White Oleander (Thomas Newman)

Le parfum subtil du laurier blanc

Disques • Publié le 19/09/2011 par

White OleanderWHITE OLEANDER (2002)
LAURIER BLANC
Compositeur :
Thomas Newman
Durée : 34:40 | 19 pistes
Éditeur : Varèse Sarabande

 

3.5 out of 5 stars

Thomas Newman n’est pas coutumier de la démonstration ni des mélodies trop évidentes. C’est peut-être une des caractéristiques de son écriture qui lui vaut une considération toute relative de la part des béophiles mais qui lui confère une identité hors du commun. Alors qu’il officie la plupart du temps pour des films quelque peu confidentiels comme White Oleander (Laurier Blanc), il lui arrive parfois de participer à des films au potentiel commercial plus important tout en conservant sa discrétion naturelle. Selon les sujets, il module tout de même sa musique de manière sensible : il travaille tantôt la thématique tantôt le détail dans l’ambiance sonore, en faisant toujours preuve d’une parcimonie à tous points de vue. Mais quelque soit son inspiration, il s’affranchit toujours des clichés entretenus par Hollywood, fuit la paraphrase et se démarque même parfois de son support par sa propre manière de raconter une histoire.

 

L’auteur d’American Beauty tire d’un cliché une émotion toute personnelle qui va droit au cœur de l’auditeur car il se démarque de la narration du film pour mettre en marche la sienne et dépasser le rapport habituel qui existe entre l’image et sa musique. Et quand il compose une musique vaporeuse comme White Oleander, c’est pour distiller plus finement encore, et à notre insu, une force dramatique à laquelle il est difficile de ne pas succomber. Ici, Newman cultive l’introspection ouverte sur le monde en passant les portes d’une instrumentation étrange et toujours séduisante. Dès le début, le piano tisse un fil conducteur d’émotion et nous situe dans un monde musical créé de toutes pièces. Comme souvent, il se fait le vecteur ténu d’une musique subtilement émaillée d’une mélodie impressionniste qui ne prend jamais le dessus mais dont émane une mélancolie extrêmement touchante. Après Pay It Forward (Un Monde Meilleur), le compositeur laisse de nouveau s’exprimer en toute quiétude des instruments préparés, en verre ou provenant de pays que l’on croirait connus de lui seul. Pas de thème fédérateur ni évident car les solistes se tournent vers l’intérieur des personnages pour peindre ensemble un tableau dont le cadre éthéré laisse pleinement diffuser les couleurs. Les dix-neuf morceaux de ce disque immatériel sont autant de voyages dans un univers lointain et pourtant si proche, vers une sphère suspendue haut dans le ciel mais intelligemment connectée au drame humain. Avec White Oleander, Thomas Newman touche l’évanescent du doigt et sa musique impalpable embrasse des sentiments bien réels.

 

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Sébastien Faelens