Les petits carnets d'UnderScores

[Lee Van Cleef]

Tout est bon dans le cochon ! Grand adorateur de la tirelire rose au groin fouineur, Hayao Miyazaki ne pourra qu'opiner religieusement à cette maxime gourmande, sortie par le vieux Van Cleef du panier plein à craquer où la sagesse populaire aime à puiser ses aphorismes fétiches. Quant à savoir ce qu'en pense Joe Hisaishi, sa musique, et tout particulièrement celle de Porco Rosso, dit assez à quel point ce fin gourmet est branché sur une longueur d'ondes identique.

[Dadid]

Ah bin voilà, mais on a déjà eu le temps de la lire 1O fois ta chronique ! Excellent choix d'ailleurs... tout est bon dans le cochon, mais aussi dans le Van Cleef !

[Sam Lowry]

Excellent choix, ami Benjamin "Van Cleef" ! Bien sur, ce n'est pas ce que je préfère chez Isaishi (je goûte volontiers plus ses morceaux lyriques, un brin ampoulés peut-être, certes, mais ô combien jouissifs !)... Néanmoins, j'ai lu ton texte mon plaisir, mon cher !

[Lee Van Cleef]

Ah bin voilà, mais on a déjà eu le temps de la lire 1O fois ta chronique !

Que vous preniez manifestement tous la peine, chaque lundi, au doux chant du coq, de bondir hors du lit tel un ressort se détendant pour vous précipiter, mains moites et yeux écarquillés, sur le nouveau chapitre de la Séquence du Béophile, est comme un onguent crémeux dont on oindrait langoureusement l'ego du vieux Van Cleef. Mais le doyen d'UnderScores, de son côté, a besoin d'un peu plus de temps pour procéder à quelques réglages corporels, toujours fastidieux, indispensables néanmoins à sa bonne tenue en société.

Bien sur, ce n'est pas ce que je préfère chez Isaishi (je goûte volontiers plus ses morceaux lyriques, un brin ampoulés peut-être, certes, mais ô combien jouissifs !)...

Hé-hé ! Je me doutais qu'un tel choix ferait pendre lamentablement quelques lippes déconfites (à commencer par celle de Pierrot qui, mis dans la confidence avant le petit peuple d'UnderScores, n'a pas trop eu l'air de goûter, sur ce coup-là, ce qu'il appelle avec délectation mon snobisme légendaire). Il n'empêche : Porco Rosso est mon Miyazaki favori ; l'histoire dramatique comptée par le replet héros au clair de lune est une de mes trois ou quatre scènes préférées du film ; et la musique du sieur Joe hérisse à chaque fois jusqu'aux poils indisciplinés constellant ma nuque. Bref, le choix était vite vu.

[Dadid]

Explication logique, la tocade était facile, et puis c'est plus vite lu qu'écrit ! D'autant que, concernant le choix film/musique lui-même, je me situe plus dans ton camp que dans celui de Sam-le-bicéphale. Porco Rosso se classe dans mon duo de Miyazaki/Hisaishi préférés, juste après le sublime Totoro - ceci grâce à ce mélange incroyable de poésie, d'humanité et de drame caché dans les rares zones d'ombres de cette Italie solaire et rêvée, plus des avions, des pirates et un homme cochon ! L'ensemble trace avec succès son chemin entre conte et réalisme, entre profondeur des sentiments et personnages naïfs ou clichés, ce qui n'était pas gagné. Une fable émouvante dans un rêve d'enfant. Et la musique de JH plante magnifiquement le décor, trouvant de son côté un bel équilibre entre musique "locale", émotion intimiste et esprit d'aventure. J'ai d'ailleurs une nette préférence pour les Miyazaki des débuts, plus proches de l'enfance, plus concis et naïfs sans doute, alors que la plupart de ses opus matures et récents tendent à mes yeux, en dépit d'immenses qualités, à s'étirer inutilement et se perdre momentanément (du moins me perdre moi) dans les méandres de leurs récits.

[Lee Van Cleef]

UnderScores dérape sur la pente savonneuse du vice ! Une fois n'est pas coutume, le vieux Van Cleef ne peut que plaider son innocence. Non, cette fois, Pierrot est à la manoeuvre, nous entretenant d'ébats lascifs, de corps-à-corps source de plaisirs immémoriaux plutôt que de plaies et de bosses, et de la musique du spécialiste de la bagatelle Alain Goraguer pour mettre en condition le spectateur alléché. Je suis certain, ô ! béophiles érudits, que vous avez déjà une idée très précise du genre de film dont votre Séquence hebdomadaire va vous causer ! Vous subodorez bien... Vous brûlez... En plein dans le mille !

