Interstellar

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Brother Cadfael
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Re: Interstellar

Message non lu par Brother Cadfael »

Wyatt Earp a écrit :C'est un peu comme ceux qui décident qu'un film est forcément génial et lui trouvent toutes les excuses possibles même s'il est raté à partir du moment où il a été réalisé par un cinéaste qu'ils adorent, et ce uniquement parce qu'ils ne veulent pas reconnaître qu'il s'est planté et surtout qu'ils ont tort. Si je prends mon cas, j'aime beaucoup ce que fait Ridley Scott, mais j'ai eu du mal à admettre qu'EXODUS était raté. Je l'ai revu, et aujourd'hui, malgré 2-3 scènes spectaculaires, j'en suis arrivé à le trouver mauvais.
Va falloir changer ça alors mon ami ! :D Et oui les écrits restent. ;)
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Dadid
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Re: Interstellar

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Alcibiade a écrit : Le principe de départ est pourtant fort simple : la recherche d'une planète de colonisation située dans une autre galaxie (la référence à Deep Impact de Mimi Leder est déjà claire), et pour cela il faut passer par un trou de verre (ou trou de ver, donc pour les puristes astrophysiciens dont je ne suis pas ! :lol: ), ce qui oblige les astronautes à laisser sur terre leurs proches qui vieilliront voire périront
Record de longueur de message battu, non ? Alibiade, au moins tu prends le temps de défendre ton point de vue, ça fait plaisir, mais j'avoue que tu me flanques mal au crâne, et je n'ai pas autant de temps !

Alors, juste pour répondre à cette histoire de puriste astrophysicien : je ne vois aucun purisme là-dedans, c'est juste que "trou de verre" ça ne veut rien dire. "Worrm hole" est une référence imagée aux réseaux de canaux labyrinthiques creusés par les vers (de terre), pas à la matière "verre" ni à l'ustensile de table.

Et puis, ta référence au film très sympa mais plus ou moins oublié de Mimi Leder tombe complètement à plat, à mon avis Nolan n'y pensait même pas, ce principe d'arche vers une autre planète étant déjà repris du roman "Le choc des mondes" (adapté au ciné par Rudolph Maté) et d'autres certainement... On le trouve aussi dans le 2012 de Roland Emmerich, de sinistre mémoire...

Ce qui montre que quand on veut absolument voir une chose, on la voit, en critique comme ailleurs - et ça, c'est scientifiquement prouvé ! ;)
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Wyatt Earp
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Re: Interstellar

Message non lu par Wyatt Earp »

Brother Cadfael a écrit :
Wyatt Earp a écrit :C'est un peu comme ceux qui décident qu'un film est forcément génial et lui trouvent toutes les excuses possibles même s'il est raté à partir du moment où il a été réalisé par un cinéaste qu'ils adorent, et ce uniquement parce qu'ils ne veulent pas reconnaître qu'il s'est planté et surtout qu'ils ont tort. Si je prends mon cas, j'aime beaucoup ce que fait Ridley Scott, mais j'ai eu du mal à admettre qu'EXODUS était raté. Je l'ai revu, et aujourd'hui, malgré 2-3 scènes spectaculaires, j'en suis arrivé à le trouver mauvais.
Va falloir changer ça alors mon ami ! :D Et oui les écrits restent. ;)
Le changer, pourquoi ? J'allais pas en refaire une après ma 2e vision, quand même ! :lol: et puis tu noteras que ma critique était quand même assez mitigée sur certains aspects du film...
Et puis, "les écrits restent", sur le net, tu parles...C'est lu quand c'est publié et ciao. SURTOUT les critiques de films !
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Wyatt Earp
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Re: Interstellar

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Dadid a écrit :
Et puis, ta référence au film très sympa mais plus ou moins oublié de Mimi Leder tombe complètement à plat, à mon avis Nolan n'y pensait même pas
Mmm, pas si sûr. Ca expliquerait que certains passages du score sonnent BEAUCOUP comme celui de Horner...
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Misquamacus
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Re: Interstellar

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Un film qui suscite autant de réactions, parfois fort longues, c'est déjà quelque chose. Mais je continue à penser que Alcibiade défend bien son point de vue, par contre c'est vrai qu'il devrait voir le film en entier...
Et que moi je devrais le revoir.
Mais j'ai pas envie.
(Vous n'y trouvez pas un p'tit côté Malick au film ? ça expliquerai pourquoi je me suis fait ch...) :D
J'ai honte.
« Je ne connais pas la moitié d’entre vous autant que je le voudrais et j’aime moins de la moitié d’entre vous à moitié moins que vous ne le méritez ! »
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Alcibiade
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Re: Interstellar

