THE REVENANT

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Scorebob
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THE REVENANT

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On pourrait croire que le film lorgne vers Terence Malick pour cette sublimation de la nature ou les hommes s'entre déchirent avec la plus grande violence mais non c'est autre chose, sans doute parce qu'Inarritu filme d'une manière qui lui est bien propre et virtuose au plus près des personnages de ce survival hors norme, sans doute aussi grâce à l'atmosphère générale du film très bien soutenue par la musique originale de Sakamoto and co. et qui oscille entre rêve bucolique et cauchemar glaçant. Les bêtes y sont montrées pures même dans leur sauvagerie , les hommes déments et biens malheureux , On en ressort pas indemne.
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Gizmo
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Re: THE REVENANT

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Belle analyse, le sous-titre de ce grand film pourrait être "nous sommes tous des sauvages" (en rapport avec une scène bien particulière)
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Lee Van Cleef
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Re: THE REVENANT

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Scorebob a écrit :On pourrait croire que le film lorgne vers Terence Malick pour cette sublimation de la nature
C'est toujours le même refrain : impossible de filmer innocemment un banal tronc d'arbre ou des frondaisons diversement feuillues en contre-plongée sans qu'aussitôt, toute la horde ne débarque avec du Terrence Malick plein le gosier ! On en viendrait presque à penser que l'Histoire du 7ème art n'a jamais connu que ce gentil loustic comme metteur en scène animiste... De mon côté, j'ai pensé beaucoup plus largement au formalisme (terrassant !) des heures perdues du cinéma russe, Paradjanov, Kalatozov, Grigori Tchoukhraï, et d'autres encore, capables, à grand déballage de courtes focales hémisphériques, de caractériser Mère Nature avec autant de force, si ce n'est davantage encore, que les personnages de chair et de sang égarés dans ses majestueux méandres.
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Gizmo
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Re: THE REVENANT

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d'accord maitre sabreur, pour moi Malick à tout copié sur Tarkovski (certains dirons c'est aussi ch...., oui mais c'est beau ! )

Pour en revenir au film d'inarritu ( qui me trotte dans la tête depuis 5 jours), j'ai quand même eu l'impression de vivre une expérience cinématographique de plus en plus rare aujourd'hui (si il y a aussi le Tarantino).

Le début du film m'a d'ailleurs fait pensé à une version western d'il faut sauver le soldat Ryan. Cette façon d'être au cœur de l'action, d'être aussi secoué que les protagonistes, d'utiliser l'espace d'une manière intelligible et cinématographique: pour moi il rejoint les grands spécialistes comme de Palma, Friedkin ou bien-sur Spielberg (la liste n'est pas close)

il a bien mérité son 2eme Oscar le père Alejandro
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Misquamacus
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Re: THE REVENANT

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Gizmo a écrit : certains dirons c'est aussi ch....,
Moi ! Moi ! :mrgreen:
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Scorebob
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Re: THE REVENANT

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Lee Van Cleef a écrit :
Scorebob a écrit :On pourrait croire que le film lorgne vers Terence Malick pour cette sublimation de la nature
C'est toujours le même refrain : impossible de filmer innocemment un banal tronc d'arbre ou des frondaisons diversement feuillues en contre-plongée sans qu'aussitôt, toute la horde ne débarque avec du Terrence Malick plein le gosier ! On en viendrait presque à penser que l'Histoire du 7ème art n'a jamais connu que ce gentil loustic comme metteur en scène animiste... De mon côté, j'ai pensé beaucoup plus largement au formalisme (terrassant !) des heures perdues du cinéma russe, Paradjanov, Kalatozov, Grigori Tchoukhraï, et d'autres encore, capables, à grand déballage de courtes focales hémisphériques, de caractériser Mère Nature avec autant de force, si ce n'est davantage encore, que les personnages de chair et de sang égarés dans ses majestueux méandres.
Tu sais moi les Russes en dehors des cigarettes...

Et pis on ne peut tout de même faire référence qu'à ce que l'on connait mon bon Lee, je ne suis pas un rat de cinémathèque abreuvé aux classiques en noir et blancs... tout au plus ceux de Kurosawa.
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Julien
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Re: THE REVENANT

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Ah il faut vraiment visionner La lettre Inachevée de Kalatozov, qui est une référence du genre. Même Kurosawa a dû être marqué par ce film car on peut noter quelques concordances dans Dersou Ouzala. En plus c'est assez rythmé, grâce notamment à la caméra virevoltante d'Ouroussevski. A un moment il y a un incendie de forêt absolument spectaculaire. Je sais pas vraiment comment c'est fait d'ailleurs. A mon avis ils ont vraiment dû faire brûler toute une forêt parce que c'est d'un réalisme saisissant. Sinon j'hésitais un peu à aller voir le film d'Iñárritu ; je crains un style un peu trop tape à l'oeil, mais je crois que je vais me laisser tenter.
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Chapichapo
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Re: THE REVENANT

