchestral azimutée des plus réjouissants.

[Denshaotoko]

Si tu as aimé le FIRE PAPER ORATORIO sache que sa partition pour Batman FOREVER y puise largement avec une dose de délire orchestral azimutée des plus réjouissants.

J'ai beaucoup de mal avec ce Batman, je le trouve justement trop… brownien (comme le mouvement, hihi). Chez Goldenthal, j'aime ses Lament et autres pièces plus calmes quoique déchirantes pour l'âme. J'aime, pour tout dire, quand il fait de la musique de film, c'est-à-dire de la musique accessible et liée à l'image. En ce sens, son oratorio me désarçonne, en tout cas ses premières minutes jusqu'à ce qu'interviennent les cordes et leur lamentation mélodique. Dans Cobb, j'apprécie ce que Goldenthal apporte à la musique de film, c'est-à-dire sa connaissance des techniques de collage chères, par exemple, à Arvö Pärt ou John Adams. Je suis par contre moins fans de ses clusters d'Alien…

[Janus]

Si tu as aimé le FIRE PAPER ORATORIO sache que sa partition pour Batman FOREVER y puise largement avec une dose de délire orchestral azimutée des plus réjouissants.

J'ai beaucoup de mal avec ce Batman, je le trouve justement trop… brownien (comme le mouvement, hihi). Chez Goldenthal, j'aime ses Lament et autres pièces plus calmes quoique déchirantes pour l'âme. J'aime, pour tout dire, quand il fait de la musique de film, c'est-à-dire de la musique accessible et liée à l'image. En ce sens, son oratorio me désarçonne, en tout cas ses premières minutes jusqu'à ce qu'interviennent les cordes et leur lamentation mélodique. Dans Cobb, j'apprécie ce que Goldenthal apporte à la musique de film, c'est-à-dire sa connaissance des techniques de collage chères, par exemple, à Arvö Pärt ou John Adams. Je suis par contre moins fans de ses clusters d'Alien…

Et que penses-tu de son Final fantaisy,les créatures de l'esprit?

[Orion]

(au risque d'avoir l'air de répondre à sa place) J'ai justement réécouté Spirits Within ce matin, et j'aime vraiment cette BO : les passages de furie orchestrale sont vraiment splendides ! Le genre de sensations que seul l'orchestral est capable de donner. Et il y a ce son si particulier où les cuivres, notamment, sont accompagnés par des bois aigus, (je ne sais pas si c'est compréhensible... il faudrait que je donne un minutage précis) : ça, c'est génial ! (d'ailleurs, si vous avez d'autres oeuvres, classiques ou BO, dans ce style-là, je suis très très très preneur !).
Et puis, Adagio and Transfiguration, c'est quand même un sacré morceau, je trouve !

Bref : c'est le seul Goldenthal que je connaisse, mais ça me donne franchement envie de découvrir le reste. D'ailleurs, ce soir, j'ai prévu de me visionner Heat (pas encore vu... la honte...). On verra bien, même si ça ne doit pas être le même style !

[Denshaotoko]

Bonne idée de répondre à ma place: bien que j'aie vu le film en son temps, la musique ne m'a pas laissé la moindre impression et je ne l'ai pas réécoutée depuis, donc je ne peux rien en dire. Faudra que je le fasse, par conséquent. Heat, par contre, je l'aime beaucoup et en fait j'aime beaucoup le CD dans son entier, notamment les pistes qui ne sont pas de Goldenthal. Je trouve que cet album est bien fait et que le choix des musiques a été particulièrement judicieux, (pour une fois). Le score de Goldenthal est, oui, assez différent de ce qu'il a fait par ailleurs: plus actuel, très collé à l'ambiance urbaine du film (notamment la piste Suspensers). Une béo qui montre combien ce compositeur sait se plier aux exigences particulières de l'image!

[Janus]

(au risque d'avoir l'air de répondre à sa place) J'ai justement réécouté Spirits Within ce matin, et j'aime vraiment cette BO : les passages de furie orchestrale sont vraiment splendides ! Le genre de sensations que seul l'orchestral est capable de donner. Et il y a ce son si particulier où les cuivres, notamment, sont accompagnés par des bois aigus, (je ne sais pas si c'est compréhensible... il faudrait que je donne un minutage précis) : ça, c'est génial ! (d'ailleurs, si vous avez d'autres oeuvres, classiques ou BO, dans ce style-là, je suis très très très preneur !).
Et puis, Adagio and Transfiguration, c'est quand même un sacré morceau, je trouve !

C'est une musique que je viens de découvrir,en fait,et si elle ne m'a pas procuré le même effet saisissant que Titus,je retiens certains passages. Puisque
tu parles de furie orchestrale,je l'ai perçue principalement dans "Toccata and dreamscapes" qui développe une architecture musicale intéressante,des contrastes sonores assez étonnants et tu as raison d'évoquer Adagio and transfiguration! Introduction par le beau thème et développement qui feint nous conduire à une apothéose orchestrale,puis,au contraire,c'est un recueillement dans les cordes aigües qui s'installe,poétique et délicat. Cependant,la furie je la trouve encore plus splendide dans "Interview with the vampire,enrichie par quelques accents et éléments baroques et chambristes. Selon moi,on touche là, avec Titus, au meilleur de ce qu'a pu réaliser Elliot Goldenthal pour le Septième Art...enfin,c'est mon humble avis.