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Wyatt Earp a écrit :Alcibiade, tant de cynisme et de mauvaise foi, ça relève presque du cas d'école ! Qui plus est, tu aurais mieux fait de consacrer le temps que tu as mis à écrire tout ça pour voir le film en entier. Que tu n'aies pas pris la peine de le faire ôte d'emblée toute légitimité à ton avis. Tu ne cesses de prêter à Nolan des intentions quo ne sont pas les siennes.
Non, justement, je l'ai vu en entier hier, et c'est pourquoi je me suis permis le soir d'en faire au moins une synthèse, surtout que la fin m'a semblé particulièrement révélatrice ! Il est évident qu'un jugement implique des sacrifices ! Par contre, pour le mal de tête que cela m'a provoqué par la suite -film et synthèse-, je ne le referai pas tous les soirs [dead]
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Misquamacus
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Re: Interstellar

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Ah bin voila !
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Leary
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Re: Interstellar

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Misquamacus a écrit : (Vous n'y trouvez pas un p'tit côté Malick au film ? ça expliquerai pourquoi je me suis fait ch...) :D
J'ai honte.
Je vois bien un point commun entre Tree of life et Interstellar, mais je ne comprends pas comment ça peut te faire ch... !! :D

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Scorebob
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Re: Interstellar

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"Par contre, je n'aime pas ce que fait Del Toro, et pourtant je suis quasiment sûr que je vais adorer CRIMSON PEAK."

Donc au final tu vas aimer le détester? :lol:
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Alcibiade
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Re: Interstellar

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Je ne suis pas dur avec Nolan (et son "Memento" et son "Prestige" surtout ne sont pas si mal), je ne fais que rechercher un sens à ce film (et je ne me contenterais pas de dire que je l'ai inévitablement compris parce que je suis un être humain -mais peut-être aussi que je suis un sot qui ne comprend rien à rien, et qui refuse de considérer le sens que Nolan et ses scénaristes maîtrisent parfaitement quant à eux, et que n'importe quel spectateur devrait saisir immédiatement ou intuitivement, même un enfant-) et je suis le premier à regretter pour ma part que ce film ne m'apporte rien que des nœuds inextricables dans la pensée, et non des sentiments (comme beaucoup de films qui se veulent aujourd'hui profonds, « Inception » et même les déjà anciens « Matrix reloaded », et « Matrix révolution » ; même si je suis moins dur avec la trilogie des Wachowsi, le premier étant une réussite, les autres comportant des développements de théories philosophiques et religieux vertigineux -mais malheureusement englués dans un syncrétisme monstrueux de bavardages et de sentences- mais qui n'ont que l'apparence de la profondeur sous des dehors lisses de « c'est scientifiquement prouvé, donc regardez, contemplez et approuvez bêtement la beauté »).
Dadid a écrit : Ce qui montre que quand on veut absolument voir une chose, on la voit, en critique comme ailleurs - et ça, c'est scientifiquement prouvé ! ;)
Ben non, je pense que rien n'est scientifiquement prouvé, que tout est constamment à retrouver et à reprouver. Et qu'il est dogmatique de dire que "c'est scientifiquement prouvé", et que cela doit donc engager l'achat ou la démission de la raison. Je ne disais certainement pas que "Deep Impact" constitue une influence massive et assumée (et consciente) de Nolan, mais qu'il y a bien un rapport thématique entre les deux films, comme il y en a un avec "Signes", d'ailleurs.
Dadid a écrit : Alors, juste pour répondre à cette histoire de puriste astrophysicien : je ne vois aucun purisme là-dedans, c'est juste que "trou de verre" ça ne veut rien dire. "Worrm hole" est une référence imagée aux réseaux de canaux labyrinthiques creusés par les vers (de terre), pas à la matière "verre" ni à l'ustensile de table .
Ceci dit merci, et sans ironie, car je ne le savais pas.