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Gizmo a écrit :Belle analyse, le sous-titre de ce grand film pourrait être "nous sommes tous des sauvages" (en rapport avec une scène bien particulière)
Alors que toute la première partie du film m'avait subjugué, ce "Nous sommes tous des sauvages" simplificateur, moraliste à 2 sous et tout et tout, a fait basculer la sensation d'immersion que j'avais, en un sentiment de détachement pour ne pas dire d'agacement.N'est pas colonel Kurtz qui veut.Par ailleurs les faux "suspens" finaux, les représentations religieuses, le hiératisme final de la colonne indienne, m'ont fortement ennuyé de par leur insistance. Je préfère de loin l'ex cinéma soviétique "terrassant" et monolithique évoqué par Lee, et plus précisément par Julien avec l'évocation de la sublime "Lettre inachevé".
Scorebob
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Re: THE REVENANT

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Cette "confession" en guise d'épitaphe pendue au cou de notre indien si plein d'humanité et de principes moraux à au moins ceci de remarquable qu'elle émane de ceux-là même qui l'ont odieusement pendus.
Les représentations religieuses Catholiques participent aussi à la nature pleine de contradictions des "acteurs" de ce drame et sont nécessairement présentes puisque ce sont des éléments culturels très prégnants chez eux à cette époque, ne pas y adhérer c'est une chose si elles ne signifient rien pour toi mais comment ne pas évoquer le sujet puisque pour les trappeurs c'est la "référence" en matière spirituelle.
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Julien
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Re: THE REVENANT

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Eh bien moi je rejoins plutôt le clan des amateurs. J'ai cru comprendre que le film divisait pas mal ! Je craignait un film aux effets un peu trop ostentatoires mais finalement le réalisme l'emporte davantage et certaines séquences, d'un point de vu de mise en scène sont quand même à couper le souffle, en particulier l'attaque surprise des indiens au début du film et celle de l'ours. En fait pour ce qui est des références, moi j'ai plus pensé à des films comme Delivrance ou Rambo qu'à Tarkovski ! Le film renvoi aussi clairement à l'esthétique de Terrence Malick ; que ça soit dans le traitement de la lumière, le recours à la voix off et aux nombreux flash-back. Il y a aussi un bel hommage à une séquence mémorable de Dersou Ouzala, mais dans l'ensemble, ça reste quand même du bon gros cinéma américain, avec ses qualités ; technique de l'image, découpage des plans et mise en scène impeccables mais personnages et scénario un peu stéréotypés. Le déroulement de l'intrigue est assez prévisible et l'affrontement final un peu lourdaud, ne fait pas trop non plus dans la subtilité. J'ai regretté aussi que le personnage de l'indienne ne soit pas plus développé ; mais bon ça aurait sans doute donné lieu à un autre film... Celui que Malick avait fait justement avec Le Nouveau Monde... J'ai pas était trop emballé non plus par la musique de Sakamoto, qui reste un peu trop plate et illustrative, même si l'utilisation de l'Onde Martenot donne une assez belle couleur. J'ai vu qu'ils étaient trois d'ailleurs à faire la musique ! Je pense que l'essentiel a dû quand même être composé par Sakamoto. Heureusement le film, par le réalisme de sa mise en scène, la prestation habitée de Di Caprio et la beauté des images reste quand même très prenant. Je ne me suis pas ennuyé une seconde. Pas sûr par contre qu'il passe aussi bien sur le petit écran. A mon avis, c'est vraiment un film à découvrir en salle.

Edit. Ah oui, j'allais oublié. Juste avant le film, le cinéma a passé pas mal de bandes annonces, en particulier pour des films français à venir, comme par exemple Marseille de Kad Merad, Rosalie Blum, Médecin de Campagne... Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça fait quand même très très peur. L'impression soudaine de se retrouver au mieux, face à de banals téléfilms produit par France 3 région. Je ne sais pas si vous vous rappelez (les plus anciens sans doute ! ), mais il fut un temps où le cinéma français, faisait quand même des films autrement plus marquants et ambitieux. Qu'est-ce qui s'est passé pour en arriver là ?
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Misquamacus
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Re: THE REVENANT

Message non lu par Misquamacus »

Scorebob a écrit :On pourrait croire que le film lorgne vers Terence Malick pour cette sublimation de la nature ou les hommes s'entre déchirent avec la plus grande violence mais non c'est autre chose, sans doute parce qu'Inarritu filme d'une manière qui lui est bien propre et virtuose au plus près des personnages de ce survival hors norme, sans doute aussi grâce à l'atmosphère générale du film très bien soutenue par la musique originale de Sakamoto and co. et qui oscille entre rêve bucolique et cauchemar glaçant. Les bêtes y sont montrées pures même dans leur sauvagerie , les hommes déments et biens malheureux , On en ressort pas indemne.
Pas mieux. Un film fort, et c'est un doux euphémisme.
Je n'ai pas pensé à Malick une seule seconde.
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Chapichapo
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Re: THE REVENANT

Message non lu par Chapichapo »

