Interstellar

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Gizmo
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Interstellar

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Un tel film mérite son propre sujet !
Que dire d'une œuvre si forte sans gâcher le plaisir de la découverte pour ceux qui ne l'on pas vu ?

Comment aborder le futur de l'homme et le resituer dans l'univers sans être didactique ni pédant ?
Comment parler de la relativité de la manière la plus simple qui soit ?
Comment ré-inventer l'image des robots dans la SF ?
Comment représenter d'autres dimensions en restant poétique et pragmatique ?
Comment nous offrir une des plus belle leçon d'amour paternel jamais filmé ?
Ce film est bien plus que cela et je ne veux pas spoiler, en tous les cas j'en suis sorti plus riche !

La mise en scène de Nolan n'a jamais été si précise, la beauté des images, mêlant paysages naturels et effets spéciaux est majestueuse (sans parler des scènes spatiales ! )
Bien sûr l'ensemble est porté par un interprétation sans faille dominé par un immense Matthew McConaughey, Jessica Chastain, Anne Hathaway, John Lithgow ou l'éternellement génial Michael Caine
Quand à la musique d'Hans Zimmer elle atteint des sommets dont le maitre teuton s’éloignait de plus en plus (l'anti Man of Steel en sorte ! )

c'est un film pour les rêveurs et je suis heureux d'en faire parti

...et pour paraphraser le poème de Dylan Thomas cité par le personnage de Michael Caine, "on n’entre pas docilement dans ce merveilleux film"
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Gdemonta
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Re: Interstellar

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je l'ai vu en imax dimanche, impressionant, encore une fois Nolan surprend en faisant un film plutôt différent de ce qu'il avait fait avant, même si on retrouve des composantes qui lui sont cheres: la famille, le temps (il a vraiment un probleme avec le temps, entre Memento, inception et interstellar!).
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Lee Van Cleef
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Re: Interstellar

Message non lu par Lee Van Cleef »

Avant d'y aller de ma petite (et bien évidemment assassine, vous vous en doutiez) contribution, je crois qu'un récapitulatif s'impose :
Pierrebrrr a écrit :Salut les copains,
J'ai vu le film dont tout le monde va parler. Ben c'est une catastrophe quasi intégrale, le Interstellar de Melon Nolan.
J'espère ne pas trop lire à droite à gauche combien c'est "prodigieux" "universel" "sublime" "touché par la grâce" "Le regard vers les étoiles" "du cinéma pur" et toutes les bêtises habituelles dès que la hype a frappé. ça va me rendre tout triste.

Ce que j'ai préféré, à ma grande surprise, c'est la très belle musique d'Hansi, même si elle est sur la fin construite de façon systématique en crescendo, mais c'est le film et le montage qui suggèrent ça, il est vrai. Et il faut aimer la musique d'église. mais franchement, c'est vraiment auprès de Nolan que Zimmer me semble encore capable de renoncer à ses formules les plus voyantes. Et faire même preuve ici d'une certaine grâce.
Malastrana a écrit :Vu aussi. D'accord concernant Zimmer (faudra que j'écoute l'album car quelques morceaux vers la fin tabassent bien), mais pas du tout concernant le film, qui vire de la sf pure au surnaturel magique via un lien émotionnel* qui fonctionne beaucoup chez moi. Après le film ne tient pas beaucoup debout, et s'il ménage des séquences de suspense vraiment efficaces elles s'avèrent parfois un peu trop fonctionnelles. Mais encore une fois, si on se laisse aller par l'émotion simple du projet, c'est vraiment un beau moment. Du sous-Satoshi Kon et du sous-Spielberg, ça reste pas mal.

(*attendez d'entendre l'explication d'un élément de sf incompréhensible qui se justifie d'une manière pour le moins... naïve... mais quand on est dans le truc, on marche. Si non, alors il y a de quoi passer un mauvais moment...)
Pierrebrrr a écrit :C'est sûr, le film de Nolan est typiquement de ceux qui va diviser sur le mode "si t'aimes pas, c'est que t'es tout sec à l'intérieur". Pour ma part, le film franchit bien trop souvent, et allègrement, la frontière entre sentiments et sentimentalisme, émotion et pornographie lacrymale, sensibilité et sensiblerie niaise. Nolan reste très maladroit dans le mélo, et ici, ça apparaît plus forcé que jamais. Et c'est typiquement le genre de film ou le mensonge hollywoodien m'est insupportable, alors que par exemple, j'adore Field of Dreams, film pas si éloigné, quand on y songe, mais qui maîtrise ses effets. Interstellar, c'est le ballet des hippopotames de Fantasia.
Wyatt Earp a écrit :Même si je préfère de très loin FIELD OF DREAMS, le film m'a beaucoup ému, et j'ai justement retrouvé dans son côté mélo le Hollywood d'antan, qui n'a pas peur d'y aller à fond dans le genre. Le côté SF m'a également séduit. Pour l'instant, c'est mon Nolan préféré. Et McConaughey est, comme toujours, assez prodigieux dans cet ETOFFE DES HEROS profondément romantique. Un blockbuster intimiste dans les années 2000, c'est précieux.
Pierrebrrr a écrit :Le film clive sur des noeuds impossibles à trancher objectivement. Si tu veux, il y a des moments du film où j'étais en larmes- parce que c'est ça la force d'Hollywwod: j'appartiens à la classe moyenne d'un pays occidental, j'ai grandi dans un grand amour de la culture américaine, je suis père, j'aime et j'ai aimé des femmes, j'ai même étéé moi-même un enfant (si si !) comment ne pas être ému ? Par moment, c'est même la musique à elle seule qui m'a mis les larmes aux yeux. Mais ça ne m'empêche pas de voir qu'en terme de cinéma, il n'y a presque rien là-dedans. La façon dont s'y prend Nolan pour nous émouvoir est facile, vraiment facile. Et très peu de romantisme là-dedans, désolé. Bien sûr il y a pire, on n'est jamais dans le cynisme de certains blockbusters sous vide. Mais j'ai eu de bout en bout le sentiment que Nolan ne s'interessait qu'à ce qu'il nous faisait, et pas à ce que lui avait envie de nous dire. Pour le coup, c'est le film de lui que j'aime le moins !
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Lee Van Cleef
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Re: Interstellar

