"La vérité, c'est qu'il n'y a rien de mieux qu'une bonne grosse explosion." Ces vertueuses paroles, qui lui ont sans doute été inspirées dès sa plus tendre enfance par des cinéastes du gabarit d'Antonioni (
on prend les paris ?), le divin Michael les a statufiées en invincible mantra que chaque nouveau jalon dans sa carrière a pour but évident de rendre plus lumineux, pus cyclopéen. Cette fois, c'est à Hong Kong qu'il a décidé de flanquer un dawa de fin du monde. On se souvient que Tsui Hark, avec son survitaminé
Time and Tide, avait (littéralement !) jeté sa caméra folle dans les artères incroyablement cinégéniques de Kowloon pour en extraire le substrat d'une des pièces expérimentales les plus fascinantes du cinéma d'action moderne. Bay, loin de s'embarrasser des mêmes considérations, donne quartier libre à son armé d'infographistes, d'artificiers et de cascadeurs cinglés dans l'objectif à peine voilé, et remporté haut la main, de ressusciter les magnificences bordéliques du merveilleux
Revenge of the Fallen que le précédent épisode, curieusement pondéré, avait mises à mal. Aux orties, les velléités "lisibles" d'un découpage cerclé de gardes-fous ! Place au joyeux barnum formé par des tonnes d'images hystériques et de mouvements d'appareil hypertrophiés qui s'entrechoquent comme dans le tambour d'une machine à laver.
Pointons néanmoins du doigt l'erreur stratégique d'avoir choisi pour nouvelle héroïne une gamine pas même majeure, qui du coup ne se prête guère à la passion immodérée de Michael Bay pour l'arrière-boutique artistement cadrée de ses actrices. Dieu soit loué, cette faute de goût est partiellement rachetée par Mark Wahlberg, éberlué dans le rôle un millier de fois rabâché du papa poule qui n'a pas vu sa fille grandir (comme par exemple dans... ah ben,
Armageddon, tiens), et surtout par Stanley Tucci, noble héritier de John Turturro (tirades postillonneuses, roulements d'yeux tour à tour incrédules et furibards... L'Oscar du meilleur second rôle, c'est dans la poche). Les adieux du divin Michael aux tas de boulons d'Hasbro, qu'il a malmenés durant sept bonnes années, s'effectuent donc en fanfare, et le vieux Van Cleef attend désormais avec impatience de voir quel tour va prendre son oeuvre. Bon alors, Michou, et si tu le mettais enfin sur les rails,
Bad Boys 3 ?