Star Wars In Concert

La Force était-elle au rendez-vous de Bercy ?

Évènements • Publié le 20/03/2010 par

C’était, ce mercredi 17 mars 2010, le rendez-vous que les fans français de la célèbre saga de Georges Lucas ne pouvaient manquer, au risque de s’en mordre les doigts. Pour la première fois en effet, la tournée européenne (après les USA et le Canada l’année passée) de Star Wars In Concert faisait escale en France, à Paris, une occasion unique pour eux de communier ensemble autour de leur passion commune. Car comme toujours pour ce genre d’événement, le spectacle se tenait d’abord dans les coursives et jusqu’aux abords du Palais Omnisports de Paris Bercy. Parmi les nombreux fans costumés présents, sabres lumineux en main pour certains, on croisait donc avant de s’installer autant de stormtroopers et de gardes impériaux que de figures emblématiques de l’alliance rebelle, le tout dans une ambiance joyeuse et très bon enfant loin, très loin, de l’image d’hystérie collective et puérile que certains associent volontiers à ce genre de manifestation.

 

 

Par ailleurs, dans les entrailles du lieu, une petite exposition rassemblait quelques-uns des costumes et accessoires originaux, la plupart (malheureusement mais de manière prévisible) issus de la la plus récente trilogie. Rien de bien passionnant en vérité (aucune maquette de vaisseaux, dommage…) même si le passionné de musique pouvait tout de même trouver une petite gourmandise à se mettre sous la dent : au centre du hall, une vitrine renfermait en effet quelques feuillets de la partition autographe de l’épisode I, The Phantom Menace (La Menace Fantôme), correspondant au segment 6M5 intitulé Droids Battle. Mais voici qu’il n’est bientôt plus temps de flâner, l’heure de rejoindre son siège vient en effet de sonner, l’orchestre sur scène est déjà presque installé…

 

 

Extinction des feux et mise en bain immédiate : le temps d’un court logo THX, et voilà que l’orchestre lance le tonitruant logo musical de la 20th Century Fox composé par Alfred Newman avant d’entonner dans la foulée le fameux thème d’ouverture de la saga. Impossible d’y résister, les applaudissements sont immédiats dans la salle, une réaction spontanée de la part d’un public instantanément conquis, comme on pouvait s’y attendre, et qui n’hésitera d’ailleurs pas pendant les deux heures du spectacle à manifester chaudement son enthousiasme à chaque fin de morceau. Mais là encore point d’hystérie : comme pour démentir les idées reçues (et trop souvent entendues), l’auditoire fait montre pendant les séquences d’un silence respectueux de la musique, de l’orchestre et du chœur sur scène.

 

 

Du coup, c’est de l’écran géant présentant différents montages vidéos des deux trilogies que vient la principale source de désagréments sonores. S’y font entendre en effet, plus ou moins encombrantes selon les morceaux, des lignes de dialogues directement extraites des bandes-sons des films, à la manière des trois « clips » promotionnels diffusés à l’époque des sorties des épisodes I, II et III. En fait, le programme musical et visuel de Star Wars In Concert est, à peu de choses près, celui du DVD Star Wars : A Musical Journey présent en bonus sur l’édition de la bande originale de l’Episode III. Passé le thème principal se succèdent donc les suites de concert issues des partitions des deux trilogies : Duel Of The Fates, Anakin’s Theme, Across The Stars et Battle Of The Heroes pour ce qui est de la première (dans la chronologie du récit) suivie des moment forts des trois films initiaux, à commencer bien sûr par la fameuse Imperial March puis Jawa Sandcrawler (retitré Droids), Binary Sunset/Cantina Band, Princess Leia’s Theme, Tie Fighter Attack, Yoda’s Theme, The Asteroid Field, Luke And Leia, The Forest Battle, Light Of The Force et enfin The Throne Room / Finale.

 

 

Si Ian « Palpatine » McDiarmid se chargeait pour le DVD de la narration des principales étapes de l’histoire, celle-ci est ici assurée sur scène par l’élégant et svelte Anthony Daniels, interprète de l’inoubliable droïde protocolaire C-3PO et guest star de luxe de cette tournée. Introduisant chaque morceau, l’acteur britannique, qui n’est pas sans interpréter son texte avec quelques clins d’oeil, retrouvant aisément les intonations propres à son personnage, est à l’image de tout le spectacle : très professionnel. De fait, ce qui est présenté ici est avant tout un véritable show son & lumière parfaitement rôdé et planifié qui ne laisse aucune place au hasard. Si le mélomane peut légitimement regretter que les quelques artifices – jeux de laser assortis de quelques effets sonores et vidéos trustant l’attention en permanence – prennent trop facilement le pas sur la perception de l’élément purement musical (pourquoi si peu d’images des musiciens malgré la présence de deux loumas munies de caméras ?), on ne peut nier l’efficacité de la chose destinée avant tout aux passionnés de l’univers Star Wars. De plus, il n’est nullement question ici d’interprétation au rabais d’un quelconque orchestre temporaire monté au hasard des disponibilités locales. Le Royal Philharmonic Concert Orchestra (formation dérivée du fameux RPO de Londres et dévolue au répertoire dit « non classique ») offre ainsi de solides interprétations menées par la baguette sûre de l’excellent chef (et compositeur) belge Dirk Brossé dont le podium est par ailleurs muni d’un moniteur lui permettant de contrôler en permanence la synchronisation de l’orchestre avec les séquences vidéos.

 

 

Les grincheux qui, pour la plupart, n’auront assisté à aucune des deux représentations, pourront toujours arguer que Dirk Brossé n’est pas John Williams, que le RPCO s’apparente plus à un « Pops » qu’au London Symphony Orchestra, ou encore que la salle du POPB, vite surchauffée, est loin d’être le lieu idéal pour savourer un orchestre. Tant pis pour eux car, malgré les défauts inhérents à un tel spectacle, l’excitation suscitée ici par les interprétations particulièrement réussies de morceaux tels que le virevoltant The Asteroid Field, le vigoureux Battle Of The Heroes ou la galvanisante marche impériale, ainsi que l’émotion transmise par la délicatesse du très beau thème de Yoda, pour ne prendre que ces quelques exemples, sont au bout du compte bien réels. Et même si on ne désespère toujours pas que la France, un jour, organise un vrai grand concert à la hauteur de ces mythiques partitions de cinéma, le Star Wars In Concert s’avère en fin de compte être un événement musical tout à fait attrayant et savoureux. Pourquoi alors bouder son plaisir ? Ce jour-là, la Force était bel et bien avec les quelques 13 000 spectateurs réunis, le temps de deux concerts, à Bercy…

 

Florent Groult
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