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C'aurait dû être la bonne pour Chris Nolan. Loin des super-gus cuirassés de kevlar noir et des méandres du rêve qu'il avait eu l'idée faussement juteuse d'assujettir aux mécanismes millimétrés du film de casse, Interstellar semblait taillé sur mesure pour son tempérament ô combien prosaïque. Mais sous des dehors ultra-documentés et sophistiqués, qui devraient réussir à leurrer le spectateur venu se repaître de sa dose mensuelle de "blockbuster intelligent", le film ne tarde pas à voir sauter tous ses boulons les uns après les autres. D'abord parce que les raccourcis monstres qu'il ne se prive jamais d'emprunter prouvent, après les séquences les plus out-of-this-world de Gravity, que la SF à tendance hard science s'accommode fichtrement mal des impératifs du divertissement de masse. Matthew McConaughey (très appliqué dans un rôle qui aurait convenu comme un gant au Kevin Costner des années 90) embarque à destination des étoiles en trois coups de cuiller à pot, les indicibles mystères de la physique quantique et des trous noirs sont résolus grâce à une batterie de signaux en morse, un scientifique tourneboulé s'intronise méchant de service, les montages parallèles à profusion s'échinent vainement à créer un suspense asphyxiant... En engluant le tout d'une voluptueuse couche de vulgarité auto-satisfaite, on aurait carrément pu se croire dans Armageddon 2 !

A côté de ça, les ambitions écrasantes de Nolan (car s'il y a une chose que l'on ne peut décemment reprocher au cinéaste, c'est bien de se la jouer petit bras) de concilier dans un même mouvement le mélodrame outré et le vertige métaphysique font plutôt chou blanc. Le poil très certainement hérissé par sa réputation de cartésianisme glacial qui lui colle à la peau, notre homme dégaine l'artillerie lourde et charge tel un buffle. Et à ma grande surprise, je dois dire qu'au moins jusqu'à la fameuse séparation du père héroïque et de la fille éplorée, ça fonctionne. Evidemment, une fois les valeureux conquérants de l'impossible propulsés dans l'espace, les incurables penchants du réalisateur à tout expliciter, même une valeur aussi peu quantifiable que l'amour, reprennent illico le dessus. Conséquence, les infimes bribes de poésie et d'émotion épargnées par miracle (voyez l'étonnante beauté de la séquence où le vaisseau spatial "flotte" sur les anneaux de Saturne) ne pèsent pas bien lourd face à la "nolanisation" galopante, ce véritable fléau narratif qui verrouille toutes les portes, décapite le moindre commencement d'ambigüité, rationalise impitoyablement l'inconnu. Ce même inconnu, parlons-en, qui représente tout de même l'essence suprême du voyage dans l'espace. D'où l'embarras médusé qu'engendre la longue scène finale, sur-argumentée, sur-dialoguée, sur-tout ce que vous voudrez d'autre, bref, aux antipodes du trip purement sensoriel d'un certain grand oeuvre "kubrickien" (oui, celui avec des singes qui font les zouaves) vers lequel Interstellar, malgré son orientation plus fun et grand public, louche avec une insistance appuyée.
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Lee Van Cleef
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Re: Interstellar

Message non lu par Lee Van Cleef »

Gizmo a écrit :l'éternellement génial Michael Caine
Que Caine soit un remarquable comédien à la tête d'une carrière quatre étoiles, il n'y a bien sûr pas lieu d'en débattre. Reste que ce ne sont pas des rôles aussi insignifiants que celui-ci (à peine Nolan lui a-t-il jeté un os à ronger) qui l'aideront à pérenniser peu plus sa légende.
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Cikay
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Re: Interstellar

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Egalement déçu par Interstellar, même si j'ai bien aimé, c'est pas le grand film de SF qu'il aurait pu être. Je trouve que le film est assez osé, de par son aspect film de "hard SF" de 2h50... malheureusement, Nolan explique, rééxplique tout de manière assez lourde, probablement pour pas que le spectateur lambda perde le fil face à ce bla bla technique. Dans le même ordre d'idée, dès qu'un personnage dit quelque chose ou expose un plan... ça se réalise dans les 5 minutes qui viennent ! Pas terrible pour donner l'impression d'un grand voyage spatial, on a l'impression que l'aventure dure 3 jours.

