Resident Evil (Marylin Manson & Marco Beltrami)

La jeune fille et les morts

Disques • Publié le 05/11/2012 par

Resident EvilRESIDENT EVIL (2002)
RESIDENT EVIL
Compositeurs :
Marylin Manson & Marco Beltrami
Durée : 71:52 | 18 pistes
Éditeur : Roadrunner Records

 

2 out of 5 stars

Pour mettre en musique son adaptation du jeu vidéo Resident Evil, Paul Anderson réitère l’expérience d’Event Horizon, dont la musique avait été co-composée par un professionnel de la bande originale (Michael Kamen) et un groupe issu de la scène électro (Orbital), sans doute plus connu du jeune public. Pourquoi en effet embaucher un seul compositeur quand on peut en avoir deux ? Désireux de s’adjoindre les services d’un « vrai » compositeur de musique de film, le réalisateur fait donc tout d’abord appel à Marco Beltrami dont il admire beaucoup les scores pour la trilogie Scream ainsi que celui de Mimic (ce qui rassure quant aux goûts musicaux du bonhomme !). Cependant, pour ajouter une touche plus branchée, Paul Anderson se tourne également vers un artiste de la scène rock underground : Marilyn Manson, roi du gothique trash et destroy, idole de toute une génération d’adolescents dans les années 90 et dont la participation au cinéma fantastique et d’horreur semble être devenue inévitable (Blair Witch 2, From Hell, Valentine [Mortelle St Valentin]).

 

Lorsqu’on les interroge à ce propos, les deux artistes affirment avoir travaillé en étroite collaboration afin d’obtenir le résultat le plus approprié aux images, résolument moderne, très axé sur l’électronique, plein de bruit et de fureur. Hélas, pour des raisons purement commerciales, c’est bien sûr l’auteur d’Antichrist Superstar qui attire toute l’attention et qui appose son seul nom sur toutes les pistes de score que contient l’album, aux côtés d’autres musiciens attendus (Slipknot, Rammstein, Depeche Mode) qui ne confèrent pas forcément à la bande originale de Resident Evil une identité vraiment distincte de celles de nombreux autres films horrifiques très formatés. Dans l’interview présente sur le DVD, il semble que Marilyn Manson ait tout effectué, depuis l’écriture des thèmes jusqu’aux expérimentations sur les sons et les atmosphères, ce qui pousse Beltrami à n’être que le commentateur du travail de son collègue. Les fans du compositeur de The Faculty (Faculty) et de Dracula 2000 seront évidemment fort déçus que leur champion se retrouve évincé de la sorte. Or, s’il est vrai que Manson et Beltrami sont chacun responsables du score à 50%, alors la part du second doit bien s’entendre quelque part…

 

À la vision du film, une chose semble évidente : l’album de chansons n’a retenu que les morceaux d’action tonitruants, saturés de guitares et de batteries 100% heavy metal, ce qui laisse supposer que Beltrami s’est davantage concentré sur les morceaux réflexifs et atmosphériques, sur les passages de suspense, sur tout ce qui fait le lien entre les scènes «explosives», en bref, sur ce qu’on appelle l’underscore, nécessaire dans le film mais pas forcément évident à écouter en dehors… Ou peut-être que la collaboration entre les deux musiciens s’est en effet avérée plus étroite qu’on ne le pense et qu’ils ont presque tout écrit à quatre mains, l’impression de ne pas reconnaître le Beltrami habituel étant due au fait qu’il ne fasse pas du tout appel au symphonique, contrairement à son habitude. À ce titre, le Main Title est éloquent : si le thème associé à Alice, cristallin et obsédant, est signé Marilyn Manson, les orchestrations sont quant à elles typiques de Beltrami (on pense notamment à Joy Ride [Une Virée en Enfer] et à The Watcher). Dans bon nombre de séquences l’on reconnaît le style très scandé et plein de tension du compositeur de Knowing (Prédictions), bientôt rejoint par les sonorités technoïdes agressives de son comparse, pour un résultat glaçant misant tout autant sur l’angoisse que sur la violence. L’expérience cinématographique est indéniablement réussie ; pour le reste, on recommandera aux béophiles de ne pas trop en demander et de se pencher sur les travaux solos de chacun des deux compositeurs pour s’estimer pleinement satisfaits…

 

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Gregory Bouak
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