The Bourne Legacy (James Newton Howard)

Mémoire effacée

Disques • Publié le 20/08/2012 par

The Bourne LegacyTHE BOURNE LEGACY (2012)
JASON BOURNE : L’HÉRITAGE
Compositeur :
James Newton Howard
Durée : 63:33 | 26 pistes
Éditeur : Varèse Sarabande

 

0.5 out of 5 stars

Même licence mais, cette fois, une histoire originale et des acteurs, un réalisateur et un compositeur différents : Jason Bourne n’a pas fini de se faire courir après, pour le meilleur et à présent pour le pire. L’on sait James Newton Howard sur une pente savonneuse, atomisant son intégrité artistique par la signature de contrats purement alimentaires… Mais en acceptant celui de The Bourne Legacy, réalisé par Tony Gilroy, scénariste de la trilogie Bourne avec qui il a déjà collaboré sur Duplicity et Michael Clayton, le compositeur ne glisse pas tant par cette collaboration somme toute logique que par son désintérêt manifeste envers un sujet qui a pourtant propulsé John Powell au rang de maître du cinéma d’action du nouveau millénaire.

A propos d’héritage, ce n’est d’ailleurs qu’un très maigre tribut que Newton Howard paye au compositeur qui l’a précédé : Legacy cite rapidement le thème de Jason Bourne joué au basson dès le début du premier film et passe vite à autre chose, c’est à dire à un score d’action sans ambition, impersonnel, totalement insipide et puant les bibliothèques de samples à la mode mais déjà ringards. Non seulement il ne parvient pas à décoller ne serait-ce que le temps d’un morceau, mais après les prouesses narratives de John Powell, l’ensemble dénonce une incroyable fainéantise et même une volonté de livrer un produit bas de gamme à peine digne d’une production TV du dimanche après-midi.

Jeremy Renner dans le rôle d'Aaron Cross

Tous les clichés déjà maintes fois éprouvés sont réunis, comme si un étudiant s’était senti obligé d’utiliser sans discernement toutes les possibilités d’un matériel dernier cri pour son travail de fin d’année. Quelques mouvements de cordes sans direction définie, des bruitages électroniques, quelques riffs d’une guitare saturée sans conviction et quelques éclats de cuivres inopinés suffisent-ils à donner l’illusion qu’il se passe quelque chose ? L’auditeur atterré est en droit de se le demander et la réponse est sans appel : il est vrai qu’on s’ennuie ferme, y compris lors de scènes supposées mouvementées pour lesquelles la musique aligne avec énervement et gesticulations des bruits vaguement évocateurs d’une technologie de pointe et d’habiles techniques de surveillance, mais sans aucune cohérence thématique ni ressort dramatique. Mais attendez ! Ne serait-ce pas là un cas de fraude, comme il arrive parfois lors des grandes épreuves scolaires, telle une usurpation d’identité ?

Personne n’est dupe : si James Newton Howard est crédité au générique et si son nom est inscrit sur la pochette du disque, il est méconnaissable à l’écoute de The Bourne Legacy. Il est clair que, faisant désormais peu de cas de son renom, il a délégué l’intégralité du travail aux mêmes assistants qui avaient commis Green Lantern. Si le travail d’équipe permet à un compositeur de cinéma de faire face à la production tourmentée d’un film, ici il n’a pour seul bénéfice qu’une rentrée d’argent, certes modeste mais facile, permettant au compositeur de s’acquitter des prélèvements fiscaux obligatoires. Un point pour l’électricité, un point pour le temps passé.

The Bourne Legacy

Sébastien Faelens