Et surtout... surtout ! Suis-je le seul qui a
grillé le "twist" au bout de 5 minutes de film ? Dès que j'ai vu l'apparition du surnaturel je me suis dit que ça cachait forcément quelque chose derrière... et mes théories sur l'identité du fantôme se sont affirmées dès qu'ils nous parlent de failles spatio-temporelles et que le fantôme demande au héros de rester. J'ai espéré pendant tout le film ne pas avoir visé dans le mille, en vain... surtout que ce twist est, encore une fois, expliqué bien lourdement, ça m'a saoulé, zéro émotion.
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Soundtrackman
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Re: Interstellar

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Ah ben c'est du Nolan en même temps, ils se croit tellement plus intelligent que son public...
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Misquamacus
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Re: Interstellar

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Ceci dit, et je précise que malheureusement je n'ai toujours pas vu le film, vous semblez regretter dans vos commentaires la petite ambition de Nolan en terme d'histoire et de spectacle "intelligent" (même si le terme me dérange un peu). à croire que vous préférez presque les productions et blockbusters décérébrés (sans dire que Nolan est le top de la réflexion, hein, me faites pas dire...) et je précise encore que je trouve tous les commentaires intéressants et argumentés, là n'est pas le souci. Le film semble quand même susciter pas mal de commentaires. Qu'en pensez-vous ?
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Cikay
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Re: Interstellar

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Misquamacus a écrit :à croire que vous préférez presque les productions et blockbusters décérébrés (sans dire que Nolan est le top de la réflexion, hein, me faites pas dire...)
Non, mais dans le genre "film de SF complexe et ambitieux", Cloud Atlas , par exemple, est bien plus réussi à mon goût.
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Soundtrackman
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Re: Interstellar

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Cikay a écrit :
Misquamacus a écrit :à croire que vous préférez presque les productions et blockbusters décérébrés (sans dire que Nolan est le top de la réflexion, hein, me faites pas dire...)
Non, mais dans le genre "film de SF complexe et ambitieux", Cloud Atlas , par exemple, est bien plus réussi à mon goût.
Entièrement d'accord, même si je n'ai pas vu Intermachin... Pour finir, des amis m'ont raconté le film et le script ressemble à du Bay qui se lancerait dans la métaphysique...
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Misquamacus
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Re: Interstellar

Message non lu par Misquamacus »

J'adore "Cloud Atlas", je crois que là n'est pas le propos. Est-ce le même "style" d'ailleurs ? Faut-il comparer ? Dire que ça ressemble à du Bay qui se lancerait dans la métaphysique, ça fait très peur comme avis. J'attends de me faire une idée. La plupart des mes connaissances qui ont vu le film me parle d'un divertissement très réussi.
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Re: Interstellar

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C'est le cas , et je ne vois pas comment on peut comparer l'approche bourrinesque de Bay et celle de Nolan dans ce cas de figure.
IL n'y a pas d'élan mystique dans ce film, pas de mystère qui ne soit élucidé, je dirais que c'est une vision du futur très ancrée dans l'évolutionisme avec du sentiment.
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Gizmo
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Re: Interstellar

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Soundtrackman a écrit :Ah ben c'est du Nolan en même temps, ils se croit tellement plus intelligent que son public...
C'est peut-être parce qu'il l'est ? }-)


en tous les cas j'aime autant Cloud Atlass qu'Interstellar... même si ils n'ont pas grand chose en commun

quand à faire une comparaison avec Bay : autant comparer Uwe Boll et Spielberg aussi :roll:
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Wyatt Earp
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Re: Interstellar

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A vous lire, je ne suis pas sûr qu'on a tous compris la fin de la même manière...Bref.
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Cikay
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Re: Interstellar

Message non lu par Cikay »

Alors explique concrètement comment tu as compris la fin, plutôt que de prendre de haut comme ça... bref :roll:
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Misquamacus
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Re: Interstellar

Message non lu par Misquamacus »

Vu la bête ! C'est un bon film mais il ne m'a pas transporté plus que ça. Bien joué, bien réalisé, mais j'ai moyennement accroché à l'histoire. ça m'a fait penser à "Signs" au début (et pas que le maïs, hein : quasiment la même situation familiale pour le héros), à "Gravity" pour les scènes de suspens spatial, et à "Contact" pour le côté ésotérique mais sans jamais attendre pour moi la force de ces 3 films. On passe un bon (long) moment, la fin tire à la ligne et je n'ai pas réussi à être ému. Quelques passages musicaux sympas quoique redondants, c'est vrai que le sujet peut le réclamer, mais la musique de Zimmer est souvent trop forte, et ça m'a gêné sur plusieurs scènes. Voila, voila, un peu frustrant au final.
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Re: Interstellar

Message non lu par Mr Reyd »

Je suis sorti de la salle ne sachant pas exactement que penser de ce film. L'imagination de Nolan est partit trop loin pour moi :D
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Alcibiade
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Re: Interstellar

Message non lu par Alcibiade »

