G-Force (Trevor Rabin)

Quand les Hamsters Attaquent

Disques • Publié le 14/04/2010 par

G-Force CoverG-FORCE (2009)
MISSION-G
Compositeur :
Trevor Rabin
Éditeur : Inédit en disque

 

 

2.5 out of 5 stars

Un film d’action avec pour héros des cochons d’Inde agents secrets, il fallait au moins s’appeler Jerry Bruckheimer pour oser le faire ! Après une bonne dizaine d’autres longs-métrages en commun, il signe ici une fois de plus avec Disney pour un divertissement familial – et surtout enfantin – qui paraîtrait sans doute moins incongru s’il se présentait sous la forme d’un film d’animation. En effet, c’est le choix de réaliser un film entièrement en prises de vue réelles (à l’exception des cochons d’Inde en synthèse) qui surprend, car cela confère à G-Force un aspect réaliste (!) qui le fait verser dans le grand n’importe quoi. Jugez plutôt : un scientifique a ramassé quelques rongeurs dans une poubelle ou sur le bord d’une route et a «stimulé» leurs facultés via diverses expériences jusqu’à en faire de vrais super-héros miniatures, qui pensent et parlent comme vous et moi ! Qui a dit que les cochons d’Inde étaient stupides ?

 

Et qui dit Jerry Bruckheimer et Disney dit forcément… Trevor Rabin ! Déjà auteur en 2009 du score de Race To Witch Mountain (La Montagne Ensorcelée) pour la boîte de tonton Walt, le compositeur trouve tout ce qu’il lui faut dans G-Force : de l’aventure, de l’action, de l’émotion, du suspense, tout cela sans aucune finesse et calibré pour un public de mômes forcément pas très exigeants ! Toujours épaulé par les fidèles associés qui travaillent avec lui depuis ses débuts (le producteur et compositeur additionnel Paul Linford et l’orchestrateur et chef d’orchestre Gordon Goodwin), il nous sert de nouveau une partition pleine de bruit et d’explosions mêlant musique symphonique et instrumentations rock, ainsi qu’une abondance de sonorités électroniques. Il n’y a bien entendu aucune évolution dans le style et l’on reconnaît immédiatement le «son Rabin» avec ses batteries tonitruantes, ses guitares électriques, ses violons dégoulinants, ses cuivres et ses cordes aux sonorités doublées par les synthétiseurs (toujours aussi kitsch), mais l’ensemble est parfaitement rythmé et entraînant en diable. Dès la séquence d’ouverture, trépidante comme il se doit afin de capter l’attention du public, Trevor Rabin propose un thème d’action percutant, simple voire simpliste mais très efficace : constitué d’un motif de six notes interprété par des cuivres, il est également soutenu par des cordes agitées et des percussions haletantes. En quelques secondes, le spectateur est plongé dans une heure d’action non-stop.

 

G-Force

 

Outre ce thème principal, fréquemment réemployé afin de dynamiser le score, un second motif d’action apparaît ici et là et rappelle bon nombre de travaux précédents tels Con Air (Les Ailes de l’Enfer) ou Gone In 60 Seconds (60 Secondes Chrono). Côté renouvellement, il n’y a donc pas grand chose à se mettre sous la dent (ou l’oreille), si ce n’est plusieurs scènes de mickey mousing ainsi que l’introduction massive de sonorités latinos via l’emploi d’une guitare et de percussions nous transportant de l’Espagne au Mexique puis en Amérique du Sud : est-ce pour rappeler que les cobayes ne viennent ni d’Inde ni d’Afrique («Guinea pigs» en anglais) mais bien d’Amérique latine (de la Cordillère des Andes, en fait) ? Toujours est-il que cela fonctionne parfaitement, y compris lorsque le compositeur fait appel à tout l’orchestre à grand renfort de pompiérisme et d’envolées solennelles façon Armageddon (vive les chœurs synthétiques !), comme si l’on assistait véritablement à des actes d’héroïsme décidant de l’avenir de l’humanité.

 

Pour émouvoir le chaland comme il sait si bien le faire, Rabin conçoit également un autre thème plus élaboré, censé évoquer la nature profonde des cochons d’Inde (mais oui !), des petites bêtes qui ne payent pas de mine mais qui sont douées d’un formidable potentiel. Apparaissant lors de la révélation du créateur à ses créatures et de son discours sur leur héroïsme caché, ce thème romantico-lyrique s’enflera lui aussi au fil de la partition pour donner lieu dans la dernière partie à des reprises triomphales d’une lourdeur jouissive. Il est évident que tous ceux qui ne supportent pas ce genre de musique en seront pour leurs frais et que seuls apprécieront les auditeurs déjà acquis à la cause de Trevor Rabin, qui situeront G-Force parmi les travaux les plus sympathiques du bonhomme. On pourra s’étonner, voire regretter, qu’à l’instar de quantité d’autres cette musique n’ait pas été éditée : sans doute le film n’a-t-il pas eu le succès escompté…

 

G-Force Photo 02

Gregory Bouak
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