Bollywood Bloodbath (Bappi Lahiri, R.D. Burman, Sonik Omi…)

Monstres & Cie

La décade prodigieuse • Publié le 12/02/2019 par

Bollywood Bloodbath CoverBOLLYWOOD BLOODBATH (1967-1985)
BOLLYWOOD BLOODBATH
Compositeurs :
Bappi Lahiri, R.D. Burman, Sonik Omi, Sapan Jogmohan…
Durée : 78:29 | 22 pistes
Éditeur : Finders Keepers Records (2015)

 

4 out of 5 stars

 

Pour le spectateur occidental gavé d’idées reçues, on a fait le tour en quatrième vitesse de ce que Bollywood a à offrir : une naïveté disqualifiante qui gicle à gros bouillons, des castagnes mettant à rude épreuve la crédulité humaine, des jeunes premiers minaudant tout sourire le formidable pouvoir de l’amour – et basta ! Ne vous avisez donc surtout pas d’évoquer auprès de ces péremptoires cinéphiles l’existence d’un filon horrifique indien, vous n’y glaneriez qu’une condescendance amusée. Il n’empêche, ces spécimens bariolés de l’exploitation hindi n’ont rien d’apocryphe. La délicieuse anthologie intitulée Bollywood Bloodbath (au titre un tantinet fallacieux : l’hémoglobine ruisselle moins à l’écran que sur les affiches pleines à craquer dont l’industrie locale faisait jadis une boulimique consommation) en propose un tour d’horizon évidemment parcellaire, mais ravigotant, par les musiciens qui se colletèrent avec des nuées de goules et de non-morts aux canines de farces et attrapes. Du faiseur confit dans l’anonymat aux demi-dieux nimbés d’un immortel prestige, Rahul Dev Burman en tête, les valeureux gaillards immergent comme au fond d’un bain d’acide le pittoresque local. Ses couleurs, diaprées par essence, en reviennent toutes phosphorescentes de psychédélisme disco et d’électronique plus lancinante qu’un rot repu. Les traditionnelles vocalises elles-mêmes n’y réchappent pas, métamorphosées soudain en rires d’outre-tombe qui glacent moins qu’ils ne donnent envie de taper joyeusement des mains.

  Bis by Bollywood

Benjamin Josse
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