The Happening (James Newton Howard)

Le non-évènement

Disques • Publié le 03/07/2008 par

THE HAPPENING (2008)
PHÉNOMÈNES
Compositeur : James Newton Howard
Durée : 50:07 | 18 pistes
CD : Varèse Sarabande
Rating: ★★☆☆☆

 

 

Depuis The Sixth Sense (Le Sixième Sens), tout nouveau rendez-vous entre James Newton Howard et M. Night Shyamalan est un événement dont la perspective rejouit à l’avance. Il faut bien avouer que cette rencontre est peut-être ce qui est arrivé de mieux au compositeur jusqu’ici : s’employant, film après film, partition après partition, à tisser un canevas musical propre à l’univers cinématographique du réalisateur, James Newton Howard peut se targuer aujourd’hui de mener l’une des collaborations musicales les plus fécondes de ces dix dernières années de cinéma hollywoodien.

 

The Happening, leur sixième projet ensemble, promettait donc beaucoup et la partition, dès son ouverture, s’emploie bel et bien à répondre aux attentes. Un signal intriguant au piano sur fond de harpes évanescentes se chargeant de mettre les sens en éveil, un violoncelle soliste aux lignes mélodiques épurées convoquant une atmosphère quasi mystique, des percussions allant de concert avec l’orchestre (assez effacé par ailleurs) et composant d’impitoyables crescendos ayant caractère d’inexorabilité, James Newton Howard prend l’initiative et parvient à lui seul à saisir d’emblée l’intangible avec beaucoup de perspicacité, tout en respectant (à défaut de leur conférer une nouvelle vigueur) les codes qu’il a précédemment mis en place pour le cinéma de Shyamalan. La formule, malgré un sous-texte musical d’une noirceur désespérée, est indéniablement accrocheuse.

 

Seulement voilà, passées les premières scènes d’exposition (« l’événement » en question provoquant des vagues de suicides) dans lesquelles la musique s’insinue et se propage avec beaucoup d’allant, ce qui aurait du être une machinerie musicale implacable tombe désespéremment à plat. Réitérant séquence après séquence les mêmes figures, échouant surtout à les ériger en obsession pour l’oreille, la partition finit par accumuler les poncifs d’un suspense des plus convenus, stridences métalliques et martellements percussifs en appui, jusqu’à une reprise pure et simple (cohérente mais symptômatique de la mauvaise fortune de l’ensemble) des effets horrifiques de Signs (Signes) dans une longue séquence où les attitudes démentes d’une vieille folle remplacent les tentatives menaçantes d’extraterrestres. Pire, le compositeur flirte même dangereusement avec le simple « sound design », usant de suraigus lancinants de cordes pour simuler un vent surnaturel soufflant sa menace entre les branches des arbres. On ne sauvera guère de cet étalage d’effets disjoints que cette trompette inquiète qui fait ici et là une apparition remarquée, comme tout droit sortie de l’Unanswered Question de Charles Ives.

 

Peu inspiré du reste (hormis la fin) par les enjeux sentimentaux émaillant l’histoire, James Newton Howard se perd donc très vite en route, hésitant à exacerber de manière décisive la peur d’un étau à l’issue fatale qui paraît devoir se refermer inéluctablement sur les protagonistes. De fait, il ne parvient malheureusement jamais à élaborer l’assise indispensable à l’efficacité du contre-pied final, au demeurant très réussi quant à lui, lequel détourne de fort belle manière le signal initial mais perd significativement de sa portée émotionnelle faute d’avoir été amené avec toute l’exigence et la rigueur indispensable à ce genre d’exercice. Ainsi, si l’architecture générale de la partition est tout à fait semblable à celle des précédentes collaborations, on est ici bien loin de la minutieuse planification à laquelle le compositeur nous avait habitué.

 

Au bout du compte, comble de la déconvenue, la partition de James Newton Howard pour The Happening s’appréciera sans déplaisir sur disque plutôt que dans un film au sein duquel elle peine terriblement à trouver sa véritable raison d’être.

 
 
 
 
 
 

01. Main Titles (02:18)
02. Evacuating Philadelphia (02:21)
03. Vice Principal (01:56)
04. Central Park (02:58)
05. We Lost Contact (00:59)
06. You Can’t Just Leave Us Here (01:43)
07. Rittenhouse Square (01:59)
08. Five Miles Back (01:13)
09. Princeton (03:06)
10. Jess Comforts Elliot (02:31)
11. My Firearm Is My Friend (02:59)
12. Abandoned House (01:32)
13. Shotgun (04:27)
14. You Eyin’ My Lemon Drink ? (04:28)
15. Mrs. Jones (01:44)
16. Voices (01:36)
17. Be With You (03:41)
18. End Title Suite (08:36)


 
 
 
 
 
 

FICHE TECHNIQUE


Direction d’orchestre : Pete Anthony
Orchestre : Hollywood Studio Symphony
Orchestrations : Jeff Atmajian, Brad Dechter, Pete Anthony, John Kull
Prise de son : Alan Meyerson, Adam Michalak, Mark Eshelman, Greg Loskorn, David Marquette, Kevin Globerman
Montage musique : Jim Weidman, David Olson, Suzana Peric, Nancy Allen
Studio d’enregistrement : Sony Scoring Stage, Los Angeles, CA / JNH Studios, Santa Monica, CA

       
       
       
       
       
       
 


 

Florent Groult
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