Je viens enfin de découvrir cette chose (heureusement que je n'ai pas payé !) !!!!! De toute façon Nolan, à part son Memento qui est passable (et qui a fait l'objet d'une revisitation immorale de Noé avec Irréversible, non pas dans le contenu mais dans le principe formel de commencer par la fin) n'est pas un réalisateur authentique (et les Batman sont là pour le prouver), ne m'a jamais convaincu (je ne veux pas parler d'Inception qui est tout aussi exsangue), mais là cet objet non identifié qui se mesure à 2001 vainement (2001, faut le vouloir !), et qui emprunte en plus à un Gravity déjà modeste (et qui dans son hommage à Kubrick était aussi grotesque), est d'une vacuité incommensurable ! Non seulement, le didactisme du propos frise le ridicule (oui, trou de verre, oui loi de Murphy -qui entre nous soit dit n'a rien d'un principe scientifique, mais qui reste une appréciation psychologique-, oui le temps se rétracte à la vitesse de la lumière -semblerait-il que la théorie de la relativité générale ait inspiré Nolan, alors que le Star trek de Donner avait au moins le mérite de ne pas s'appesantir sur la théorie, mais l'appliquait directement au service de l'image sans conférences prétentieuses sur le sujet), mais la psychologie est réduite à une peau de chagrin (quelle pitié de ne pouvoir s'identifier à aucun personnage tout aussi glacé sur bobine les uns que les autres, et même un Michael Caine, et même un John Lightow pourtant !). Non, mais qu'un tel film (qui se veut "scientifique") ose par exemple dire qu'un trou noir est « une huître », et qui propose comme résolution presque finale de l'équation du sens de l'univers que l'amour est le principe qui résout tout, et représente l'alpha et l'oméga de la distorsion de l'espace-temps, cela relève d'une connerie rarement atteinte !

Cela commence par des troubles terrestres de nature alimentaire (les champs de maïs qui diminuent en volume, après le blé donc, et les patates dont la culture est rendue difficile pour on ne sait quelle raison, raréfaction progressive de l'oxygène certainement ! Donc il n'y a plus de blé, plus de patates, mais encore du maïs !!!), cela continue par des intempéries diverses (donc tempêtes de sable intempestives, et perturbations du champ magnétique avec des messages d'êtres qui auraient 5 ou 6 dimensions et qui communiqueraient par altération de la gravité, etc. Quel foutu merdier!!!!), et ne parlons pas de l'obligation morale pour le fils de reprendre l'affaire de famille de la ferme (avec au passage une dévalorisation systématique des métiers de la terre, puisque selon la vue de Nolan on aurait raté sa vie si on devient agriculteur, et qu'il faut être ingénieur à la Nasa pour être intelligent !!! Idéologie américaine subliminale certainement !). Même le Happening de Shyamalan (conspué pourtant) est d'une habileté plus métaphysique au niveau de la narration ! Jamais vu un film aussi bête (et je préfère, tiens, Hidden de Sholder, Galaxy Quest de Parisot, les gardiens de la galaxie de Gunn, etc. qui, au moins, ne ramènent pas leur fraise, et qui sont humbles et authentiques en fournissant un spectacle simple et qui prennent le spectateur pour un être intelligent qui n'a pas à réviser ses classiques pour prétendre penser par lui-même) ! Dans tout ce fatras avec en plus l'apparition inopinée de Matt Damon qui nous fait encore une belle leçon de science nous démontrant de par l'autorité d'un acteur déjà has-been l'impossibilité reconnue de lier la physique quantique avec la relativité générale (et oui, la théorie des cordes semble certainement être la solution finale et faudrait relire Greene chers spectateurs arriérés !!!!), j'ai arrêté à 1h50 du film car je dois me préoccuper de choses plus importantes comme manger avant que la pénurie alimentaire de maïs, de blé et de patates ne se fasse jour (dire qu'il me reste encore une heure) !

Mais pour le score, je dois bien admettre qu'au final le score de Zimmer est bien meilleur que le film, et étonnamment me semble plus sincère ! Je dirais que Nolan ne mérite même pas Zimmer, c'est pour dire à quel point cet « ovni » cinématographique est une purge !
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Wyatt Earp
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Re: Interstellar

Message non lu par Wyatt Earp »

Bon, alors, d'une part, tu n'as absolument rien compris au film et ensuite...Star Trek de Donner ?
Qu'est-ce qu'il faut pas lire comme conneries, des fois...
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Alcibiade
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Re: Interstellar

Message non lu par Alcibiade »

Pardon Wise +-) Confusion avec Superman ! Quant au sens du film, je n'ai effectivement rien compris, et je sens qu'il est bien inutile de vouloir comprendre un produit qui pose justement que le sens de l'univers est facile à comprendre, à condition de suivre non une narration cinématographique sincère mais une conférence didactique lénifiante ! [dead] Un film n'est jamais profond ou intelligent de par la quantité des théories assénées, il l'est de par la simplicité du propos qui atteint par l'image des contenus que la raison ne pouvait saisir par ses seules ressources. Ce que je reproche à de tels films, c'est de capituler au fond, et de ne pas comprendre le sens même du concept de cinéma. La voix-off est, par exemple, déjà une première forme d'indice ; ce que l'on reprochait jadis à Lynch pour son Dune, d'introduire l'image par l'idée discursive, alors que c'est l'image qui doit amener à l'idée. Le cinéma devrait être le média de l'image et du sensitif qui éveille à la pensée. Or, ce que je vois dans Interstellar est symétrique : des théories posées dogmatiques qu'il faut absorber pour pouvoir ressentir les images qui, dès lors, ne peuvent éveiller à rien, à rien de profond et de libre. Cinéma de "penseurs" qui dévalue les spectateurs, en les considérant comme des élèves qu'il faut modeler, et conditionner. Et un cours didactique et dogmatique, même agrémenté de beaux diaporamas et de facilités vieilles comme le monde avec ce beau trou de verre schématisé par la feuille pliée en deux que l'on troue avec un crayon bien taillé, ne donne jamais une œuvre d'art. Non, je n'appréciais déjà pas Nolan, mais là je ne peux lui trouver aucune excuse ! :-C
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Misquamacus
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Re: Interstellar

Message non lu par Misquamacus »

