de Lee Van Cleef le Mer 21 Oct 2020 20:24
L'heure est grave. Tous autant que nous sommes, nous acquérons peu à peu de déplorables réflexes. Parmi les plébéiens d'UnderScores qui se sont laissé tenter avant-hier soir par la débauche de virtuosité de Singin' in the Rain sur France 5, combien, se trouvant nez à nez avec la scène d'ouverture dans laquelle des meutes de fans en pâmoison (et surtout, surtout... sans masque sur le museau !) assiègent la grande première du nouveau hit hollywoodien, ont senti leur pouls battre une angoissante chamade et leurs mains devenir moites ? Combien, lors de la mythique séquence de claquettes sous une pluie diluvienne, sont prêts à jurer avoir entendu le flic pas commode, qui interrompt le ballet aqueux de Gene Kelly, glapir d'une voix de stentor : "Hep, vous là ! Vous savez l'heure qu'il est ? Il est 21h05 ! Faites voir votre attestation de déplacement" ? Le Monde d'Après, de plus en plus, ressemble à s'y méprendre à un épisode de Twilight Zone, où nous assaillent visions de cauchemar et voix d'outre-tombe... Heureusement, ça n'en était pas encore au point de gâter l'incommensurable plaisir que procure, aujourd'hui plus que jamais, le chef-d'oeuvre de Stanley Donen, monstre d'euphorie comme peu de comédies musicales ont pu l'être.