[Lee Van Cleef]

Les conflits générationnels ! On en a tous fait l'expérience, souvent frustrante, à bien des âges de l'existence, ne nous leurrons pas. Mais il peut arriver, par la grâce des cieux, que les violons d'habitude si prompts à s'accabler l'un l'autre de leurs notes grinçantes s'accordent merveilleusement. Voici l'instant rare, les vieilles rancoeurs enterrées et la compréhension partagée, que le vieux Van Cleef espère avoir su capter entre le père et le fils, alors qu'ils s'ouvraient à tous deux leurs coeurs, il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...

[Krull]

J'ai chialé. C'est beau ce que vous faites les gars, continuez

[Sam Lowry]

Purée de pois chiches, c'est beau ce que tu écris Lee !

[Lee Van Cleef]

Heureusement que le vieux Van Cleef, muré dans ses certitudes comme un despote aux abois retranché tout au fond de son bunker, n'a jamais douté de ses orientations charnelles. Tant de fleurs aux radieux pétales jetées à ses pieds par ses confrères masculins eussent pu infiltrer dans son esprit un soupçon infernal !

[Lee Van Cleef]

Here comes the boogeyman ! Allons bon, encore un suppôt du Mal prêt à tomber le masque pour nous donner à ressentir toute l'étendue de son vague à l'âme ? Ouaip, mais pas n'importe lequel. Après avoir affûté son couteau une première fois sous l'objectif de John Carpenter, le buffle enragé Michel (ah, cette version française d'anthologie...) revient tailler quelques boutonnières avec la bénédiction de Rob Zombie (et celle de Pierrot, ce qui n'est pas à négliger). Et son indémodable rengaine électronique répondait déjà présente, alors qu'il n'était encore qu'un gamin que les instances spécialisées qualifieraient, non sans un ébouriffant sens de l'euphémisme, de "difficile".

[Lee Van Cleef]

Pour changer un brin nos habitudes hebdomadaires désormais enracinées loin sous terre, que diriez-vous, aimables camarades, de deviner l'identité de l'heureux élu du jour ? En tout cas, il vous sera difficile, sauf à faire preuve d'une mauvaise foi digne d'un politicard en pleine campagne électorale, de prétendre que je ne vous ai pas sérieusement mâché le boulot... Quant au reste (le principal, ai-je plutôt envie de dire), c'est par ici que ça se passe.

[Lee Van Cleef]

Attention les yeux ! Ce lundi, Pierrot, qui n'a jamais eu froid aux siens, assiège de toute la formidable puissance de sa dialectique cosmique un véritable monument. Si Denis Villeneuve, s'étant attelé à l'asphyxiante besogne de donner une suite audit colosse de la SF, est parvenu durant le tournage à laisser jaillir en geyser une inspiration aux scintillements comparables à ceux de notre valeureux frère d'armes, d'extatiques instants de bonheur cinématographique nous attendent alors dans l'intimité feutrée des salles obscures, gentlemen.

[Sam Lowry]

.........Lâchez les chiens !.......... Voici que notre ami Benjamin/Lee nous entraine dans une chasse à l'homme effrénée, soutenue par les cavalcades musicales du géant Max Steiner ! Prenez garde, amis ! Le comte Zaroff est d'une cruauté sans égale !

[Lee Van Cleef]

Le comte Zaroff est d'une cruauté sans égale !

Il est surtout hautement distingué, ami bicéphale. L'on ne le verra jamais patienter benoîtement jusqu'à l'ouverture annuelle de la chasse, puis crapahuter, un gilet orange fluo jeté sur son dos, dans un sous-bois infesté de cannettes vides... Allez zou, histoire de compléter dans les règles le portrait néanmoins fidèle que tu viens de dresser du vil personnage, j'y adjoins la petite image qui va bien :

[Lee Van Cleef]

Personnellement, quitte à aiguiller la Séquence du Béophile vers les trainées gluantes et les pédoncules entortillés des gastéropodes, j'aurais jeté mes filets sur les bestiaux homicides de Lucio Fulci, ici dans l'une de ses plus mémorables sorties de route. Mais Pierrot, fin gastronome, a préféré manger sa douzaine d'escargots devant un Microcosmos damasquiné de la musique inspirée de Bruno Coulais. Voilà des préférences qui se défendent, ma foi.