Je ne reproche d'ailleurs nullement à ce film d'être un film de science-fiction, mais de ne pas se revendiquer comme tel et d'avoir constamment la prétention de dire que cela est fondé scientifiquement avec des rappels théoriques constants qui alourdissent le sens du récit et appauvrissent la vie psychologique des personnages.
Leary a écrit : Heu... Oui, c'est un film de science-fiction, qui comme son nom l'indique, s'appuie sur quelques principes scientifiques pour s'aventurer dans des territoires hypothétiques faisant appel à l'imagination. Ceci dans le seul but de nous divertir et/ou nous faire réfléchir un peu sur notre condition. Je ne sais pas où tu as vu que Nolan se posait en documentariste rigoureusement scientifique délivrant un cours didactique. Tout film de science fiction passe par quelque discours pseudo-scientifique pour justifier ses enjeux, et que le spectateur est tenu de prendre pour argent comptant s'il veut faire partie du voyage. C'est un peu comme si je m'offusquais quand John Hammond nous explique comment l'ADN des dinosaures a été recréé dans Jurassic Park...
Le spectateur est donc ici intimé non de contempler et d'éprouver l'image, mais de suivre les circonvolutions théoriques. « 2001 » et « Blade Runner » sont de véritables films de science-fiction, car ils ne s'embarrassent à aucun moment de théories (et pourtant Dieu sait qu'il y a une profondeur théorique saisissante si l'on creuse, mais cela nous appartient ici librement de creuser théoriquement), mais laissent les images vivre. La science-fiction devrait être une négation totale des acquis scientifiques présents, puisque son principe est de voir au-delà du présent, et non une reprise exhaustive de la science passée et présente et ceci dans une perspective spéculative toujours scientifique.

La science-fiction devrait être justement un mépris de la science, et s'appuyer sans le dire sur des principes théoriques découverts pour en montrer toute l'inanité : comme Deckard découvrant soudainement dans le regard de Rachel que l'intelligence artificielle ouvre à l'humanité, comme Bowman régressant aux origines de la vie ou le monolithe sacré dispensateur de mondes. Ces images de pure « science-fiction » ne sont jamais justifiées et fondées scientifiquement à l'écran (et heureusement), et cette absence de discours didactique donne toute l'épaisseur et la saveur interprétatives : le spectateur ne se sent pas ici un élève ignorant recevant un savoir, il se sent enfin une « personne », un acteur du sens suggéré et de l'émotion.

Je ne comprends même pas comment on peut accorder à Nolan un sens de l'image ou de la suggestion.
Wyatt Earp a écrit :En revanche, pour ce qui est de créer de l'émotion par les images, ou en l'espace de quelques plans fugitifs (Cooper qui soulève le drap dans la voiture au cas où...), Nolan fait très fort.
Au cas où quoi ? Il trouverait sa fille ? Si je comprends bien c'est la phase où Cooper se rend avec les coordonnées décryptées à ce lieu dont il ne sait pour l'instant rien (et qui s'avérera être une station cachée de sauvetage de l'humanité), ayant préalablement dit à sa fille, Murphy, de ne pas l'accompagner, car cela pourrait être dangereux. Bon soit, et alors ? À la place du mort se trouve une couverture (il a pris aussi des victuailles, car il ne sait jusqu'où sa recherche le mènera), et la couverture bouge ! Bon, Cooper ne voit rien, et -semblerait-il- veut se saisir de quelque chose soit dans la boîte à gants, soit sous la couverture, et découvre inopinément sa fille (d'ailleurs, il le prend plutôt bien, et ne fait même pas marche arrière. Sa fille lui a désobéi mais cela n'est pas grave, de toute façon l'autorité parentale aujourd'hui relève de l'anecdote, plus besoin d'y croire, donc inutile de la rabrouer ou de lui faire la morale, mais pas besoin surtout de la ramener à la maison, car en fin de compte le risque n'est pas si grand, et s'il y a des êtres animés de mauvaises intentions au lieu-dit, sa fille s'en sortira certainement, ce n'est après tout qu'une enfant et une enfant a des ressources insoupçonnées !) !

Mais je ne vois pas en quoi il y aurait ici une suggestion quelconque, et même une émotion créée ! La couverture est soulevée par hasard, sans intention quelconque du personnage (enfin, on ne saura pas ce qu'il cherchait en tout cas), et même sans participation interprétative du spectateur (si on voit la couverture bouger -car on pourrait aussi ne pas la voir bouger, le plan étant très rapide-, instantanément, comme un réflexe, on est dubitatif -un raton-laveur, un être de l'espace... ?-, et après la découverte, on se dit : ah ben oui, qu'on était bête en fait c'était bien la fille Murphy qui a désobéi au père). L'émotion viendrait peut-être de la réunion entre le père et la fille face au danger futur ? Je ne ressens rien pour ma part ; le lien psychologique entre ces deux personnages n'étant pas creusé et m'apparaissant factice.

Que toutes les productions actuelles de science-fiction soient certes perverties par des exigences commerciales et économiques, c'est vraisemblable, mais qu'on ne me dise pas alors que certaines films sont intelligents parce qu'on ne peut en comprendre le sens, et ceci même en voulant exercer son jugement (qui appartiendrait aux spectateurs intelligents seulement). Ou alors, s'il faut s'abandonner à la sensibilité et aux images renvoyant à un sens réel, pas besoin qu'un film nous fasse de grands discours et des rappels théoriques constants, il faut (et c'est extrêmement difficile) soigner les images, le récit, la psychologie, etc.

