Lion Of The Desert (Maurice Jarre)

Cent Mille Bédouins au Soleil

Disques • Publié le 24/05/2019 par

Lion Of The DesertLION OF THE DESERT (1981)
LE LION DU DÉSERT
Compositeur :
Maurice Jarre
Durée : 74:36 | 27 pistes
Éditeur : Tadlow Music

 

4 out of 5 stars

 

Un drame de guerre anticolonialiste de Moustapha Akkad avec Anthony Queen, Oliver Reed et Rod Steiger, et une nouvelle collaboration avec Jarre après The Message, pour un film à la douteuse renommée, ayant été financé par le Colonel Khadafi avant de connaitre un cinglant échec commercial au vu de son énorme budget. Pourtant le ton, âpre, et les moyens, impressionnants (la production n’a lésiné ni sur les figurants, ni sur le matériel militaire) cherchent davantage à une reconstitution historique exacte qu’à en jeter plein la vue. Honorablement réalisé, le film raconte la résistance héroïque des Bédouins de Lybie sous la conduite d’Omar Mukhtar (Anthony Quinn) contre l’invasion italienne sous Mussolini (Rod Steiger). L’album, admirablement conçu en deux suites d’une vingtaine de minutes chacune, est d’un attrait plus immédiat que le score de The Messenger avec lequel il est (très logiquement) couplé en CD.

 

La partition de Maurice Jarre est une composition épique pour un vaste ensemble (le mythique London Symphony Orchestra). Elle est dominée par un thème à la mélodie très ample qui est exposé au début de la première piste. A la fois exotique et lyrique, il est associé au personnage charismatique d’Omar Mukhtar et connaît des métamorphoses orchestrales et rythmiques qui correspondent aux différentes facettes de ce pédagogue contraint à devenir guerrier. L’arrangement très serein qui ouvre l’album est ainsi suivi d’une version plus rythmique et martiale, dans laquelle on retrouve le goût du compositeur pour les métriques impaires. Jarre soumet ainsi sa mélodie à un grand nombre de variations, n’utilisant parfois qu’une partie de la phrase musicale, modifiant son rythme et révélant sa grande malléabilité.

 

Anthony Quinn dans Lion Of The Desert

 

La seconde suite s’ouvre sur un autre thème en mineur. Caractérisé par un rythme de marche plus marqué, il connaît un nombre de variations intéressantes pendant les quatre premières minutes de cette deuxième piste. Enfin, un troisième thème plus tragique est associé aux exactions de l’armée fasciste et développé de façon spectaculaire dans une solennelle déploration pour chœur mixte et soliste (The Concentration Camp). Cette partition d’une grande richesse utilise d’autres motifs et interpole aussi l’hymne fasciste Giovinezza (de Giuseppe Blanc et Salvator Gotta) à plusieurs reprises, mais de façon particulièrement brillante dans la deuxième suite, en contrepoint des autres thèmes du score.

 

Il faut signaler également l’excellence des orchestrations, signées Christopher Palmer, qui s’attachent à mettre particulièrement en valeur les trouvailles instrumentales du compositeur, comme son utilisation de plusieurs pianos comme instruments de percussion (ces accords plaqués au début de la seconde suite). Une belle réussite du compositeur dans une veine classique.

 

Anthony Quinn dans Lion Of The Desert

Eric Avenas
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