C'est un avis intéressant sur le film que nous donne Alcibiade pourtant. Quand à comprendre ou non le sens du film, je pense que vu sa densité thématique, chacun est libre de le percevoir de son point de vue. Maintenant, encore une fois, je suppose que ceux qui comme moi n'ont absolument pas été touchés par l'histoire peuvent reconnaitre les qualités formelles du métrage tout en ayant trouvé le temps (très) long ! :D
Tiens d'ailleurs à cette heure je n'ai qu'un vague souvenir du film. Faudrait que je le remate mais pour tout dire j'en n'ai pas vraiment envie.
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Dadid
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Re: Interstellar

Message non lu par Dadid »

Euhhh... après la pantoufle de verre au lieu de vair, voilà le trou de verre au lieu de ver ! :mrgreen: Erreur de typo je suppose, mais venant de quelqu'un qui fait des rappels scientifiques c'est dommage ! ;) Sinon, critique trrèèèèès dure et d'un parti-pris anti-Nolan criard (même pour moi qui ne suis pas un grand fan dans l’ensemble), le genre de critique qui pourrait décourager beaucoup de faire du cinéma. Si ce film ne trouve aucune grâce à tes yeux... de plus sans l'avoir vu en entier... j'ai peur qu'en plus de mauvais réalisateurs, il existe aussi de mauvais spectateurs ! Après, c'est juste mon avis, chacun le sien c'est entendu ! ;)
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Alcibiade
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Re: Interstellar

Message non lu par Alcibiade »

Il est quant même étonnant de nos jours de devoir être astrophysicien pour pouvoir apprécier la valeur esthétique d'un film. Que je ne sois pas astrophysicien est une chose, que je sois pas doué d'une sensibilité droite pour apprécier la valeur artistique d'un film en est une autre ! Ce qui vérifie le caractère subliminal du film : il faut être ingénieur dans la NASA pour être un humain respectable : il faudrait être un scientifique dogmatique pour avoir une dignité morale, et le simple exercice critique à partir d'images esthétiques ne serait rien de moins qu'une simple divagation d'ignorant ! Je suis plus philosophe que scientifique, et désolé d'ailleurs, et pourtant l'épistémologie m'intéresse au plus au point ! Mais je défie quiconque sur ce site d'apporter une lecture sensée de ce film !

Pour vérifier le vieil adage qui nous dit que pour juger de la qualité d'une œuvre, il faudrait l'avoir lue ou vue en entier, j'ai vu la fin et « la finalité » d'interstellar. Vu au risque (bien entendu) de devenir bête ou lobotomisé, car les préjugés de départ sont si évidents et si fondés en réalité qu'il n'est besoin d'y revenir ! Un mauvais écrivain ou un mauvais réalisateur ne peut devenir du jour au lendemain un génie, et ceci pourtant même si on lui a accordé le bénéfice du doute durant 2 ou 3 ou 4 productions ! Qu'un Lucy soit une daube avant même qu'il paraisse (étant signé par un certain Besson), ou qu'un taxi quelconque ou qu'un « Ma femme s'appelle Maurice » vaille le coup d'oeil, et qu'il faille absolument le voir pour l'estimer à sa juste valeur, cela reste un principe hautement discutable. Pour ma part, guère besoin de voir ou de lire un produit, si l'auteur a justement commis, à plusieurs reprises, des produits. Mais bon, l'honnêteté prévaut toujours, et je suis d'une nature curieuse. Et puis on a tellement parlé d'interstellar, mais aussi de gravity, mais aussi de Lucy, et de « Ma femme s'appelle Maurice », etc. que la curiosité, que la déférence, que l'honnêteté intellectuelle s'imposent progressivement ! Les préjugés ont du bon, mais il suffit qu'on nous dise qu'il s'agisse de préjugés pour les examiner, même si au fond de nous la partie est perdue d'avance, et que nos préjugés malheureusement valaient de l'or ! Je tiens le préjugé comme un gage de vérité à condition que ce préjugé relève de l'appréciation consciente, critique et assumée et s'appelle conviction ! Mais qui a des convictions de nos jours ? Une conviction s'appelle aujourd'hui toujours préjugé !

Le problème d'un tel film, c'est qu'on pourrait en écrire des pages, car tout est emmêlé, et que sous des apparences de rationalisme, on est dans la confusion la plus totale. Or, le problème c'est qu'en en écrivant des pages, on donnerait une justification à ce produit, alors qu'il n'en mérite pas tant. Mais tant pis, je ne justifie rien, je veux savoir si cette « chose » fait sens ! Pour ma part, il s'agit d'emblée d'une vaste fumisterie !

Je voudrais donc revenir sur le sens même du film : le sens explicite, premier, lisible puis ensuite le sens prétendument profond qui est la suprématie des grands réalisateurs et qui doit être interprété gracieusement à partir d'une démarche cohérente. Que le film de Nolan ait un sens profond, cela reste à débattre. Que le sens premier soit déjà lisible est une autre affaire, puisque les scénaristes prétendent ici s'appuyer sur les théories de la relativité générale, de la gravité newtonienne, et de même de la physique quantique qu'on attribuera grossièrement à Plank et à Heisenberg. Je ne parle pas de la théorie des cordes, car cela est déjà bien compliqué comme cela.