Il est intéressant aujourd'hui de voir comment les productions cinématographiques actuelles considèrent le "statut" de spectateur en le ramenant soit à un élève sot qui va apprendre ce qu'est véritablement la science, soit à un consommateur passif de belles images qui ne renvoient rien qu'à elles-mêmes sans éveiller une once d'émotion ou de pensée libre.
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Leary
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Re: Interstellar

Message non lu par Leary »

Alcibiade a écrit : Mais je ne vois pas en quoi il y aurait ici une suggestion quelconque, et même une émotion créée ! La couverture est soulevée par hasard, sans intention quelconque du personnage (enfin, on ne saura pas ce qu'il cherchait en tout cas), et même sans participation interprétative du spectateur (si on voit la couverture bouger -car on pourrait aussi ne pas la voir bouger, le plan étant très rapide-, instantanément, comme un réflexe, on est dubitatif -un raton-laveur, un être de l'espace... ?-, et après la découverte, on se dit : ah ben oui, qu'on était bête en fait c'était bien la fille Murphy qui a désobéi au père). L'émotion viendrait peut-être de la réunion entre le père et la fille face au danger futur ? Je ne ressens rien pour ma part ; le lien psychologique entre ces deux personnages n'étant pas creusé et m'apparaissant factice. .
Wyatt Earp parlait plutôt de la séquence où Cooper quitte définitivement sa famille. Ce moment où il soulève la couverture renvoyant à celui que tu décris toi, mais cette fois Murphy n'y est pas...
C'est de ce rappel que naît l'émotion.
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Alcibiade
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Re: Interstellar

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Entendu (je n'ai pas dû faire attention à ce deuxième plan), et j'admets une habileté et un lien psychologique exprimé. Je voudrais cependant savoir pourquoi ce rapport entre le père et la fille n'éveille rien chez moi (est-ce moi, ou est-ce le film lui-même) ? Je n'ai à aucun moment réussi à m'identifier aux personnages, suis-je donc le seul ? Par exemple, le fait que le père quitte "définitivement" sa famille ne m'apparaît pas comme tragique, plutôt comme largement "démonstratif" (alors qu'il devrait l'être pourtant) ! La mort du père de Cooper (John Lightow) est expédiée sur écran (avec un Tom dont la voix résonne du passé de façon monocorde), et en guise d'émotion le visage placide, fermé de Cooper (la musique à la rigueur tente d'éveiller quelque chose) ! L'engloutissement de Doyle sur la planète Eau est une simple formalité (je retiens le sauvetage de Brandt par le robot qui, au niveau de l'image, est plutôt réussi) ! Autrement dit, la psychologie de ce film ne fonctionne pas sur moi, et j'impute cela au choix qui est fait de privilégier le discours scientifique sur le récit lui-même.
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Wyatt Earp
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Re: Interstellar

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C'est bel et bien au plan lorsqu'il quitte sa famille auquel je faisais allusion. Tu devais être vachement attentif, pour le louper ! :roll:
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Alcibiade
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Re: Interstellar

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Il est évident que j'ai dû batailler avec la somnolence pour en venir à bout ! Et que le fait d'avoir réussi un tel exploit m'étonne moi-même ! :mrgreen:
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Leary
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Re: Interstellar

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Alcibiade a écrit :Je voudrais cependant savoir pourquoi ce rapport entre le père et la fille n'éveille rien chez moi (est-ce moi, ou est-ce le film lui-même) ? Je n'ai à aucun moment réussi à m'identifier aux personnages, suis-je donc le seul ? Par exemple, le fait que le père quitte "définitivement" sa famille ne m'apparaît pas comme tragique, plutôt comme largement "démonstratif" (alors qu'il devrait l'être pourtant) ! La mort du père de Cooper (John Lightow) est expédiée sur écran (avec un Tom dont la voix résonne du passé de façon monocorde), et en guise d'émotion le visage placide, fermé de Cooper (la musique à la rigueur tente d'éveiller quelque chose) !

