RRRrrrr !!! (2004)

RRRrrrr !!!

Compositeur : Frédéric Talgorn

Durée : 55:25 | 28 pistes

CD : Universal Music

A comédie poilue, disque touffu ! Les esprits fantasques d’Alain Chabat et des Robins des Bois ont en effet engendré une édition discographique plutôt spéciale de la musique du film. Le double album de RRRrrrr !!! contient sur le premier disque une compilation de rap, ragga et R&B et, sur le second, la musique originale de l’auteur de Laisse Tes Mains Sur Mes Hanches. Le tout est emballé dans un prestigieux boîtier velu qui ne présente que deux inconvénients : l’odeur mazoutée des poils (synthétiques, rassurez-vous !) et une certaine hésitation quant au sens dans lequel il convient de ranger cet objet hors normes (à l’envers dans le sens du poil ou à l’endroit à rebrousse-poil ?).

Passées ces questions existentielles du collectionneur compulsif, il est temps de s’attarder de nouveau sur Frédéric Talgorn. Après un petit quart d’heure de scènes coupées du film interprétées par Chabat et les Robins des Bois, c’est à lui de faire son Ouverture, morceau que l’on imaginerait plus sur un film d’aventures et qui dégage un souffle plus épique que ne sera le film. Le thème se place entre majesté bucolique et célébration guillerette, son orchestration étant à la fois délicate et efficace, alors que l’auditeur découvre les héros en plan aérien les cheveux (propres) au vent. Même si la suite s’oriente clairement vers la musique de comédie plus illustrative que narrative, un indice nous est déjà donné sur la finesse du travail du compositeur. Les instruments sont employés à bon escient et forment des ensembles étonnement raffinés au vu de l’allure générale des personnages : en témoignent Nos Deux Tribus à la fin duquel les cordes sont accompagnées par les bois après un thème primitif et un peu inquiétant, ou encore Coup de Foudre et Promenade d’Amoureux qui nous révèlent cette grande histoire d’amour qu’est RRRrrrr !!!, en dépit de son contexte de conflits capillaires. La plupart des morceaux ne dépassent pas les deux minutes mais exposent toujours, malgré leur aspect quelque peu mickey mousing (et même cartoonesque), les thèmes relatifs aux personnages (les tribus, le chef des «cheveux propres», le «guérissologue», la Touffe et Guy…), tantôt avec discrétion dans La Femme du Chef ou La Vie au Village, tantôt avec force dans les rythmes de Enquête ou dans Cauchemar de Poussin, un morceau plein de bravoure et d’humour. Se détachent également du lot Crimes, une savoureuse parodie des cordes de Psycho (Psychose), et Les Aventures des Cheveux Sales, qui laisse entendre le thème tribal dans une orchestration plus légère et un développement différent de Nos Deux Tribus.

Quant aux Révélations, elles clôturent le disque avec six minutes éclatantes de joie de vivre et un thème on ne peut plus réjouissant, Talgorn célébrant de fort belle manière la réconciliation entre les «cheveux propres» et les «cheveux sales» après une bête histoire de shampooing. La partition est enthousiaste, l’orchestration est comme toujours ciselée : parce qu’ils le valent bien…

FICHE TECHNIQUE

Direction d’orchestre : Frédéric Talgorn

Orchestre : Philarmonia Orchestra

Orchestrations : Frédéric Talgorn

Prise de son : John Timperley

Studio d’enregistrement : Air Studios, London

A lire : l’interview de Frédéric Talgorn