Le principe de départ est pourtant fort simple : la recherche d'une planète de colonisation située dans une autre galaxie (la référence à Deep Impact de Mimi Leder est déjà claire), et pour cela il faut passer par un trou de verre (ou trou de ver, donc pour les puristes astrophysiciens dont je ne suis pas ! :lol: ), ce qui oblige les astronautes à laisser sur terre leurs proches qui vieilliront voire périront (voilà pourquoi il conviendrait que les astronautes soient sans famille), alors que ces astronautes remontant le temps vivront en une heure sept années de vie terrestre. Cette planète devra répondre aux conditions de vie de la terre et ceci en raison de la raréfaction progressive de la nourriture et de l'oxygène qui aboutira donc à l'extermination de l'espèce humaine. Donc deux plans sont envisagés : envoyer des astronautes visiter d'autres planètes pour savoir laquelle sera idéale pour une future colonisation. Plan B : envoyer des germes de vie humaine sur une de ces planètes pour que l'espèce humaine survive (car l'espèce humaine est plus importante que l'individu, cela est sans cesse rappelé). Bon, passé ce cap, rien de sorcier, évidemment, mais on apprend par la suite que le plan A est une supercherie et que l'espèce humaine est en fait condamnée et que les astronautes qui ont été envoyé par le passé, ainsi que ceux qui sont à leur recherche, obéissent en définitive à une mission-suicide. Bref, pour le suspense, on peut faire beaucoup mieux. Nous avons au passage une belle explication des missions Apollo, des missions-suicides qui n'auraient eu d'autres buts que de démontrer la supériorité technique de l'Amérique face à l'URSS (guerre froide oblige, tout n'est qu'affaire d'intérêt et non de science désintéressée).

3 astronautes ont été envoyés il y a de cela 10 ans à la poursuite de planètes habitables ! Tous les 3 ont découvert une planète possible de colonisation ! Nous avons le docteur Miller (une femme qui est morte certainement) qui a découvert la planète Eau dont la gravité est 130% supérieure à la gravité terrestre (ce qui explique pourquoi les vagues sont retenues par une force gravitationnelle puissante), le docteur Mann (notre cher Matt Damon) qui a découvert la planète Glace dont la gravité est de 80% de celle de la terre, et enfin le docteur Wolff Edmund qui a découvert la planète Amour (et dont le docteur Brand est éprise, la fille romantique du récit qui prétend que l'amour est la solution de l'équation finale) mais dont le pourcentage de la gravité par rapport à la terre nous est inconnu (certainement une gravité incommunicable par la force des mots). Les deux premières planètes sont des impasses, la dernière reste une possibilité dont la fin du film nous donnera la clé.

Il faudra déjà m'expliquer pourquoi la gravité newtonienne est conçue comme la 5ème dimension de l'univers (alors que la quatrième dimension du temps avec Einstein suffisait déjà amplement), mais le pire dans tout cela c'est que la gravité des planètes, dont la planète Mann particulièrement, semble courber le temps à un point si impressionnant que cela semble aussi accélérer le temps (alors il faudra m'expliquer en quoi la gravitation puissante d'une planète peut avoir une influence sur le temps) ! Je ne suis pas astrophysicien, mais cela signifierait qu'une planète dont la densité est massive ferait que les individus qui s'y trouveraient échapperaient au temps, ou plutôt vieilliraient moins vite que les individus qui se trouveraient sur une planète dont la densité est moindre. Pour être clair, les habitants de la lune vieilliraient plus vite que les habitants de la terre ! Enfin, je n'ai jamais entendu parler d'une quelconque influence gravitationnelle sur l'uniformité du cours temporel ! Mais je veux bien être conçu comme un élève qui a tout à apprendre ! Il me semble quand même qu'une gravité exceptionnelle ferait que la planète s'anéantirait sur elle-même, ou se contracterait vu la force de la gravitation ! Mais bon, passons, je ne suis pas expert !

Mais le plus important dans le récit (enfin, je dis récit, cela reste à voir) reste la distinction entre le trou de ver et le trou noir ! Le trou de ver aurait cet avantage de permettre la remontée dans le temps (il s'agirait d'une sphère parfaite, puisque le schéma du plan de la feuille pliée est insuffisant, et qu'il faut lui adjoindre la dimension de la profondeur), alors que le trou noir est un point de singularité si dense que l'espace -comme le temps- aux alentours serait absorbé littéralement menant les corps dans une dimension inexplorée (tiens le trou noir de Disney n'est pas loin non plus). Il faudrait évoquer aussi le nom de Gargantua pour signifier le trou noir, car le Gargantua de Rabelais est, ne l'oublions pas, vorace, et quelle honte de mêler l'humanisme rabelaisien à des considérations de ce genre ! Pour plus de clarté, le trou de ver serait un passage vers le futur, le trou noir vers le passé (je simplifie pour aller plus vite, car le jeu n'en vaut guère la chandelle) !

Passons sur le robot effectivement original (rappel du Hal 9000 de 2001, même si celui-ci était statique et avait une parole plus métaphysique) et sur les successions de témoins ou de visages endoloris par le trauma de la catastrophe à venir ou étant survenue (rappel de la liste de Schindler de Spielberg avec en toile de fond la « Shoah » ?)