Je ne sais pas, pour ma part j'ai pleuré comme un bébé au moment de la séquence des messages vidéos qui nous fait éprouver le passage du temps (avant d'en avoir exposé le concept théorique donc, l'un n'empêchant pas l'autre. Il me semble justement que Nolan joue de cet antagonisme... comme quoi nos perceptions sont différentes)
Alcibiade a écrit : Le spectateur est donc ici intimé non de contempler et d'éprouver l'image, mais de suivre les circonvolutions théoriques. « 2001 » et « Blade Runner » sont de véritables films de science-fiction, car ils ne s'embarrassent à aucun moment de théories (et pourtant Dieu sait qu'il y a une profondeur théorique saisissante si l'on creuse, mais cela nous appartient ici librement de creuser théoriquement), mais laissent les images vivre. La science-fiction devrait être une négation totale des acquis scientifiques présents, puisque son principe est de voir au-delà du présent, et non une reprise exhaustive de la science passée et présente et ceci dans une perspective spéculative toujours scientifique.
La science-fiction devrait être justement un mépris de la science, et s'appuyer sans le dire sur des principes théoriques découverts pour en montrer toute l'inanité : comme Deckard découvrant soudainement dans le regard de Rachel que l'intelligence artificielle ouvre à l'humanité, comme Bowman régressant aux origines de la vie ou le monolithe sacré dispensateur de mondes. Ces images de pure « science-fiction » ne sont jamais justifiées et fondées scientifiquement à l'écran (et heureusement), et cette absence de discours didactique donne toute l'épaisseur et la saveur interprétatives : le spectateur ne se sent pas ici un élève ignorant recevant un savoir, il se sent enfin une « personne », un acteur du sens suggéré et de l'émotion.
Je comprends ce que tu veux dire dans le sens où tu regrettes que le film soit trop verbeux et explicatif (même s'il ne me semble pas que cela se fasse au détriment de l'émotion donc), mais ça ne fait pas de lui un "faux" film de science fiction. S'appuyer sur des principes scientifiques avérés s'inscrit dans l'ADN du genre. Je prenais un exemple récent, mais tu pourrais faire le même reproche à une écrasante majorité de ses plus illustres auteurs, y compris l'un de ses pionniers, Jules Verne. Kubrick s'appuyait également sur toutes les avancées scientifiques de l'époque pour réaliser 2001. Nolan fait le choix de les énoncer verbalement pour clarifier les enjeux de son film (en partie pour des raisons commerciales sans doute), mais aussi pour opposer volontairement cette rationalité aux sentiments (Une scène clef pour moi est celle où Cooper s'oppose à la décision d'Anne Hathaway de se diriger vers l'autre planète potentiellement habitable plutôt que celle de glace, car il considère à ce moment là qu'elle ne fait pas appel à sa raison mais à ses sentiments pour le scientifique qui s'y trouve. En réalité, on verra qu'il se trompe lourdement... ).
Alcibiade a écrit : Que toutes les productions actuelles de science-fiction soient certes perverties par des exigences commerciales et économiques, c'est vraisemblable, mais qu'on ne me dise pas alors que certaines films sont intelligents parce qu'on ne peut en comprendre le sens, et ceci même en voulant exercer son jugement (qui appartiendrait aux spectateurs intelligents seulement). Ou alors, s'il faut s'abandonner à la sensibilité et aux images renvoyant à un sens réel, pas besoin qu'un film nous fasse de grands discours et des rappels théoriques constants, il faut (et c'est extrêmement difficile) soigner les images, le récit, la psychologie, etc.
2001 et Blade Runner sont effectivement des cas bien à part. On peut le regretter, mais aucun producteur n'est près à signer un chèque en blanc pour ça aujourd'hui. Alors,je ne cherche même pas à comparer. Et je ne dirais pas que le cinéma de Nolan est intelligent parce qu'il égrène des théories, mais parce que, dans sa volonté ludique, il s'adresse à des spectateurs actifs et n'hésite pas à casser la linéarité de ses récits, en nous surprenant par le jeu de structures inhabituelles, et en jouant avec différentes strates d'espace et de temps.
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Leary
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Re: Interstellar

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Après mon souvenir du film remonte à la seule vision salle, il est donc peut être déformé et sans doute partiel. J'attends le Blu-ray.
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Alcibiade
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Re: Interstellar

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Leary a écrit : Je ne sais pas, pour ma part j'ai pleuré comme un bébé au moment de la séquence des messages vidéos qui nous fait éprouver le passage du temps (avant d'en avoir exposé le concept théorique donc, l'un n'empêchant pas l'autre. Il me semble justement que Nolan joue de cet antagonisme... comme quoi nos perceptions sont différentes)
Comme quoi... non seulement je n'ai pas versé une larme, mais en plus de cela je riais intérieurement aux éclats ... et cela est inséparable effectivement de la sensibilité de chacun.
Leary a écrit : Nolan fait le choix de les énoncer verbalement pour clarifier les enjeux de son film (en partie pour des raisons commerciales sans doute), mais aussi pour opposer volontairement cette rationalité aux sentiments (Une scène clef pour moi est celle où Cooper s'oppose à la décision d'Anne Hathaway de se diriger vers l'autre planète potentiellement habitable plutôt que celle de glace, car il considère à ce moment là qu'elle ne fait pas appel à sa raison mais à ses sentiments pour le scientifique qui s'y trouve. En réalité, on verra qu'il se trompe lourdement...
Revenons oui sur cette séquence cruciale, car qu'il y ait bien reprise dans ce film du conflit entre la science et le cœur, entre la raison et la passion, c'est manifeste. Mais c'est justement là où, je trouve, que le film se contredit lourdement lui-même.