[Orion]

Oui, alors Toccata and Dreamscapes, on est vraiment dans la partie la plus dissonante de la BO. Pour ma part, je préfère les autres grands moments, tels qu'on les trouve dans Winged Serpent, Zeus Canon, Adagio and Transfiguration et d'autres encore (je cite de mémoire, je peux me tromper). Cela dit, moi qui suit habituellement assez réticent à l'égard des passages dissonants, je supporte assez bien ce Toccata and Dreamscapes, donc c'est bon signe.

Je vais essayer d'aller jeter une oreille vers une des autres BO orchestrales de ce monsieur... soit Batman, soit Titus, soit Interview... ou alors, une de ses compositions classiques. On verra...

[Gordon Pym]

Lorsqu'il en a envie Goldenthal est l'un des tous meilleurs compositeurs en activité.

J'aime énormément le bien joli métissage cool jazz, bebop et asiatique de GOLDEN GATE notamment. Et COBB ou TITUS restent des oeuvres impressionnantes, tout comme l'adéquation totale entre l'image et la musique de ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE, qui reste une partition fulgurante malgré la rapidité de son délai écriture.

Mais est-il encore intéressé par le cinéma ? J'en doute. J'attends encore un éventuel enregistrement de son opéra GRENDEL, même si ça n'a plus l'air d'être d'actualité aujourd'hui.

[Loki]

Mais est-il encore intéressé par le cinéma ? J'en doute. J'attends encore un éventuel enregistrement de son opéra GRENDEL, même si ça n'a plus l'air d'être d'actualité aujourd'hui.

Pourtant il a son label maintenant, faut juste qu'il se bouge ...

[Lee Van Cleef]

J'ai beaucoup de mal avec ce Batman, je le trouve justement trop… brownien (comme le mouvement, hihi). Chez Goldenthal, j'aime ses Lament et autres pièces plus calmes quoique déchirantes pour l'âme. J'aime, pour tout dire, quand il fait de la musique de film, c'est-à-dire de la musique accessible et liée à l'image.

Moi qui hésitais encore et toujours à réécouter l'inconfortable Un Tranquilo Posto di Campagna de Morricone, je découvre avec un soulagement certain que je vais pouvoir le défenestrer sans remords, vu qu'il ne correspond en rien à la définition que tu nous offres de la musique de film. Ouf ! En revanche, et toujours en suivant tes dires au pied de la lettre, il va me falloir également adresser des adieux déchirants à La Corta notte Delle Bambole di Vetro du Maestro, THX 1138 de Schifrin, From Beyond de Richard Band, sans oublier Coma, The Mephisto Waltz ainsi qu'une belle poignée d'autres admirables pièces de maître Jerry... Bref, toutes ces partitions qui, durant bien des années, ont eu l'audace d'usurper le titre de "musique de film" que je leur avais innocemment octroyé !

[Janus]

Oui, alors Toccata and Dreamscapes, on est vraiment dans la partie la plus dissonante de la BO.

Et c'est pour ça qu'elle est un de mes passages préférés,d'ailleurs! J'espère que tu arriveras à dépasser cette "répulsion" de la dissonance ou de l'atonalisme,car une fois réalisé,c'est une autre porte de la merveille musicale qui s'ouvrira à toi. Personnellement,c'est Morricone...enfin son génie... qui a réduit à néant ma répulsion d'origine et j'y ai gagné un plus grand éventail d'émotions. Mais bon,chaque chose en son temps et à son rythme. La musique est un parcours avec ses étapes.

Mais est-il encore intéressé par le cinéma ? J'en doute. J'attends encore un éventuel enregistrement de son opéra GRENDEL, même si ça n'a plus l'air d'être d'actualité aujourd'hui.

Qu'est-ce qui vous fait penser qu'il n'est plus intéressé par le cinéma? Quelqu'un a des informations à ce sujet? S'il pouvaient jouer Grendel à l'opéra de Chatelet comme ils l'avaient fait avec celui de Shore...

Moi qui hésitais encore et toujours à réécouter l'inconfortable Un Tranquilo Posto di Campagna de Morricone,

Si tu daignes refaire l'expérience de cette partition pourtant novatrice et très inspirée,fait le avec la nouvelle version,plus courte et mieux compilée, qui présente des thèmes inédits plus nerveux et moins statiques que dans la version précédente.

[Manu]

Je me permets de rajouter une de ses plus grandes partitions: Michael Collins avec un final digne de l'adagio de Titus (son autre chef d'oeuvre). J'invite egalement à écouter In dreams et Sphere: deux autre curiosités. Je le suis depuisdepuis Entretien avec un Vampire et je reconnais ma déception de le voir si peu productif....