Ida

[Chapichapo]

Ce quatrième film de Pawel Pawlikovski certainement le plus photographique, s’inscrit visuellement et thématiquement dans l’univers des maîtres nordiques (Dreyer, Bergman…). Tourné en noir et blanc dans un format 1,33, il associe la vertigineuse beauté des cadres et des lumières à la désespérance mentale des 2 femmes au centre de la narration. Ces deux femmes sont la jeune Ida qui à la veille de ses voeux de noviciat se voit proposer par sa mère supérieure de rencontrer sa tante Wanda afin que celle ci lui fasse des révélations sur son passé. Ce passé sera celui de sa Judéité , et le voyage que ces 2 femmes feront pour découvrir le sort de leur famille, nouera définitivement leur sort. La tante ancien procureur rouge qui aura brûlé sa vie dans des compromissions politiques, errances amoureuses, et libations alcooliques se dirigera vers la fenêtre de son appartement pour un dernier et décisif saut dans le vide, alors que la jeune Ida après avoir brièvement chaussé les escarpins de sa tante, renoncera à ce monde extérieur désenchanté pour retrouver le couvent.
Situé au début des années 60, ce film n’aborde qu’en filigrane les problématiques de la Pologne d’après guerre (massacres des Juifs perpétrés par les Polonais eux mêmes, purges communistes…), il ne les assène pas , il les situe juste bas de cadre, mais suffisamment présents pour être reconnus comme ferments de la désespérance des personnages.
Peinture blême d’une Pologne blafarde, véritable « Cul de sac » Polanskien, le film ne propose jamais une rationnalisation comportementale . Il se situe dans une langueur contemplative embrasant la majorité des plans, ou à l’image du retour d’Ida au couvent, dans l’énergie finale d’un mouvement vers le vide.

[Pierrebrrr]

Voilà qui convainc de guetter le passage de cette Ida par chez moi.