Que Cooper refuse d'aller sur la planète Edmunds en laissant l'amour (et donc la non-objection de Brand, puisqu'elle ne se situe plus dans le cadre de la rationalité discursive) guider un choix de mission est une chose compréhensible, que Brand expose sa foi en l'amour pour guider un autre choix est une chose compréhensible aussi. Le problème, c'est qu'elle défend un non-argument, et surtout une proposition qui va à l'encontre du sacrifice de l'individu pour l'humanité. Or, il est posé dès le départ que "l'espèce humaine importe plus que l'individu". Brand invoque sa foi en l'amour (d'ailleurs pourquoi toujours cette facilité consistant à associer une femme à un discours romantique), mais implicitement aussi son amour pour Edmunds qu'elle voudrait revoir (ce qui est ici l'individu contre le tout).

La planète Edmunds et la planète Mann sont deux mondes "prometteurs", l'une a cet avantage qu'elle émet toujours un signal, l'autre ne répond plus (d'ailleurs il est après coup intéressant de relier la rationalité de la science à la glace qui fossilise et immobilise. "Mann" est un choix de raison). Et d'ailleurs au passage, Brand tente bien d'élaborer une forme de rationalité pour que la mission se dirige vers Edmunds en prétendant que des planètes en orbite autour d'un trou noir (donc la planète Miller et la planète Mann) ne peuvent accueillir la vie puisqu'un trou noir absorberait "astéroïdes, comètes et autres événements" (donc aussi la vie, je présume, ou la possibilité qu'une vie se développe). Elle évoque par ailleurs encore la loi de Murphy (je ne sais pas pourquoi cette loi psychologique est toujours convoquée ici) pour dire que si cela s'est mal passé sur Miller, cela se passera mal aussi sur Mann (étant donné la politique du pire). D'ailleurs, on voit en quoi la loi de Murphy est bien une appréciation psychologique, puisque soutenue dans un cadre bancal de rationalité. Lorsque Cooper évoque enfin l'attachement amoureux de Brand pour Wolf Edmunds, toute cette belle rationalité s'effondre en un instant, et Brand cesse de jouer la comédie en assénant "l'amour n'est pas une invention, il est observable et tout puissant, il a forcément un sens". Et Cooper fait dans le sarcasme "oui, nous aimons aussi nos enfants, la vie sociale, etc." afin de dire que l'amour est parfaitement intéressé. Par la suite, la défense de l'amour par Brand consistera à dire que celui-ci est désintéressé à partir de l'amour que nous portons à nos morts.

Le problème du film, c'est qu'il ne cesse de clamer haut et fort la victoire de la science et la défaite consommée de l'amour ou de la foi, et ceci même s'il prétend le contraire ; car il défend bien l'inverse à la fin, mais d'une façon que je trouve "absurde".

Lorsqu'à la fin, Cooper réalise son amour pour sa fille Murphy (elle avait foi en lui, en sa venue, et il est revenu), comprend que les fantômes ont une existence physique puisqu'il en était un (et non d'ailleurs des êtres "inexplicables" ou purement "spirituels", puisque le monde des esprits n'est plus qu'une dimension physique du temps et non une porte au-delà du physique), et que Brand avait raison en ayant fait le choix de la planète Edmunds (la planète Amour inévitablement pour moi), la résolution consistera à dire que la solution de l'équation de l'univers est "l'amour".

Mais non un amour pur, désintéressé, spirituel émanant du cœur humain (comme on pouvait l'espérer), non un amour "quantifiable" c'est-à-dire objectivement mesurable, qui a une existence physique qui viendrait d'êtres sans dimension psychique ou spirituelle. De sorte que pour moi tout cela ne respire que le mécanisme du "sentiment" cérébral, ou le triomphe définitif de la science et de la raison qui absorberaient et vampiriseraient les sentiments humains pour en faire de simples influx nerveux, observables, quantifiables. C'est Deckard qui devient répliquant, et non Rachel qui devient humaine.

Encore une fois, je maintiens qu'un tel film se veut l'éloge d'une science froide qui ne parle pas au cœur, mais à une raison désincarnée qui s'enlise dans les contradictions intellectuelles, et voilà pourquoi on peut s'y perdre.