D'où la formule inénarrable de Romilly, qui me hantera bien des années encore "Si un trou noir est une huître, alors la singularité est la perle qu'elle renferme, la gravité est si forte que la singularité se cache dans l'obscurité derrière l'horizon" ! À faire apprendre à tous les élèves désirant la connaissance ! Que la masse des corps puissent courber l'espace-temps est une chose, mais cela ne préjuge en rien qu'en entrant dans ce tourbillon du trou noir, les corps ne soient pas happés et désagrégés ! Car cette mystérieuse "obscurité derrière l'horizon" (même si Romilly certifie à Joseph Cooper qu'on ne peut savoir ce qu'il y a derrière l'horizon !) cachera en fait par la suite le retour dans le passé ! Je voudrais bien savoir en quoi il y a une vérité quelconque à dire que les corps retourneraient dans le passé en entrant dans un trou noir ! Pour un film qui se prétend « scientifique », il s'agit d'une fiction, ou plutôt de science-fiction ! Mais le problème du film, c'est qu'il se positionne dogmatiquement comme « scientifique », sans avoir l'humilité de se poser comme rêverie ! Il faudrait y adhérer de par les discours professés, sans avoir besoin d'y croire librement !

Mais passons aux choses sérieuses par-delà le sens littéral qui est pour moi secondaire. Ce film parle de signes (Shyamalan évidemment avec Signes) d'êtres qui perturberaient la gravitation terrestre (le drone perdu, les tempêtes de sable, le sable sur le plancher de la famille Cooper qui observe des lignes parallèles avec même la pièce retenue sur une ligne, et tout cela indiquant les coordonnés de la base secrète ayant préparée les plans de sauvetage de l'humanité). Reste à identifier la nature de tels êtres ! La solution vient directement de la fille follement romantique (incarnée par la magistrale, et j'ironise, Anne Hattaway) du docteur Brand (follement éprise du docteur Edmund dont la planète est la planète Amour) : « ce sont des êtres qui communiquent par la gravité, ils ont 5 dimensions (le temps peut-être une dimension physique de plus) » :D

Bon, donc 5 dimensions : longueur, largeur, profondeur, temps et..... suspense.... 5ème dimension la gravité ! Découverte ultime de la science : la gravité newtonienne ! Quelle incroyable découverte métaphysique ! Mais il va s'en dire que cette révélation aura un impact décisif sur la résolution de l'énigme finale, car ces êtres à 5 dimensions ne sont en fait que Joseph Cooper lui-même (et peut-être les autres qui ont franchi les portes de la perception des trous noirs) qui communiquent avec lui-même et sa fille Murphy (la politique du pire selon la loi de Murphy) dans le présent (enfin le présent, on ne sait plus bien, puisqu'avec le trou de ver du futur, et le trou noir du passé, et les champs de maïs brûlés du présent, le spectateur est un peu prisonnier du temps aussi, et ne sait plus où se trouve l'action centrale). Nous comprenons pourquoi Joseph Cooper s'est lui-même donné les coordonnées de la base spatiale d'où il partira pour sauver la planète ! Le problème par contre est de savoir pourquoi il a diffusé ce telles informations, alors qu'à la fin, il veut que sa fille justement le retienne de partir ! On le saura certainement à la fin !

Cela va s'en dire que le sens du récit devient ici palpitant, en effet, quel pathétisme de voir le père vouloir communiquer avec sa fille alors que dans sa vie passée (présente ?), il a toujours voulu nier la présence de fantômes, qu'il incarne à présent étant réfugié dans une portion parallèle de l'univers, cloîtré qu'il est de ne pouvoir atteindre ses proches que par signes surnaturels (sixième sens de Shyamalan peut-être ?) ! Bref, cela ne m'a affectivement guère touché, le récit étant pauvre, la psychologie réduite à la portion congrue, et le didactisme l'emportant sur tout, même les sentiments !

Un film de fumiste qui se sert de la science comme justification alambiquée pour diffuser une idée pourtant simple que les images devraient pourtant montrer (mais ne montrent jamais, un comble pour un film financièrement doté) : l'amour est plus fort que la raison ! Personnellement, « le festin de Babette » de Gabriel Axel chante avec beaucoup de vertu, de louanges et d'authenticité la réconciliation des cœurs et la démission de la raison face à la force de l'amour, et ceci en utilisant l'image seule (les dialogues étant réduits au strict minimum de l'interaction entre les personnages dans la vie ordinaire d'une existence humble). Mais il n'est pas sûr qu'un spectateur lambda puisse comprendre le message simple, tout à fait généreux, mais inutilement factice et sophistiqué de Nolan. Pourquoi faire simple alors qu'on peut faire compliqué ? Et pourquoi s'embarrasser de sentiments alors que les théories scientifiques ont plus d'épaisseur et de valeur que les sentiments purs ? Pourquoi croire en la générosité de cœur de spectateurs, alors que notre civilisation est celle de la technologie, et de l'internet où les communications sont foisonnantes, et où tous ne recherchent que des stimulus pour expliquer rationnellement l'ordre du cœur ? Vanité des vanités, tout n'est que vent disait l'ecclésiaste certes ! Tout n'est que prétention évidemment, et face à un tel film, on ne peut que se sentir honteux de ne pouvoir ressentir une once d'humanité devant le tumulte des sciences prétendument acquises !

Un réalisateur de l'image vibrante s'il vous plaît, et non un professeur sentencieux et sans cœur ! Et tout le sens d'un tel film se retrouve dans la formule « l'amour et quantifiable » ! que prononce Joseph Cooper à propos de Murphy lorsqu'il est reclus dans sa réalité de « fantôme », ce qui sauvera évidemment le monde ! Le sentiment mesuré, quantifié, objectivé, laissé au compte goutte selon les normes de la science ! Bref, le cerveau avec ses connexions neuronales a triomphé ! Pourquoi faire dans le cœur et le sentiment après tout ? Tout n'est en fait qu'affaire de politique du pire ! Et la loi psychologique de Murphy est là pour le démontrer ! Effectivement, « Interstellar » est une belle illustration (refoulée certainement) de la politique du catastrophisme ! De toute façon, avec la perte inexorable d'énergie dans un système fermé à l'infini (et non isolé, car nul système n'est complètement isolé d'un autre) appelée entropie, on s'en doutait déjà un peu  !

