Contagion (Cliff Martinez)

Mondial Assistance

Disques • Publié le 12/12/2011 par

ContagionCONTAGION (2011)
CONTAGION
Compositeur :
Cliff Martinez
Durée : 45:26 | 20 pistes
Éditeur : WaterTower Music

 

3.5 out of 5 stars

Après leur dernière collaboration pour Solaris en 2002, Steven Soderbergh retrouve pour la neuvième fois Cliff Martinez pour un film choral où les personnages, principaux comme anonymes, sont victimes d’un virus se propageant partout dans le monde. Les partis pris naturels du compositeur font ici logiquement écho au titre et à l’approche clinique du film.

 

Dès They’re Calling My Flight, c’est un climat anxiogène qui s’installe, privilégiant la «marche» du virus : l’électronique aux rythmes technoïdes ne s’attache pas aux victimes mais traduit la menace qui pèse sur elles. Le thème simple, fait de notes graves jouées au piano, est le centre d’un dispositif de sons à la fois recherchés et résolument vintage, le tout reproduisant l’ambiance de films fantastiques des 80’s, notamment ceux de John Carpenter (on pense à The Fog, film dans lequel le danger est à la fois omniprésent et invisible). La simplicité du piano n’est qu’apparente car le thème ne se dévoile que progressivement, sous le commandement d’une rythmique de plus en plus obsédante. C’est là le signe avant-coureur d’une attente fébrile : après la paranoïa électronique de Move Away From The Table et les nappes de cordes de Chrysanthemum Complex et The Birds Are Doing That (trois morceaux qui entretiennent une peur irrationnelle), Get Off The Bus va plus loin dans la description de la panique, l’orchestre lorgnant du côté de la musique horrifique. D’ailleurs, Affected Cities finit de plomber l’ambiance en reprenant le thème du générique et en y ajoutant l’ersatz lancinant d’une alarme.

 

Après des morceaux d’ambiance évitant à dessein le confort auditif, Merry Christmas se fait remarquer par sa composante purement orchestrale, mais l’atmosphère vaporeuse et le thème lent et inachevé à la Thomas Newman restreignent la sentimentalité des cordes. Finalement, l’ensemble du score de Cliff Martinez fuit allègrement la dramaturgie et cherche en premier lieu à évoquer l’insécurité et à instiller un certain malaise. C’est à la fois l’atout et la limite de Contagion : difficilement abordable, cette musique insidieuse néglige volontairement le facteur humain pour instiller une panique sournoise. Et bien que peu narrative sans être totalement radicale, elle cible précisément ses interventions et se révèle intéressante en mettant à profit des formules réputées désuètes.

 

Contagion

Sébastien Faelens