La volonté intime du film est de changer l'esprit en cerveau, le spirituel en physique, les sentiments en influx matériels, les fantômes en êtres physiques bloqués dans une dimension parallèle, les personnages en automates, la foi en science glacée, et de faire de la planète Edmunds un désert de pierre où a été établi le campement qui recevra l'humanité et Cooper. Je ne voudrais pas vivre personnellement dans un monde pareil sans dimension spirituelle. C'est serait le catastrophisme ultime, la transformation du principe psychologique de Murphy en principe physique (et c'est peut-être ce qu'on veut nous dire aussi).
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Misquamacus
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Re: Interstellar

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Leary a écrit :
Misquamacus a écrit : (Vous n'y trouvez pas un p'tit côté Malick au film ? ça expliquerai pourquoi je me suis fait ch...) :D
J'ai honte.
Je vois bien un point commun entre Tree of life et Interstellar, mais je ne comprends pas comment ça peut te faire ch... !! :D

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Effectivement là impossible de se faire ch... Non seulement elle est jolie mais en plus très talentueuse.
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Misquamacus
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Re: Interstellar

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Alcibiade a écrit :
Leary a écrit : Je ne sais pas, pour ma part j'ai pleuré comme un bébé au moment de la séquence des messages vidéos qui nous fait éprouver le passage du temps
Comme quoi... non seulement je n'ai pas versé une larme, mais en plus de cela je riais intérieurement aux éclats ... et cela est inséparable effectivement de la sensibilité de chacun.
Ni larme, ni rire mais total indifférence. (En fait je ne m'en rappel même plus)
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Alcibiade
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Re: Interstellar

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Misquamacus a écrit :Ni larme, ni rire mais total indifférence. (En fait je ne m'en rappel même plus)
Va falloir que tu te le retapes absolument pour savoir s'il faut rire ou pleurer ! Et puis 2h50 dans une vie, qu'est-ce que c'est, après tout ? Le temps est relatif après tout ! :mrgreen:
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Re: Interstellar

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Leary a écrit : Je prenais un exemple récent, mais tu pourrais faire le même reproche à une écrasante majorité de ses plus illustres auteurs, y compris l'un de ses pionniers, Jules Verne. Kubrick s'appuyait également sur toutes les avancées scientifiques de l'époque pour réaliser 2001.
Suis entièrement d'accord avec l'exemple de Jules Verne ! Reste à savoir l'ambiguïté de l'écrivain ! Comment se fait-il qu'on ne parvienne justement pas à le classer : ni en auteur de science-fiction, ni en naturaliste ou physicien ? C'est que ces récits empruntent à la fois trop aux discours scientifiques, et en même temps trop au romanesque ! Il a choisi un angle de récit : la science ! Et cela pose un sérieux dilemme, car cela fait contradiction : la narration romanesque et la science font rarement bon ménage ! Il n'empêche pourtant que le scientifique peut être rêveur, et que le rêveur peut être scientifique, et que je ne raisonne pas en termes binaires ! Je pense que Kubrick par exemple (sans vouer un culte immodéré au réalisateur, car je ne fais pas toujours dans l'académisme cinématographique, et que j'ai de sérieuses résistances avec son "Barry Lindon", et son "Lolita" ; tout en appréciant clairement son "Orange mécanique") a réussi son 2001 ! Parce qu'il a su "s'appuyer" sur les théories scientifiques, mais sans que cela déteigne pour autant sur l'image ! En plus, le scénario de Clarke a dû largement l'avantager ! Et la fin justement est une odyssée de l'image : une odyssée proprement visuelle inégalable où se concentrent sur la rétine toutes les émotions, toutes les idées, et tous les principes de l'espace-temps, et ceci sans un mot !
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Alcibiade a écrit :
Mais non un amour pur, désintéressé, spirituel émanant du cœur humain (comme on pouvait l'espérer), non un amour "quantifiable" c'est-à-dire objectivement mesurable, qui a une existence physique qui viendrait d'êtres sans dimension psychique ou spirituelle. De sorte que pour moi tout cela ne respire que le mécanisme du "sentiment" cérébral, ou le triomphe définitif de la science et de la raison qui absorberaient et vampiriseraient les sentiments humains pour en faire de simples influx nerveux, observables, quantifiables. C'est Deckard qui devient répliquant, et non Rachel qui devient humaine.
C'est là que je me perds dans ton raisonnement et ne comprend pas exactement d'où ça sort, mais encore une fois, peut-être que ma mémoire me fait défaut. C'est beaucoup plus frais pour toi. Faut vraiment que je revoie le film pour prolonger cette discussion. Mais pour moi ces 2h30 seront un vrai plaisir! :D (pas assez de Jessica chastain mais c'est pas grave)
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Leary a écrit :C'est là que je me perds dans ton raisonnement et ne comprend pas exactement d'où ça sort, mais encore une fois, peut-être que ma mémoire me fait défaut. C'est beaucoup plus frais pour toi. Faut vraiment que je revoie le film pour prolonger cette discussion. Mais pour moi ces 2h30 seront un vrai plaisir! :D (pas assez de Jessica chastain mais c'est pas grave)
"L'amour est quantifiable" ! Cela apparaît comme une révélation à Cooper à la suite de son odyssée dans le trou de noir et de son interaction "paranormale" en morse avec ses deux filles (la même, mais l'une enfant, l'autre adulte avec donc la belle Chastain) ! Pour le coup, je n'ai pas somnolé ! Et c'est vrai que c'est frais en moi (mais à quel prix aussi !) ! "Mon attachement pour Murphy est quantifiable" ! Cela s'est imprimé en moi ! Et mesurer un sentiment, je regrette, c'est le changer en influx nerveux ayant une traçabilité électro-encéphalographique, et transformer le spirituel en physique !
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Re: Interstellar

