Men In Black 3 (Danny Elfman)

Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir

Disques • Publié le 13/06/2012 par

Men In Black 3MEN IN BLACK 3 (2012)
MEN IN BLACK 3
Compositeur :
 Danny Elfman
Durée : 53:45 | 22 pistes
Éditeur : Sony

 

3 out of 5 stars

Bracelet éponge, collier à clous, chevelure permanentée, c’est la Stratocaster au poing et le solo destructeur au bout des doigts que Danny Elfman nous attend à l’entrée de son Men In Black 3. Le compositeur bénéficie-t-il, à l’instar d’un chef d’état de république bananière, d’une telle aura que plus personne n’ose le contredire ? Hey Danny ! Le nouvel opus de Sonnenfeld propose un voyage dans le passé, oui, mais en 1969, pas en 1984 ! Que viennent donc faire ici les riffs de guitares en provenance directe d’un album de Mötley Crüe ou de Poison pour évoquer l’année érotique ?

 

Lourdes guitares qui sont par ailleurs la seule originalité d’un score qui emboîte le pas à la démarche du réalisateur et décalque tranquillement les deux opus précédents. Alors que le second, avec ces chœurs féminins gloussant d’extase et ses deux suites Worm Lounge, revisitait avec humour l’esthétique 60’s, ce n’est bizarrement pas le cas ici alors que le sujet s’y prêtait idéalement. Elfman préfère donc injecter dans son thème indissociable des hommes en noir cette guitare hard-rock, liée ni à un personnage ni à une époque, même si elle semble avoir été pensée pour accompagner le biker de l’espace, Boris l’Animal. Au rayon des douceurs, deux choix thématiques plus rigoureux se remarquent. D’abord, une jolie ambiance tissée par des clochettes et des chœurs éthérés typiques d’Elfman, associée à la belle trouvaille du film : l’extra-terrestre Griffin, qui voit tous les futurs possibles en même temps. Ensuite, une guitare, acoustique cette fois, qui vient souligner les moments dramatiques concernant l’agent K. Autour, c’est une véritable compilation des vingt dernières années de compositions d’Elfman qui défile : les roulements de tambour et les klaxons de cuivres dans les pistes d’action, les sursauts forains ou cabaret, les chœurs féminins, des violons marquant des rythmiques très détachées, les roulements de cymbales, des flûtes inquiétantes. Même le theremin vient faire un bref coucou dans Forget Me Not… Des morceaux comme Time Jump ou The Prize/Monocycles constituent de parfaits concentrés à proposer à ceux qui voudraient découvrir Elfman en moins de cinq minutes.

 

Tommy Lee Jones & Will Smith

 

Grand professionnel, ce dernier livre une composition qui soutient parfaitement les images. The Mission Begins ou Mission Accomplished sautillent et trottent au diapason des déploiements d’action des agents J et K aux limites du mickeymousing, tandis qu’Under The Bridge ou Griffin Steps Up nous caressent les tympans comme il se doit dans les scènes émouvantes, mais en prenant bien soin de ne surtout pas trop nous bouleverser. Si l’on se souvient de l’émotion qu’Elfman est capable de susciter en quelques mesures dans Edward Scissorhands (Edward aux Mains d’Argent), ou de la fureur bestiale qu’il sait déchaîner dans Planet Of The Apes (La Planète des Singes) ou Wolfman, on constate en écoutant Men In Black 3 combien il est devenu capable de plier son talent à une exigence strictement professionnelle : ici l’on sera ému mais pas bouleversé, l’on va taper du pied mais sans être éjecté de son fauteuil.

 

Difficile d’en vouloir à Danny, tant les images de Sonnenfeld réclament le traitement qu’il leur applique. La musique, privée des effets sonores et du rythme déroulé par le montage, aboutit à un album assez insipide pour peu que l’on ait goûté au deux aventures précédentes des hommes en noir, dont le thème imparable cette fois encore présent conserve ici tout son attrait, avec ce qu’il faut de claquements de batterie et de ronronnements de cuivres. Bande originale pas originale, un poil paresseuse, MIB³ ne déshonore pas le musicien ni la série, même si l’on lui préférera volontiers un chapitre II plus groovy ou, si l’on cherche une compilation du compositeur, le sous-estimé Hellboy II: The Golden Army (Hellboy II – Les Légions d’Or Maudites) qui avait déjà de la guitare, mais plus de cœur.

 

Men In Black 3

Pierre Braillon
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