Iron Man (Ramin Djawadi)

L'Homme au Masque de Fer

Disques • Publié le 01/09/2010 par

Iron ManIRON MAN (2008)
IRON MAN
Compositeur :
Ramin Djawadi
Durée : 54:02 | 19 pistes
Éditeur : Silva Screen Records

 

1.5 out of 5 stars

Après deux collaborations avec John Debney (Elf et Zathura), on pouvait tout naturellement s’attendre à ce que Jon Favreau retrouve le compositeur pour Iron Man, ce qui nous aurait certainement garanti une partition symphonique grisante comme l’auteur de Cutthroat Island (L’Ile aux Pirates) sait si bien les faire. Hélas, pour des raisons mystérieuses, Debney a finalement été écarté du projet et remplacé par Ramin Djawadi, obscur faiseur sorti des studios Remote Control et compositeur attitré de la série Prison Break. À sa décharge, on peut dire que Djawadi n’a probablement pas bénéficié d’une très grande marge de manœuvre, chargé avant toute autre chose d’écrire une musique branchée à la fois bruyante et fade, ennuyeuse et stéréotypée. En outre, tout comme pour Pirates Of The Caribbean (Pirates des Caraïbes) de Klaus Badelt (qui a d’ailleurs signé Beat The Drum avec Djawadi), le nombre de compositeurs additionnels ne permet absolument pas de savoir qui a fait quoi et, surtout, qui accuser d’une telle médiocrité.

 

Que dire à propos de la musique d’Iron Man qui n’ait déjà été dit à propos de bon nombre de musiques issues des studios Remote Control, lorsque celles-ci ne sont pas signées par des musiciens vraiment talentueux tels Mark Mancina, Harry Gregson-Williams et John Powell ? Ce nouveau score affirme surtout la toute-puissance d’une maison de production qui ne cesse d’éclipser des compositeurs sinon plus intéressants et à la personnalité plus affirmée (Alan Silvestri sur Pirates Of The Caribbean, Philip Glass sur Secret Window, Alf Clausen sur The Simpsons Movie…), du moins beaucoup plus capables sur le plan tant instrumental que mélodique (John Debney, en l’occurrence), pour préférer des techniciens interchangeables dont la pauvreté d’inspiration désole avec une régularité confondante.

  Tony Stark est un génie, mais Djawadi certainement pas

 

La partition de Djawadi s’enfonce toujours plus loin dans la répétition ad nauseam des musiques d’action à la Hans Zimmer qu’on nous sert depuis quinze ans, sans rien offrir d’accrocheur. Iron Man propose tout au plus dans Driving With The Top Down un semblant de thème principal qui, s’il ne marque jamais les esprits, sera répété trois ou quatre fois par la suite sans pour autant offrir la moindre possibilité de variation. L’ensemble de la partition est presque entièrement athématique et atmosphérique, ce qui est quand même gênant dans un film de super-héros : on sombre ici au niveau du Catwoman de Klaus Badelt et Geoff Zanelli, ce qui n’est pas peu dire !

 

Cependant, afin de ne pas être accusé de mauvaise foi et pour rendre justice au « travail » effectué, précisons un peu ce que contient l’album d’Iron Man (qui dure quand même 55 minutes) : des guitares électriques, des batteries, des rythmes synthétiques, des sonorités électroniques, des plages atmosphériques, quelques cuivres et quelques instruments à cordes, le tout mixé pour former une soupe profondément insipide et anti-enthousiasmante au possible. Tandis que les morceaux élégiaques sont sans doute les moins mauvais (Vacation’s Over et Extra Dry, Extra Olives), les envolées héroïques sont lourdes et poussives, les scènes d’action fatigantes et condamnées à employer en boucle un enchaînement déjà entendu mille fois. La partition avance donc à l’aveuglette et ne va nulle part, faute d’idées, de talent, d’âme et de personnalité. Une fois encore, cette nouvelle musique estampillée Remote Control confirme le déclin de la musique de film telle que nous l’aimons. Quelle tristesse !

 

Iron Man

Gregory Bouak
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