Nous allons enfin passer à la phase finale ! L'interprétation du sens profond ! La réconciliation du père avec la fille qui l'attendait finalement après avoir douté sérieusement de son amour (Job peut être ? Et Job a été finalement pardonné par Dieu) ! Un sens psychologique et religieux donc ! Par delà l'espace et le temps (et par-delà la gravité, il faut en convenir le Gravity de Cuaron a fait des ravages), reste l'amour des êtres, et seule sur sa planète qui accueillera finalement l'humanité (car la fille Brand a eu raison de croire en son Edmund chéri, un Tristan et Iseut, nouvelle version peut-être ? ), Amelia (alias Hattaway) attend son doux prince qui viendra l'aimer ! Ou attend aussi peut-être aussi le peuplement inopiné de la planète « Amour » par une fusée de germes de vie humaine ! Et le film se conclura ainsi : l'amour est plus fort que la science ! Il faut croire en la survie de l'humanité, car c'est de l'amour que naîtra la rédemption ! Et Lazare qui ressuscite miraculeusement de ses cendres ! L'amour et l'espoir qui triomphent de la science !

Bel exercice de funambule qui se contredit lui-même !
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Leary
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Re: Interstellar

Message non lu par Leary »

Il est tout à fait louable de développer son avis (et je suis toujours admiratif des personnes capables de pondre une thèse sur un film qu'ils détestent viscéralement), mais pour le coup, je dois avouer que j'ai eu beaucoup moins de mal à comprendre le film que cette vision critique qui m'apparaît particulièrement plus "emmêlée".
Alcibiade a écrit : Je voudrais bien savoir en quoi il y a une vérité quelconque à dire que les corps retourneraient dans le passé en entrant dans un trou noir ! Pour un film qui se prétend « scientifique », il s'agit d'une fiction, ou plutôt de science-fiction !
Heu... Oui, c'est un film de science-fiction, qui comme son nom l'indique, s'appuie sur quelques principes scientifiques pour s'aventurer dans des territoires hypothétiques faisant appel à l'imagination. Ceci dans le seul but de nous divertir et/ou nous faire réfléchir un peu sur notre condition.

Je ne sais pas où tu as vu que Nolan se posait en documentariste rigoureusement scientifique délivrant un cours didactique. Tout film de science fiction passe par quelque discours pseudo-scientifique pour justifier ses enjeux, et que le spectateur est tenu de prendre pour argent comptant s'il veut faire partie du voyage. C'est un peu comme si je m'offusquais quand John Hammond nous explique comment l'ADN des dinosaures a été recréé dans Jurassic Park...
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Wyatt Earp
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Re: Interstellar

Message non lu par Wyatt Earp »

Alcibiade, tant de cynisme et de mauvaise foi, ça relève presque du cas d'école ! Qui plus est, tu aurais mieux fait de consacrer le temps que tu as mis à écrire tout ça pour voir le film en entier. Que tu n'aies pas pris la peine de le faire ôte d'emblée toute légitimité à ton avis. Tu ne cesses de prêter à Nolan des intentions quo ne sont pas les siennes.
Pour la faire courte, on oublie un peu vite que c'est une grosse production, qui fait donc partie d'une industrie (Hollywood), qui développe certaines théories (qu'on n'est pas obligés d'accepter certes), vulgarisées pour le public sous la supervision de scientifiques, et qu'avant tout c'est une oeuvre profondément romantique (et romanesque). Pour finir, je citerais deux exemples : ma fille de 10 ans a immédiatement saisi le sens du film et le patron de ma femme, qui est un scientifique ayant concouru pour le prix Nobel, l'a trouvé passionnant. Bon, évidemment, eux, ils l'ont vu en entier, ça aide.
Que l'image soit là pour créer la pensée chez le spectateur, ça se tient, mais une telle production peut difficilement prendre un tel risque de A à Z. Mann l'a fait avec HACKER et le film est un échec commercial total. En revanche, pour ce qui est de créer de l'émotion par les images, ou en l'espace de quelques plans fugitifs (Cooper qui soulève le drap dans la voiture au cas où...), Nolan fait très fort.
Après, tu as tout à fait le droit de ne pas aimer, mais je crois surtout que tu avais décidé de ne pas l'aimer avant de le voir. C'est un peu comme ceux qui décident qu'un film est forcément génial et lui trouvent toutes les excuses possibles même s'il est raté à partir du moment où il a été réalisé par un cinéaste qu'ils adorent, et ce uniquement parce qu'ils ne veulent pas reconnaître qu'il s'est planté et surtout qu'ils ont tort. Si je prends mon cas, j'aime beaucoup ce que fait Ridley Scott, mais j'ai eu du mal à admettre qu'EXODUS était raté. Je l'ai revu, et aujourd'hui, malgré 2-3 scènes spectaculaires, j'en suis arrivé à le trouver mauvais. Par contre, je n'aime pas ce que fait Del Toro, et pourtant je suis quasiment sûr que je vais adorer CRIMSON PEAK.
Puisqu'on y est, pour info :
http://collider.com/interstellar-origin ... han-nolan/
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