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Alcibiade a écrit : Et la fin justement est une odyssée de l'image : une odyssée proprement visuelle inégalable où se concentrent sur la rétine toutes les émotions, toutes les idées, et tous les principes de l'espace-temps, et ceci sans un mot !
Disons qu'il y a plusieurs écoles et que je te trouve extrêmement sévère avec l'une d'entre elle, même si je juge moi-même qu'une idée est souvent plus belle exprimée par l'image plutôt que par des mots. Il n'empêche, j'ai beaucoup d'admiration pour le film de Kubrick, mais je dois avouer que quand je l'ai découvert la première fois, j'ai éprouvé immédiatement le besoin d'associer cette vision à la lecture du roman, souvent plus explicite, qui avec les mots dont s'était passé Kubrick, m'a ouvert les portes de la compréhension... Une ou plusieurs autres visions du film auraient pu suffire, ou peut-être qu'une telle recherche de rationalisation n'était pas nécessaire, mais tout de même j'ai éprouvé ce besoin...
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Re: Interstellar

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Il me semble que le roman de Clarke est une novélisation, et qu'il a été écrit après le scénario constitué en collaboration avec Kubrick ! Mais que l'on préfère les mots à l'image ou l'image aux mots, cela ne peut être condamné dans les deux cas ! Je pense même parfois que les mots d'une narration ont plus de force que l'image cinématographique (à condition qu'ils ne s'embarrassent pas non plus de théories de la raison : philosophiques ou scientifiques), car le problème est similaire en littérature (et on le voit avec Jules Verne) : si on entre dans le didactisme intellectuel, cela tue l'imagination (car en lisant, et en se prenant à un récit, s'il y a des pages de raisonnements, cela découragera le lecteur qui ne pourra se laisser aller à la rêverie ! Dostoïevski avec "Crime et châtiment" a presque réussi à accorder les deux, mais heureusement, le récit reste un récit, et les idées restent parsemées intelligemment, presque chimiquement) ! Le cinéma est le domaine effectivement de l'image ; la littérature, le domaine des mots. Et l'idée doit se glisser soit dans l'image dans le cinéma, soit dans le mot dans la littérature. Mais favoriser le mot dans le cinéma, comme favoriser l'image (l'illustration du coup) dans la littérature est une incompréhension de ces deux formes d'art, et une confusion entre la littérature et le cinéma. Quant à l'idée, elle doit être éveillée soit par l'image dans l'art de l'image, soit par le mot dans l'art du mot.

Le tout, c'est que l'image littéraire ou cinématographique puisse vivre par elle-même sans discours professoral ! Il y a la sensibilité qui éprouve l'image pour accéder à la pensée et il y a l'entendement (ou la raison) qui élabore l'idée pour accéder à l'image (pour la transmission de l'abstraction, il y a toujours besoin de figuration comme le cercle tracé sur le tableau par exemple ou le trou de ver figuré sur la feuille repliée), il y a l'art et la science ! Concilier les deux reviendrait à vouloir l'art total, ou la science totale ! Je ne pense que cela soit possible ! Il faut faire un choix, et réussir déjà en art en favorisant les images sur les idées (tout en veillant à ce qu'une image éveille une idée) ! Il n'est pas facile d'être un grand réalisateur ou un grand écrivain, comme il n'est pas facile, en tant que spectateur ou lecteur, de trouver une œuvre !
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