Scorebob a écrit :
Cette "confession" en guise d'épitaphe pendue au cou de notre indien si plein d'humanité et de principes moraux à au moins ceci de remarquable qu'elle émane de ceux-là même qui l'ont odieusement pendus.
Les représentations religieuses Catholiques participent aussi à la nature pleine de contradictions des "acteurs" de ce drame et sont nécessairement présentes puisque ce sont des éléments culturels très prégnants chez eux à cette époque, ne pas y adhérer c'est une chose si elles ne signifient rien pour toi mais comment ne pas évoquer le sujet puisque pour les trappeurs c'est la "référence" en matière spirituelle.
Mon adhésion ou pas (dans l'absolu) aux représentations religieuses, n'est pas ce qui guide mon jugement, mais plutôt, le pouvoir qu'elles ont d'enrichir ou d'affaiblir le film. Aussi , même, si ce sentiment était présent, culturellement à l'époque, il me semble que l'artifice de la représentation, même issue d'un esprit fiévreux, le fragilise. J'aime plutôt la vision panthéiste qui anime le jeu de la caméra celle ci se faisant alors le regard d'un principe créateur, où "s'égalisent" biologiquement toutes les espèces. J'aime cette confusion ou les peaux équarries par les trappeurs se confondent avec les cadavres de ceux là même qui les travaillaient. J'aime toute cette brutalité animale et minérale d'où est absente toute morale, et là réside la très grande force de la toute première partie du film.
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Re: THE REVENANT

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C'est au contraire cette conscience morale qui jure par son absence dans les faits et qui renforce la confrontation entre la pureté de la nature et la perversion de l'homme ,animal moral, mais pourtant plus vil parce qu'il possède une morale mais n'en fait rien, ou du moins n'y trouve aucune force pour vivre en harmonie avec ses congénères ,
"le sauvage" est paradoxalement plus moral que ceux qui sont sensés être les "porteurs" de cette morale "à Dieu seul la vengeance" déclare t-il en citant la Bible à un Glass dévoré par le désir de vengeance (qu'il va traiter comme son prochain) , comme mu et fortifié par elle, certes Fitzgerald évoque Dieu au travers d'un récit "initiatique" mais c'est aussitôt pour balayer toute idée de transcendance dans une chute cynique, le chef Indien cherche sa fille enlevée et massacre ceux qu'ils croient coupable de l'acte tout en pactisant aveuglé avec ceux qui le sont vraiment. Les hommes agissent en pleine confusion, la nature est comme spectatrice.
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Re: THE REVENANT

Message non lu par Julien »

Pour ma part, j'ai pas était tellement gêné par les allusions religieuses, (c'est d'ailleurs bien moins insistant que chez Malick ou Tarkovski), par contre le truc qui m'a passablement irrité, c'est que les "froggies" ont comme à l'accoutumé une nouvelle fois le mauvais rôle !

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Nesquik
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Re: THE REVENANT

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Un sacré film qui prend aux tripes et visuellement sublime !!!
Effectivement Inarritu n'a pas volé son oscar tout comme Leo impressionant :shock:
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Janus
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Re: THE REVENANT

Message non lu par Janus »

Julien a écrit :Edit. Ah oui, j'allais oublié. Juste avant le film, le cinéma a passé pas mal de bandes annonces, en particulier pour des films français à venir, comme par exemple Marseille de Kad Merad, Rosalie Blum, Médecin de Campagne... Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça fait quand même très très peur. L'impression soudaine de se retrouver au mieux, face à de banals téléfilms produit par France 3 région. Je ne sais pas si vous vous rappelez (les plus anciens sans doute ! ), mais il fut un temps où le cinéma français, faisait quand même des films autrement plus marquants et ambitieux. Qu'est-ce qui s'est passé pour en arriver là ?
Ha ben moi j'ai eu droit à celles des Tortues Ninja et à Superman contre Batman...Déjà que je n'ai jamais aimé ni Superman ni Batman, alors les deux dans un même film... [dead]... :lol:

Sinon, Julien, je partage assez ton analyse du film, grosso modo. Di Caprio a bien mérité son Oscar. Je n'ai pas vu le temps passer, le film prend aux tripes et les paysages sont magnifiques. C'est juste la fin qui m'a un peu laissé sur ma faim. Pour ce qui est de la musique, archi-minimaliste et hyper-statique par moment, elle réussit à instaurer une certaine tension à des passages-clés du film, mais bon, rien de transcendant non plus et aucune envie de l'écouter en dehors de son contexte.
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Julien
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Re: THE REVENANT

Message non lu par Julien »

A un moment, je me suis même dit que la musique que Morricone avait composé pour le film de Tarantino (que je n'ai pas vu) aurait sans doute pu mieux fonctionner. :) Surtout que le long thème lancinant "Neve" me semble en assez bonne osmose avec l'errance du personnage et les paysages enneigés du film.
Janus a écrit :Ha ben moi j'ai eu droit à celles des Tortues Ninja et à Superman contre Batman...Déjà que je n'ai jamais aimé ni Superman ni Batman, alors les deux dans un même film... [dead]... :lol:
Ah je crois en effet l'avoir vu cette bande annonce de Batman contre Superman. J'ai bien rigolé aussi. A la limite une parodie ça aurait pu être sympa mais le pire c'est que ça semble se prendre très au sérieux.
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