[Sam Lowry]

Encore un très beau texte de notre ami Pierre. Presqu'aussi beau que la séquence qu'il illustre. Bravo.

[Mathilias]

Personnellement, quitte à aiguiller la Séquence du Béophile vers les trainées gluantes et les pédoncules entortillés des gastéropodes, j'aurais jeté mes filets sur les bestiaux homicides de Lucio Fulci, ici dans l'une de ses plus mémorables sorties de route. Mais Pierrot, fin gastronome, a préféré manger sa douzaine d'escargots devant un Microcosmos damasquiné de la musique inspirée de Bruno Coulais. Voilà des préférences qui se défendent, ma foi.

Merci ! Merci ! Merci ! Pierrebrrr, J'étais certains qu'un de tes futurs écrits, allait distinguer à sa juste mesure le formidable talent de conteur musical de Mr. Coulais. Merci de me faire replonger dans mes souvenirs de ce merveilleux film que j'ai pu découvrir avec mes camarades de primaire dans le petit cinéma de ma ville. Bruno Coulais a contribué à mon éveil concernant la musique à l'image et je crois que c'est l'un de ses meilleures travaux (en tous les cas certainement mon préféré) encore à ce jour. Aujourd'hui, A. Desplat "récolte quasiment tous les lauriers", il n'en demeure pas moins que si j'étais réalisateur en France, il serait sans doute mon favori de part la richesse de ses compositions et la poésie qu'elles recèlent en tout temps

Bien bel hommage en tout cas ! Chapeau !

[Nameless1138]

Effectivement, très beau texte, au sujet d'un score qui ne m'a pas fait découvrir la musique de film, pour ma part, mais qui m'a fait découvrir Bruno Coulais. D'ailleurs je me souviens avoir bien galéré à l'époque pour trouver le CD, et l'avoir écouté en boucle pendant plusieurs mois après l'avoir enfin eu entre les mains.

[Lee Van Cleef]

Déjà l'an dernier, à l'époque de mon texte sur Bad Boys, je me disais que je jouais un peu trop insolemment avec la boîte de Pandore. Et voici ce que me valent à présent mes tragiques errements : un papier signé de ma main noueuse sur le Grand Ténébreux Hans Zimmer ! Mon ennemi juré en personne ! Si encore, je l'avais éparpillé en mottes sanglantes... Au lieu de quoi, je me retrouve plus ou moins à dresser son éloge. Peste ! Je me dégoûte.

[Sam Lowry]

- Sors de ce corps dont tu as pris possession, HansZuzu, je te l'ordonne ! Laisse ce corps décharné en paix !

[Mathilias]

Déjà l'an dernier, à l'époque de mon texte sur Bad Boys, je me disais que je jouais un peu trop insolemment avec la boîte de Pandore. Et voici ce que me valent à présent mes tragiques errements : un papier signé de ma main noueuse sur le Grand Ténébreux Hans Zimmer ! Mon ennemi juré en personne ! Si encore, je l'avais éparpillé en mottes sanglantes... Au lieu de quoi, je me retrouve plus ou moins à dresser son éloge. Peste ! Je me dégoûte.

Bien bel écrit, Monsieur Van Cleef ! mais j'avoue poindre une légère déception à tant vouloir mettre sur un piédestal ce "WHY SO SERIOUS ?" je m'attendais plus à une mise en valeur du travail de James Newton Howard ou de leur duo en tout cas ton écrit m'a donné envie de réécouter le Score

[Pierrebrrr]

Un peu de respect Mathilias, s'il te plait, c'est un vieux monsieur qui vient de faire son coming out, ne lui en veux pas trop, tout est sorti d'un coup, des années d'amour clandestines, des tonnes de love dissimulées, laissons un pudique silence accompagner l'ascension, la main dans la main, de ceux qui ont enfin compris la nature des sentiments qui les unissent au septième ciel des mélomanes.

[Lee Van Cleef]

Le vieux Van Cleef t'aime aussi, Pierrot. Comment pourrait-il en être autrement face à l'imputrescible soutien que tu lui manifestes via moult tournures fleuries ?

[Misquamacus]

- Sors de ce corps dont tu as pris possession, HansZuzu, je te l'ordonne ! Laisse ce corps décharné en paix !

HansZuzu !
(Et vlan ! J'ai encore mouillé ma liquette...)